En 2013, l’effondrement du Rana Plaza, qui abritait de nombreux ateliers de confection, faisait plus de 1 100 morts dans les faubourgs de Dacca, capitale du Bangladesh.
Depuis, “la plupart des grandes marques américaines de textile se sont associées à des organismes de contrôle qui les obligent à cesser de vendre des vêtements provenant d’usines qui ne respectent pas certaines normes de sécurité. Ce n’est pas le cas d’Amazon.com”, révèle le Wall Street Journal dans une longue enquête sur les pratiques du géant du commerce en ligne.
Selon le quotidien new-yorkais, le site propose régulièrement des vêtements provenant de dizaines d’usines bangladaises “dont la plupart des grands distributeurs considèrent qu’elles sont trop dangereuses pour faire partie de leurs chaînes d’approvisionnement”.
Le Wall Street Journal cite ainsi le cas d’un “haut pour enfant en vichy jaune avec des fleurs brodées, vendu 4,99 dollars sur Amazon par un revendeur de New York”. Le quotidien a découvert que ce vêtement avait été fabriqué par un atelier de Chittagong, au Bangladesh, “qui n’a pas d’alarme incendie” et où les managers peuvent verrouiller les portes pour “enfermer les travailleurs à l’intérieur”.
Alarmes hors-service
Le quotidien a trouvé sur Amazon d’autres vêtements fabriqués dans des usines bangladaises dont les propriétaires ont refusé de régler des problèmes de sécurité : “bâtiments prêts à s’effondrer, alarmes hors-service, sprinklers et portes coupe-feu manquants”.
Devenu un acteur majeur du marché de l’habillement aux États-Unis, Amazon “a peut-être dépassé Walmart l’an dernier en tant que premier vendeur de vêtements en Amérique”, indique le Wall Street Journal. Et comme dans toutes ses activités, le géant de la vente en ligne fait fi des “nombreuses contraintes que les grandes entreprises américaines appliquent à leurs produits et à leurs magasins, parfois d’une manière qui peut mettre les clients et les travailleurs en danger”.
Pour le quotidien, c’est d’autant plus vrai pour Amazon, qui accueille sur sa plateforme des millions de vendeurs tiers : “Un grand nombre d’entre eux sont anonymes et ne sont pas tenus de respecter les normes qu’Amazon impose à ses marques et aux produits que l’entreprise vend sans intermédiaire.”
Interrogé par le Wall Street Journal sur ses pratiques, Amazon a retiré certains des articles fabriqués dans les usines bangladaises interdites. Un porte-parole a déclaré que le site inspectait “les usines qui fournissent ses propres marques pour s’assurer qu’elles sont conformes aux normes de sécurité internationales”.
Mais si le quotidien explique ne pas avoir trouvé d’articles “de marques appartenant à Amazon fabriquées dans des usines interdites” et que la plupart des vêtements produits dans ces usines “étaient vendus par des vendeurs tiers”, certains l’étaient aussi “directement par Amazon”.
C’est la bible des milieux d’affaires. Mais à manier avec précaution : d’un côté, des enquêtes et reportages de grande qualité, avec un souci de neutralité. De l’autre, des pages éditoriales très partisanes. Les chroniqueurs et le comité éditorial défendent, souvent avec virulence, les points de vue conservateurs, même si le titre a toujours maintenu une certaine distance vis-à-vis de Donald Trump.
Récompensé par 39 prix Pulitzer, The WSJ est surtout apprécié pour ses analyses des marchés financiers et son suivi des tendances du management et des affaires. Depuis son rachat, en juillet 2007, par le groupe News Corp. de Rupert Murdoch, le quotidien a toutefois évolué vers une formule plus généraliste afin de rivaliser avec The New York Times. Un luxueux supplément sur l’art de vivre, baptisé WSJ Magazine, a vu le jour en septembre 2008.
Installée dans le quartier financier de New York depuis sa création, en 1889, la rédaction a quitté Wall Street en 2008 pour s’établir un peu plus au nord, à Midtown, dans les locaux de News Corp. Elle comprend au total 1 800 journalistes répartis dans près de cinquante pays.
Avec 600 000 abonnés papier, The Wall Street Journal a le plus grand tirage des quotidiens aux États-Unis. Et même s’il est derrière The New York Times en termes d’abonnés en ligne, il en compte tout de même plus de 3 millions, et plus de 65 millions de visiteurs uniques par mois, ce qui en fait le plus grand site d’information économique et financière payant sur le web.