Ils ont tenu à lui dire au revoir. Dimanche 22 septembre 2019, quelque 250 citoyens suisses se sont rendus au pied de l’ancien glacier du Pizol, situé à 2.700 mètres d’altitude, à la frontière du Liechtenstein et de l’Autriche. Au terme d’une "marche funèbre" de deux heures, hommes, femmes et enfants, parfois vêtus de noir, lui ont rendu un dernier hommage. Le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, il n'est plus du tout un glacier", expliquait à l'AFP Alessandra Degiacomi, de l'Association suisse pour la Protection du Climat, l’une des ONG à l'origine des "funérailles". Le Pizol, qui fut l’un des glaciers les plus étudiés du massif alpin, se sera éteint en moins de 15 ans. Entre l’année 2006 et aujourd’hui, 80 à 90 % de son volume a disparu. Désormais, seule une petite surface de glace à peine équivalente à quatre terrains de football rappelle qu’un jour, le flanc de la montagne était recouvert d’un épais manteau gelé.
En Islande, c’est à présent une plaque commémorative qui mentionne l’existence révolue de l'Okjökull, premier glacier du pays à avoir perdu son statut. Son déclassement par l’ONU remonte à 2014, mais il fut "enterré" le 18 août 2019 en présence de 80 personnes, dont la Première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir. Ce jour-là, la plaque aux lettres d’or a été installée à l’ancien emplacement du géant de glace, au sommet d’un volcan. "Lettre pour le futur : tous nos glaciers devraient connaître le même sort au cours des 200 prochaines années. Ce monument atteste que nous ce qui se passe et ce qui doit être fait. Vous seuls savez si nous l'avons fait", peut-on y lire. À la fin du 19ème siècle, "Ok", comme le surnomme les habitants de l’île, s’étendait sur 16 km2. En 2012, il ne couvrait plus que 700 m2. Aujourd’hui, Ok n’est plus.
Ils ont tenu à lui dire au revoir. Dimanche 22 septembre 2019, quelque 250 citoyens suisses se sont rendus au pied de l’ancien glacier du Pizol, situé à 2.700 mètres d’altitude, à la frontière du Liechtenstein et de l’Autriche. Au terme d’une "marche funèbre" de deux heures, hommes, femmes et enfants, parfois vêtus de noir, lui ont rendu un dernier hommage. Le Pizol "a tellement perdu de sa substance que, d'un point de vue scientifique, il n'est plus du tout un glacier", expliquait à l'AFP Alessandra Degiacomi, de l'Association suisse pour la Protection du Climat, l’une des ONG à l'origine des "funérailles". Le Pizol, qui fut l’un des glaciers les plus étudiés du massif alpin, se sera éteint en moins de 15 ans. Entre l’année 2006 et aujourd’hui, 80 à 90 % de son volume a disparu. Désormais, seule une petite surface de glace à peine équivalente à quatre terrains de football rappelle qu’un jour, le flanc de la montagne était recouvert d’un épais manteau gelé.
En Islande, c’est à présent une plaque commémorative qui mentionne l’existence révolue de l'Okjökull, premier glacier du pays à avoir perdu son statut. Son déclassement par l’ONU remonte à 2014, mais il fut "enterré" le 18 août 2019 en présence de 80 personnes, dont la Première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir. Ce jour-là, la plaque aux lettres d’or a été installée à l’ancien emplacement du géant de glace, au sommet d’un volcan. "Lettre pour le futur : tous nos glaciers devraient connaître le même sort au cours des 200 prochaines années. Ce monument atteste que nous ce qui se passe et ce qui doit être fait. Vous seuls savez si nous l'avons fait", peut-on y lire. À la fin du 19ème siècle, "Ok", comme le surnomment les habitants de l’île, s’étendait sur 16 km2. En 2012, il ne couvrait plus que 700 m2. Aujourd’hui, Ok n’est plus.
La plaque installée à l'emplacement du glacier islandais disparu, en guise de message aux générations futures (Jérémie RICHARD/AFP).
