Photo envoyée à InfoMigrants montrant le groupe de migrants devant le GDF, centre du HCR à Tripoli, le 29 octobre 2019. Crédit : DR
Photo envoyée à InfoMigrants montrant le groupe de migrants devant le GDF, centre du HCR à Tripoli, le 29 octobre 2019. Crédit : DR

Des centaines de migrants sans abri patientent sous la pluie devant le centre de rassemblement et de départ (GDF) – géré par le HCR dans la capitale libyenne - sans avoir l'autorisation d'y entrer. Ils avaient été libérés mardi en fin d’après-midi d’un centre de détention du sud de Tripoli, Abu Salim.

Près de 24 heures après leur arrivée, des centaines de migrants patientent toujours devant le centre de rassemblement et de départ (GDF) du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à Tripoli. Les portes du centre restent, pour l'heure, fermées.

Les migrants, au nombre de 400, selon la police libyenne, ont donc passé la nuit dehors, sans pouvoir s’abriter de la pluie, comme en témoignent des images transmises à la rédaction d’InfoMigrants. Aucune femme et aucun enfant ne se trouvent parmi eux.

“Quelle mascarade, quelle catastrophe humanitaire, 400 personnes passent la nuit sous la pluie, sans aucune couverture. Où sont les organisations humanitaires ? Où est la communauté internationale ?”, a demandé l’un des migrants devant le centre, à InfoMigrants.

Photo envoyée à InfoMigrants montrant un groupe de migrants dormir devant le centre du HCR à Tripoli, mardi 29 octobre. DRLe GDF "déjà surpeuplé", selon le HCR

Selon le HCR - qui parle de 200 personnes à ses portes -, la situation "est tendue", le centre étant "déjà surpeuplé". Impossible donc d'accueillir de nouveaux résidents. 

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) assure faire son maximum. "Nos équipes travaillent maintenant sur le terrain, en coordination avec le HCR et le PAM (Programme alimentaire mondial), pour délivrer une assistance d’urgence [...] aux migrants libérés hier du centre de détention d’Abu Salim", ont-ils écrit sur Twitter mercredi 30 octobre. 

Contactée par InfoMigrants, une source au sein de la police libyenne s’est étonnée de la position "incompréhensible" du HCR.

Pour tenter de trouver un abri aux migrants abandonnés à leur sort, les forces de l’ordre libyennes ont proposé de les emmener dans d’autres centres de détention, mais ces derniers ont refusé.

Marche à pied du centre de Abu Salim jusqu’au GDF

La veille en fin de journée, ce groupe avait été relâché du centre de détention libyen d’Abu Salim, au sud de la ville de Tripoli. Les migrants libérés ont alors marché jusqu’au centre GDF de Tripoli. Les raisons de leur départ sont cependant vagues. Certains migrants assurent être sortis d'eux-mêmes. D’autres expliquent avoir été relâchés en raison de la situation sécuritaire dans cette zone de la capitale.

Le centre de détention d’Abu Salim est situé à proximité des zones de conflits [entre le général Haftar, l'homme fort de l'Est libyen et le gouvernement de Fayez al-Sarraj]. "La situation dans les centres de détention est inacceptable et l’accès aux produits de première nécessité est difficile. La libération d’hier était inattendue et suscite des inquiétudes quant à la sécurité des migrants", a déclaré l'OIM à InfoMigrants.

Les chiffres restent également flous. Selon l’OIM, ce sont près de 600 personnes qui ont été "relâchées" du centre de détention d’Abu Salim.

Quitter plus rapidement la Libye ?

En se rendant au GDF, les migrants pensent pouvoir quitter plus rapidement le pays. Ils espèrent que l’étude de leur demande d’asile sera examinée plus vite et leur réinstallation accélérée. 

En juillet, environ 300 migrants du centre de détention de Tajourah, à l'est de Tripoli, avaient parcouru 45 km à pied afin de rejoindre le centre du HCR.

Le GDF à Tripoli a ouvert ses portes au mois de décembre 2018. Géré par le ministère libyen de l’Intérieur, le HCR et LibAid (un partenaire du HCR), il a pour objectif de transférer les réfugiés vulnérables vers un lieu sûr, en Europe, notamment, via les programmes de réinstallation. Ou de les diriger vers d’autres structures d’urgence dans des pays tiers (au Niger ou au Tchad).

Il peut également proposer des retours volontaires aux migrants qui souhaitent rentrer chez eux. Il arrive toutefois que certains des migrants du GDF ne soient pas éligibles aux programmes de réinstallation. En octobre, en l’espace de deux semaines, deux demandeurs d’asile avaient tenté de mettre fin à leurs jours dans le centre GDF après avoir été priés de quitter le centre.

Plusieurs milliers de migrants sont détenus dans des centres de détention, officiellement gérés par les autorités libyennes. Dans la pratique, ces centres sont contrôlés par des groupes armés et les abus fréquents.

Au total, “plus de 669 000" migrants ont été recensés par les Nations unies en Libye depuis le mois d’août 2018. Parmi ce nombre important de migrants présents sur le sol libyen figurent 12% de femmes et 9% d’enfants.  


 

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