INDE - “Antioxydantes, source de vitamine A et de potassium.” Alors que le nord de l’Inde, et en particulier les environs de la capitale New Delhi vivent depuis plusieurs jours dans un brouillard de pollution si dense que la plupart des vols ont été déroutés vers d’autres aéroports, le gouvernement ne semble pas prendre la mesure du phénomène.
C’est ce que l’on pouvait comprendre des réactions au message d’Harsh Vardhan, le ministre de la Santé indien, qui vantait les propriétés nutritionnelles et antioxydantes... des carottes. “Manger des carottes aide votre corps à obtenir la vitamine A, le potassium et les antioxydants qui permettent de lutter contre l’héméralopie (la difficulté à voir quand la luminosité baisse, ndlr) si commune en Inde. Elles aident aussi contre d’autres difficultés liées à la pollution”, écrivait-il.
Un message qui lui a valu nombre de commentaires fleuris. “C’est votre premier conseil face à la pollution? Vous feriez mieux de quitter votre poste et de le laisser à quelqu’un capable de réellement faire quelque chose...”, lui a par exemple répondu un étudiant en sciences. D’autres ont préféré rire orange de ces conseils.
Il faut dire que l’épisode de pollution actuel ne doit absolument pas être pris à la légère. Alors que l’OMS (Organisation mondiale pour la Santé) recommande de ne pas dépasser les 25 microgrammes de particules fines PM2,5 par mètre cube d’air, les niveaux mesurés à Delhi ce dimanche matin dépassaient les 800.
Rituels hindous et réveil musical
Résultat: pendant qu’Harsh Vardhan recommandait la consommation de carottes, de nombreux habitants de la capitale indienne se plaignaient de problèmes aux yeux et à la gorge, et les écoles annonçaient être fermées jusqu’au 15 novembre.
En Inde, la pollution est un sujet de santé publique essentiel, peut-être plus encore qu’ailleurs dans le monde. La plupart des villes les plus polluées au monde y sont situées, et en 2017, la pollution de l’air aurait causé 1,2 million de décès, d’après une étude de la publication scientifique The Lancet.
Pourtant, en ce début du mois de novembre, les politiques ne semblent pas prendre conscience de l’enjeu, se renvoyant tous la faute à propos de la situation dans le nord du pays. Certains responsables ont par exemple accusé les brûlis dans les États voisins du Punjab et de Haryana. En outre, après l’épisode de la carotte, un autre ministre, celui de l’environnement, a invité ses followers à “débuter leur journée en musique”, sans jamais réagir en revanche à la question de la pollution.
Un ministre de l’Uttar Pradesh, État qui jouxte New Delhi, a quant à lui invité les gouvernants à accomplir des yajña, ces rituels hindous censés permettre de connaître la vérité. “Nos gouvernements devraient accomplir des yajña pour contenter le seigneur Indra (le Dieu des pluies, ndlr) comme on le fait traditionnellement. Il s’occuperait de remettre les choses en ordre”, a expliqué l’élu. Pas sûr que cela satisfasse les habitants de la capitale...
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