Des centaines de migrants sans abri patientent sous la pluie devant le centre de rassemblement et de départ (GDF) – géré par le HCR dans la capitale libyenne - sans avoir l'autorisation d'y entrer. Ils avaient été libérés mardi en fin d’après-midi d’un centre de détention du sud de Tripoli, Abu Salim.
Près de 24 heures après leur arrivée, des centaines de migrants patientent toujours devant le centre de rassemblement et de départ (GDF) du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Tripoli. Les portes du centre restent, pour l'heure, fermées.
Les migrants, au nombre de 400, selon la police libyenne, ont donc passé la nuit dehors, sans pouvoir s’abriter de la pluie, comme en témoignent des images transmises à la rédaction d’InfoMigrants. Aucune femme et aucun enfant ne se trouvent parmi eux.
“Quelle mascarade, quelle catastrophe humanitaire, 400 personnes passent la
nuit sous la pluie, sans aucune couverture. Où sont les organisations
humanitaires ? Où est la communauté internationale ?”, a
demandé l’un des migrants devant le centre, à InfoMigrants.
Le GDF "déjà surpeuplé", selon le HCR
Selon le HCR - qui parle de 200 personnes à ses portes -, la situation "est tendue", le centre étant "déjà surpeuplé". Impossible donc d'accueillir de nouveaux résidents.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) assure faire son maximum. "Nos équipes travaillent maintenant sur le terrain, en coordination avec le HCR et le PAM (Programme alimentaire mondial), pour délivrer une assistance d’urgence [...] aux migrants libérés hier du centre de détention d’Abu Salim", ont-ils écrit sur Twitter mercredi 30 octobre.
Contactée par InfoMigrants, une source au sein de la police libyenne s’est
étonnée de la position "incompréhensible" du HCR.
Pour tenter de trouver un abri aux migrants abandonnés à leur sort, les forces de l’ordre libyennes ont proposé de les emmener dans d’autres centres de détention, mais ces derniers ont refusé.
Marche à pied du centre de Abu Salim jusqu’au GDF
La veille en fin de journée, ce groupe avait été relâché du centre de détention libyen d’Abu Salim, au sud de la ville de Tripoli. Les migrants libérés ont alors marché jusqu’au centre GDF de Tripoli. Les raisons de leur départ sont cependant vagues. Certains migrants assurent être sortis d'eux-mêmes. D’autres expliquent avoir été relâchés en raison de la situation sécuritaire dans cette zone de la capitale.
Le centre de détention d’Abu Salim est situé à proximité des zones de conflits [entre le général Haftar, l'homme fort de l'Est libyen et le gouvernement de Fayez al-Sarraj]. "La situation dans les centres de détention est inacceptable et l’accès aux produits de première nécessité est difficile. La libération d’hier était inattendue et suscite des inquiétudes quant à la sécurité des migrants", a déclaré l'OIM à InfoMigrants.
Les chiffres restent également flous. Selon l’OIM, ce sont près de 600 personnes qui ont été "relâchées" du centre de détention d’Abu Salim.