L'hécatombe alpine
Sur tous les reliefs du monde, ces scènes pourraient avoir lieu. En France, le glacier de Sarenne, en Isère, ou encore le glacier Noir du massif des Écrins, dans les Hautes-Alpes, se sont aussi totalement évaporés. D’autres, comme la fameuse Mer de Glace – plus grand glacier d’Europe situé sur le versant septentrional du Mont-Blanc –, ou le Glacier Blanc, lui aussi dans les Écrins, ont déjà perdu une bonne partie de leur masse. Pas plus tard que mercredi 25 septembre, on apprenait qu’une partie d’environ 250.000 mètres cubes de glace s’était détachée du glacier Planpincieux du Val d’Aoste, côté italien. Entre août et septembre, ce dernier a fondu à vitesse grand V, et menace aujourd’hui de s’effondrer sur le Val Ferret, une vallée très touristique en haute-saison. Si la poche venait à céder, l’équivalent de 100 piscines olympiques serait déversé dans la vallée. Une catastrophe qui ferait sans aucun doute de nombreuses victimes, bien qu’il n’ait pas fallu attendre l’effondrement total de la structure géologique pour déplorer des pertes humaines au Val Ferret : en août 2018, un glissement de terrain avait été fatal à couple de vacanciers italien qui circulait en voiture.
Plus largement, les glaciers alpins, scrutés à la loupe par les scientifiques depuis une trentaine d’années, auront perdu 80 à 90 % de leur masse actuelle d’ici 2100, selon les conclusions de chercheurs du monde entier parues en août 2019 dans la revue La Météorologie. "Pour un scénario climatique intermédiaire avec réduction des émissions de gaz à effet de serre avant la fin du 21e siècle, les simulations indiquent que le glacier d’Argentière devrait disparaître vers la fin du 21e siècle et que la surface de la Mer de Glace pourrait diminuer de 80 %". Dans l’hypothèse la plus pessimiste, la Mer de Glace pourrait disparaître avant 2100 et le glacier d’Argentière "une vingtaine d’années plus tôt".
Entre 2000 et 2018, une fonte massive des glaciers des Andes
Au Venezuela, scientifiques et écologistes s’interrogent plus que jamais sur les conséquences de la disparition du tout dernier glacier du pays, celui du pic de Humboldt. Pour tenter de comprendre comment son absence va impacter l’écosystème, ils doivent se rendre à plus 5.000 mètres d’altitude, là où il y a encore une dizaine d’années, le glacier se révélait plus bas. Les Andes sont une chaîne de montagnes dont les glaciers sont particulièrement touchés par le réchauffement. Le 16 septembre 2019, une équipe de glaciologues toulousains, grenoblois et argentins ont publié dans la revue Nature Geoscience une cartographie détaillée des changements de masse des glaciers andins entre 2000 et 2018. Leur résultats, obtenus à partir d’images satellitaires, sont sans appel : les glaciers sud-américains perdent de la masse à toutes les latitudes. Si cette fonte colossale – 23 milliards de tonnes de glace par an en moyenne –, a augmenté le débit des rivières de la région, elle devrait bientôt se traduire par une sécheresse intense en contrebas.
Mercredi 25 septembre, au moment où les blocs de glace se détachaient du Planpincieux, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) remettait son rapport sur l’état des océans et de la cryosphère. Sans surprise, ce dernier dresse un bilan dramatique : le rythme de réchauffement de l’océan a plus que doublé depuis 1993, la réduction de la glace en septembre en Arctique est "probablement sans précédent depuis au moins mille ans", et aucun glacier du monde ne devrait être épargné dans les années à venir, quel que soit le scénario des émissions.
Rares exceptions
Malgré tout, quelques petites exceptions viennent éclaircir le tableau. Le projet Oceans Melting Greenland (OMG) de la Nasa a révélé que le glacier Jakobshavn Isbræ, le plus grand du Groenland, se développait à nouveau, tout du moins sur son pourtour. Depuis 2016, sa glace s'est en effet légèrement épaissie grâce aux eaux océaniques froides à sa base, qui ont tout simplement permis de ralentir sa fonte. Il s’agit malheureusement d’une exception au Groenland.
Le recul des glaciers sera synonymes de nombreux changements, pour la faune et la flore, bien sûr, comme pour l’Homme. Ressource en eau diminuée, risques d’avalanches, de glissements de terrain ou d’inondations multipliés… Ce sont des façons de vivre à part entière qui devront être repensées.