5 signes de transformation du monde en octobre 2019

Kevin Pujol, auteur pour la newsletter Planet, régulièrement relayée sur Usbek & Rica, revient sur les cinq histoires les plus fascinantes, selon lui, du mois
5 signes de transformation du monde en octobre 2019

Kevin Pujol, auteur pour la newsletter Planet, régulièrement relayée sur Usbek & Rica, revient sur les cinq histoires les plus fascinantes, selon lui, du mois écoulé.

1/ Peut-on vivre dans un monde où les algorithmes s’amusent sur les marchés financiers ?

80 % des mouvements boursiers sont désormais exécutés par des algorithmes qui se basent sur tout un tas de données (CB, données satellites et démographiques…) pour prendre des décisions autonomes. Ainsi, 18 000 milliards de dollars transiteraient quotidiennement par le programme Aladdin de BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde.

En théorie, ces algorithmes rendent les marchés plus efficaces car la valeur des entreprises s’ajuste en temps réel aux nouvelles informations. Mais en pratique, ils ont causé de nombreux flash-crash, des variations extrêmes des cours de bourse comme en 2010 où 5 % de la valeur du S&P 500 a été perdue en 36 minutes. Et les conséquences sur l’économie réelle peuvent être lourdes.

Si vous voulez vous faire une idée des dilemmes moraux des algorithmes, le MIT a mis au point un jeu.

 

2/ Comment les industriels et les start-up tentent de transformer l’eau en or ? Avec moins de plastique, plus de bulles et d’arômes

Les bouteilles plastiques sont maintenant dans le collimateur des consommateurs et des politiques. Elles sont la troisième source de pollution des océans et sont deux fois plus contaminées en particules de plastique que les eaux du robinet.

Du coup les ventes stagnent. Les industriels veulent relancer la machine en misant sur les eaux pétillantes aromatisées (10 % de croissance annuelle) et de nouvelles expériences de consommation plus responsables, comme la nouvelle bulle d’Evian.

Pourtant, le problème de fond reste le même : comment recycler le plastique plus efficacement ? Car lorsqu’il est traité, le plastique est fondu puis transformé en résine et seule une petite partie peut être réutilisée. 

La start-up canadienne Loop Industries a peut-être trouvé une solution. Elle propose une nouvelle formule de recyclage basée sur la dépolymérisation, beaucoup plus efficace.

 

3/ Et si le culte du CEO de la Silicon Valley était en train de disparaître ?

Les démissions de patrons s’enchaînent dans la Silicon Valley. D’abord Adam Neumann (WeWork), épinglé pour son comportement inapproprié, puis Kevin Burns (Juul) empêtré dans une crise de santé publique avec ses vaps. En fait, le turnover des patrons serait au plus haut aux Etats-Unis depuis 2002.

Les raisons ? Les investisseurs ont peur d’une récession globale et des effets de la guerre commerciale. Mais ils commencent aussi à rejeter la culture des fondateurs-gurus, souvent accusés de surestimer leurs performances en plus d’être de mauvais managers.

Par exemple, Travis Kalanick le fondateur d’Uber, a été poussé vers la sortie en 2017 après avoir été accusé de promouvoir une culture d’entreprise agressive et sexiste.

Et les récentes introductions en bourse décevantes ou ratées (cf. Uber et WeWork) commencent à donner raison aux investisseurs…

 

4/ Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, vendre des aliments moches devient une solution… et un gros business

1/3 de la nourriture produite dans le monde est jetée soit… 41 tonnes chaque seconde !

Pourtant, la plupart des fruits et légumes jetés sont consommables. Ils sont simplement moches. Outre la question de la moralité, le gaspillage alimentaire est le 3e émetteur mondial de CO2 derrière la Chine et les Etats-Unis.

C’est aussi un gros manque à gagner pour les agriculteurs : entre 20 et 40 % des récoltes sont jetées car elles ne correspondent pas aux attentes des grandes surfaces.

Tout ça ouvre la porte à de nouveaux business :

– Les box par abonnement comme Misfits Market aux Etats-Unis qui propose 5 kg de fruits et légumes moches pour 20 dollars par semaine. La start-up vient de lever 16,5 millions de dollars.

– Les magasins spécialisés comme NOUS anti-gaspi en France qui revend des fruits et légumes moches 30 % moins cher. La chaîne va ouvrir son sixième magasin en France.

Une piste envisagée est de rallonger les dates de péremption : + 1 jour ferait faire 100 millions d’euros d’économies aux industriels et 350 000 euros aux ménages.

 

5/ Pour faire face à la pénurie de porc, la Chine décide d’élever des cochons aussi lourds que des ours polaires

Les Chinois raffolent du porc qui représente 64 % de la viande consommée. Avant la crise, le pays produisait 54 millions de tonnes par an, 50 % de la production mondiale. Mais depuis l’été 2018, la peste porcine africaine a détruit plus de la moitié du cheptel du pays. Il manque aujourd’hui 10 millions de tonnes pour satisfaire la demande.

Le prix du porc vendu en gros a augmenté de 70 % depuis janvier. À lui seul, le porc est responsable d’1/3 de la hausse de l’inflation dans le pays. Pour calmer la grogne sociale, le gouvernement encourage les fermiers à augmenter leur production. Dans la province de Jilin, des cochons gigantesques pèsent jusqu’à 500 kg (120 kg pour un cochon normal) et peuvent se vendre 1400 dollars pièce.

Le problème est très sérieux pour la Chine qui a déjà puisé 10 000 tonnes de viande dans ses réserves d’Etat. Et ça se ressent sur le cours mondial de la viande qui a pris 10 % depuis le début de l’année.

 

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Image à la une : © Iva Rajović