Le 17 novembre 2018, les gilets jaunes organisaient l'acte 1 de leur mouvement. Quasiment un an après, L'Express fait le point en chiffres sur cette mobilisation qui sera marquée samedi prochain par son 53e acte.

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Participation et popularité

Le samedi 17 novembre 2018, premier jour du mouvement des gilets jaunes, 282 000 personnes se sont mobilisées en France. Le record, en un an de mouvement.

Depuis, la mobilisation n'a fait que décroître. Pour l'acte 50, le 26 octobre, ils n'étaient plus que quelques milliers 13 250 dans toute la France, selon le Nombre jaune, un groupe Facebook de gilets jaunes qui recense la participation chaque samedi. Et encore quelques milliers ce samedi.

Le 28 novembre, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting, 84 % des Français soutenaient le mouvement. Le 3 octobre, selon une enquête Elabe, ils n'étaient plus que 47 %.

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Aux élections européennes, 2 listes ont été créées par des membres du mouvement des gilets jaunes. La première, l'Alliance Jaune, avec à sa tête le chanteur Francis Lalanne, englobait plusieurs initiatives, dont le Ralliement d'initiative citoyenne (RIC), dont Ingrid Levavasseur, figure médiatique des gilets jaunes, avait pris la tête avant de se rétracter. Après avoir quitté la liste RIC, Christophe Chalençon, autre visage médiatisé, et controversé, avait lancé Evolution citoyenne. Résultats : 0,54% pour la liste de Lalanne, à peine 0,1% pour celle de Chalençon.

Décès, blessés et justice

En un an, 11 personnes ont perdu la vie au cours des manifestations. Aucune depuis janvier. Deux gilets jaunes ont succombé à des crises cardiaques. L'Algérienne Zineb Redouane, 80 ans, est morte dans son appartement à Marseille, après avoir reçu une grenade lacrymogène au visage pendant une marche de gilets jaunes. Les autres victimes l'ont été dans des accidents de la route.

Il y a eu 4439 blessés, selon un décompte du ministère de l'Intérieur arrêté au 4 octobre. 1944 côté forces de l'ordre (policiers et gendarmes surtout, quelques pompiers aussi). 2495 côté gilets jaunes. Parmi eux, 24 ont été éborgnés, 5 ont eu la main arrachée, un a été amputé d'un testicule et un a perdu l'odorat, selon le journaliste indépendant David Dufresne.

La place Beauvau a recensé 12 908 tirs de LBD (lanceurs de balle de défense) depuis le 17 novembre. Au total, 12 107 personnes ont été interpellées en six mois, dont 10 718 ont été placées en garde à vue. Il y a eu, selon les derniers chiffres de la Chancellerie, près de 2000 condamnations, dont 40 % à de la prison ferme, et autant d'affaires classées sans suite.

313 enquêtes pour des soupçons de violences policières ont été ouvertes par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les deux tiers d'entre elles ont été transmises à la justice, selon le ministère de l'Intérieur. 23 enquêtes concernent la gendarmerie, par le biais de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale. Cinq ont été transmises au parquet.

Impact économique

En mars 2019, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait chiffré le coût des dégradations à 200 millions d'euros. Du 17 novembre au 29 mai dernier, les assurances ont évalué les préjudices matériels à 217 millions d'euros, dont plus de la moitié ont touché des artisans, commerçants et prestataires de services.

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Un rapport parlementaire présenté en juillet 2019 chiffrait les pertes pour les professionnels du secteur hôtellerie-restauration à 850 millions d'euros. 2987 radars automatiques ont été endommagés, dont 2410 détruits, ce qui a coûté 23 millions d'euros. La surmobilisation de milliers de fonctionnaires et militaires chargés de la sécurité a représenté une charge de 45,98 millions d'euros, 30 millions pour la police, 16 millions pour la gendarmerie.

Selon l'Insee, la croissance française a perdu 0,1 point à cause de la contestation. Un impact "relativement modéré" selon l'institut, équivalent à celui de la grève de la SNCF en 2018. Mais l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), notait néanmoins que sur le long terme, le taux de croissance du pays devrait augmenter de 0,3 point de PIB, grâce aux mesures d'urgence mises en place sous la pression des gilets jaunes.

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