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OUGANDA

En Ouganda, la répression d'État contre les personnes LGBT risque d'ouvrir la voie aux violences

L’arrestation le 21 octobre en Ouganda de seize militants LGBT, soumis ensuite par la police à des actes de torture, incite à la violence contre les homosexuels, alertent plusieurs ONG.

Des réfugiés ougandais et soudanais du sud au Kenya.
Des réfugiés ougandais et soudanais du sud au Kenya. Yasuyoshi Chiba, AFP (archive)
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"La population LGBT d’Ouganda a peur", s’alarme Neela Ghoshal. Plus d'une semaine après l’arrestation, lundi 21 octobre, de seize militants, soumis par la suite à des tests anaux forcés par la police ougandaise, la chercheuse auprès de la division LGBT de l’ONG Human Rights Watch s’alarme de la recrudescence des violences à l’égard des personnes appartenant à cette minorité dans ce pays où l’homosexualité est passible de la prison à vie.

Si les seize hommes interpellés ont été relâchés le jeudi suivant, leur dossier judiciaire reste ouvert pour infraction à la loi anti-homosexuels, a précisé Neela Ghoshal à France 24. Ces militants sont convoqués dans deux semaines et leurs avocats n’ont pas accès à leur dossier, s’inquiète HRW.

L’ONG demande également que les auteurs des tests anaux effectués sur ces personnes soient punis pour torture. Le Comité des Nations unies contre la torture considère en effet l’utilisation d’examens anaux forcés destinés à trouver des "preuves" contre des personnes accusées d’homosexualité comme un "acte de torture".

"Menacer et battre des homosexuels sans conséquence"

D’après l'organisation Sexual Minorities Uganda (SMUG), les attaques contre les personnes LGBT ont fortement augmenté au cours des dernières semaines, depuis les déclarations du ministre ougandais de l'Éthique, Simon Lokodo, qui souhaite un durcissement de la législation contre les homosexuels.

Le ministre a demandé début octobre un réexamen de la loi de façon à imposer la peine de mort aux personnes homosexuelles. Pour le moment, la législation ougandaise, qui a déjà été durcie en 2014, punit l’homosexualité d'une peine de perpétuité.

"Depuis 2014, il n’y avait pas encore eu de condamnation. Juste des arrestations ici et là, et souvent les personnes ont été libérées. Mais seize personnes arrêtées d’un coup, ça fait beaucoup", alerte Neela Ghoshal.

D’après la police, les seize hommes arrêtés lundi l'ont été pour qu'ils soient protégés d’une foule homophobe qui avait encerclé la maison dans laquelle ils se trouvaient. "Non seulement la foule n’a pas été sanctionnée, mais ces hommes sont poursuivis et ont subi des actes de torture. Le message envoyé à la population est que l’on peut menacer et battre des homosexuels sans conséquence de la part de l’État", souligne Neela Ghoshal.

Depuis août 2019, quatre meurtres de personnes LGBT ont été recensés par le SMUG. Le dernier date du 5 octobre. Il s’agit de Brian Wassa, un assistant juridique gay, mort des suites d’une hémorragie cérébrale due aux coups que lui avaient assénés à la tête, la veille, des personnes non identifiées, à son domicile à Kampala, rapporte Amnesty International.

Discours homophobe des hommes politiques et des évangélistes

Pour Joël Bedos, membre de l’Idaho (International Day Against Homophobia and transphobia) Committee, les hommes politiques ougandais ont une responsabilité dans la recrudescence de ces violences. "L’opinion publique est manipulée par des hommes politiques qui font de la surenchère homophobe pour détourner l’attention dans des moments clés de la vie politique intérieure. Ils s’en prennent aux personnes LGBT pour faire oublier des scandales de corruption ou dans des périodes électorales sensibles", regrette le militant interrogé par France 24.

Au pouvoir depuis plus de trente ans, le président ougandais Yoweri Museveni n’est pas en reste. Il a déjà qualifié à plusieurs reprises les homosexuels de "malades" et l’homosexualité d’une "tendance" importée de l'Occident.

Derrière la propagation des idées homophobes au sein de la société ougandaise et d’autres pays voisins comme la Tanzanie, le Kenya, le Rwanda et le Burundi, Joël Bedos pointe également le rôle grandissant en Afrique des églises évangéliques américaines au discours homophobe.

Depuis 2010, explique-t-il en s'appuyant sur le rapport d'un think thank, de nombreux militants évangélistes et pasteurs américains ont été dépêchés dans la région afin de diffuser leurs discours de haine contre l’homosexualité. Une propagande qui trouve l’oreille des hommes politiques ougandais.

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