Le 10 mars 2019 à 8 heures 43 s’écrasait le vol ET302 d’Ethiopian Airlines, six minutes après son décollage de l’aéroport d’Addis-Abeba. Après une analyse des données des boîtes noires de l’appareil, une équipe de chercheurs français du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) à laquelle furent confiés les paramètres de vol et les conversations dans le cockpit parvinrent à retracer le vol de six minutes. Celui-ci est même désormais reconstitué en images de synthèse, selon Aeronews qui fait part de l'initiative de l’entreprise américaine Eyewitness Animations, spécialisée dans la reconstitution d’accidents en 3D.
Le système de stabilisation en cause dans l'accident
Le funeste accident serait attribué à un défaut de fonctionnement du Manoeuvering Characteristics Augmentation System (MCAS), le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion. Le décrochage survient lorsque l’angle d’attaque, ou le degré d’inclinaison de l’appareil par rapport au vent, est trop élevé. Le nez de l’avion est ainsi orienté exagérément vers le haut et cela peut provoquer une perte de portance durant laquelle le vent ne peut plus passer derrière les ailes de l’avion qui perd de l’altitude car il n’est plus soutenu. Le MCAS vise à remédier à ce problème en plusieurs étapes : il s’active lorsque l’angle d’attaque, détecté par des sondes placées sur le nez, semble trop élevé pendant le décollage ou durant le vol, puis il corrige l’inclinaison grâce des stabilisateurs horizontaux situés sur la queue qui abaissent le nez de l’avion afin de prévenir le décrochage.
Le MCAS utilisé uniquement sur le Boeing 737 MAX 8
Le dispositif de sécurité MCAS fut conçu uniquement dans le cadre de la création du modèle 737 MAX 8 de Boeing car cet appareil possède des moteurs plus puissants, et donc plus gros et plus lourds que ceux des anciennes générations de Boeing 737. Le poids des moteurs accrochés a chaque aile entraîne la queue de l’avion vers le bas, et de ce fait élève dangereusement le nez de l’avion qui risque le décrochage. Le MCAS intervient donc pour contrer l’effet des réacteurs trop lourds pour que l’avion reste stable.
Dans le cas du vol ET302, le MCAS prend le contrôle de l’avion durant le décollage et abaisse le nez de l’avion sans le consentement des pilotes qui parviennent à plusieurs reprises à redresser l’appareil qui pique vers le sol. La déviation d’inclinaison imposée par le MCAS à la sixième minute de vol sera toutefois fatale. En effet, les pilotes ne réussiront plus à rectifier la trajectoire de l’avion qui perdra 4.000 mètres d’altitude a une vitesse de 900 km/h, ôtant la vie aux 149 passagers et 8 membres de l’équipage.
Dans un effort de reconstitution de la chronologie du vol accidenté, les boîtes noires ont permis de mettre en évidence les communications entre les pilotes et le contrôle aérien qui apparaissent dans le rapport préliminaire et qui attestent d'un dysfonctionnement de l'appareil. Tous les Boeing 737 MAX sont dorénavant interdits de vol.