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Un site pour en finir avec le greenwashing des entreprises et des universités

Après le cri d’alerte, les actions. Plus d’un an après leur coup réussi, les étudiants du Manifeste pour un réveil écologique reviennent avec des outils concrets pour pousser les décideurs à agir.

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Des outils pratiques pour faire bouger les lignes (Shutterstock)

Par Florent Vairet

Publié le 5 nov. 2019 à 08:00Mis à jour le 5 nov. 2019 à 09:54

Comment obliger son université à mettre en place un cours sur l’écologie ? Comment identifier une entreprise - vraiment - écoresponsable ? Autant de questions qu’un étudiant ou un jeune diplômé un tantinet écolo peut se poser et auxquelles il n’a souvent pas les moyens de répondre. Mais ça, c’était avant. Les étudiants du Manifeste pour un réveil écologique (31.200 signataires, étudiants de grandes écoles et universités) ont mis au point des outils pour tenter de permettre aux jeunes de mettre en cohérence leurs valeurs et leur choix d’établissement. La plateforme est en ligne depuis ce matin (pour-un-reveil-ecologique.org/fr).

“Après la publication du Manifeste en septembre 2018, on passe à la vitesse supérieure”, témoigne Amélie Deloche, étudiante à l’EM Grenoble, qui a travaillé sur la plateforme. “Car sur ce sujet de l’urgence climatique, on a senti que nous, étudiants du Manifeste, étions écoutés.”

Objectif : faire bouger les grandes écoles

Concrètement, la plateforme délivre conseils et astuces pour agir le plus efficacement possible sur deux types d’acteurs : les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises. Pour le premier volet, objectif : aider les étudiants à peser sur leur administration, de la création d’équipes d’étudiants jusqu’à la mise en place effective de cours sur l’écologie. Entre temps : il faut savoir comment interagir avec son administration, dresser un état des lieux des formations et proposer des nouveaux enseignements. Voilà à quoi servira cette plateforme dont les solutions se sont voulues très concrètes. Elle liste par exemple des éléments de langage pour réussir à mobiliser les étudiants, donne des modèles de mails à envoyer à l’administration.

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La plateforme se veut aussi participative. Sont recensés des retours d'expériences d’étudiants qui ont déjà initié des actions. Ces feedbacks sont classés par établissement, ce qui permet de constater les initiatives déjà menées dans son école ou son université. “Notre pari est que la concurrence entre les grandes écoles est telle, que les premières qui bougeront entraîneront les autres”, explique Claire Egnell, étudiant à Sciences Po et à Paris-Sorbonne, qui figure parmi les instigatrices de cette plateforme.

Mettre en comparaison la pub et le rapport RSE

Les entreprises ne sont pas en reste. C’est le deuxième type d’acteur que l’équipe du Manifeste compte bien faire bouger. L’idée est d’aider les jeunes diplômés à choisir leur futur employeur en connaissance de cause. Est-ce que cette entreprise est vertueuse un peu, beaucoup ou pas du tout en matière de lutte contre le réchauffement climatique ?  Car il n’est pas tâche facile pour ces pas-encore-salariés de comprendre si la campagne publicitaire menée par tel ou tel groupe du CAC40 en faveur du reboisement de la forêt amazonienne relève davantage du greenwashing ou d’un engagement stratégique profond et cohérent. “Quand on voit que McDo passe son logo du rouge au vert mais qui communique peu sur ses engagements concrets, c’est problématique”, ajoute Amélie Deloche.

La plateforme s’astreint à diffuser des solutions concrètes : où trouver le rapport RSE des entreprises ? Comment le décrypter ? Comment les comparer avec certaines publicités de la marque ? Les internautes seront aussi aidés à prendre du recul face à une information, selon qu’elle émane d’un communiqué, d’un rapport officiel ou d’un article de presse.

“On ne doit pas avoir à choisir entre un secteur et la cohérence avec ses valeurs personnelles”, estime Amélie Deloche. “Il y a la possibilité de travailler en marketing ou en finance sans que notre job soit contraire à nos idéaux.” Par exemple, pour un job dans la logistique, la plateforme invite à se poser les bonnes questions : l’employeur cherche-il à repenser dans leur ensemble la chaîne logistique et la production ou se contente-il d’opérer des mesures de réduction à la marge ou de compensation sans remise en cause profonde ? Ces réflexions ont-elles donné lieu à des mesures de transformation ?

Concertations d’experts et de PDG

Les étudiants du Manifeste détaillent également les grands chiffres en matière de réchauffement climatique et l’impact de certains secteurs d’activité… “On rappelle quand même que certaines activités ne peuvent plus perdurer en l’état. Sur l’aviation par exemple, il est difficile d’envisager à court terme une solution technique probante.” Ils invitent les candidats à poser eux-mêmes des questions lors des entretiens. “J’ai découvert l’initiative X sur votre site internet. Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre quotidien de travail ? Pouvez-vous m’expliquer ce dont il s’agit ?”, peut-on lire sur le site internet.

Pour élaborer ces constats et ces analyses d’entreprise, les étudiants du Manifeste ont consulté tous azimuts : des PDG, des responsables RSE, des cabinets d’experts… Une trentaine d’entreprises comme BNP, BCG ou Michelin ont accepté de répondre à un questionnaire portant sur leur stratégie financière, la lutte engagée pour limiter leur impact, etc. “Beaucoup d’entreprises nous ont contactés d’elles-mêmes, conscientes de l’importance de l’enjeu du recrutement de leurs futurs talents”, ajoute Amélie Deloche. Sur ce volet aussi, ils incitent les salariés à partager leur vécu et leurs analyses sur leur entreprise pour compléter cette base d’informations.

Florent Vairet

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