« Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas envie de la rendre ce soir ! » Le message du talonneur toulonnais Jean-Charles Orioli, posté sur Twitter à quelques heures du coup d’envoi de ce quart de finale aux allures de guerre des étoiles entre les deux derniers champions d’Europe, Toulon (2013) et le Leinster (2011, 2012), résonne comme un cri du cœur aux abords de Mayol. Une pelouse, où Jonny Wilkinson, incorrigible bourreau de travail, a répété ses gammes en matinée, bien décidé à se montrer à la hauteur de son rendez-vous majuscule avec l’autre légende européenne, Brian O’Driscoll. Mais n’en a-t-il pas trop fait…
C’est en champion que le RCT se lance en tout cas dans la bataille. Dix minutes de pilonnage en règle des 22 mètres et de la ligne d’en-but adverses au cours desquelles les «gros» de Toulon, épaulés par le neivième avant Mathieu Bastareaud, déchaîné, gagnent leurs duels, à l’image des Boks Danie Rossouw, totalement retrouvé, et Juan Smith, ce dernier venant mourir à un mètre de la terre promise (2e). Une entame qui manque de précision dans le dernier geste, mais permet à Wilkinson de traduire ces efforts au score avec deux premiers coups de pied gagnants (4e, 16e) pour faire la course en tête (6-0). Une entrée en matière mal payée quand le Leinster, sur une mêlée toulonnaise sanctionnée, affiche son réalisme grâce à la botte de l’ouvreur Jimmy Gopperth (6-3, 20e).
Qualifiés sans Wilkinson
Toulon a manqué de réalisme et perd son maître à jouer: Wilkinson, handicapé par ses ischio-jambiers ces dernières semaines, se blesse à la cuisse sur un dégagement et doit céder sa place à l’approche de la demi-heure de jeu (28e). Frédéric Michalak préservé et en tribunes, c’est Matt Giteau qui prend le 10 quand «Wilko» sort au profit de Max Mermoz. Un flottement dont profitent les joueurs du Leinster pour égaliser suite à une faute au sol (6-6, 29e). Les Varois sont sortis de leur match et Giteau, préposé au but désormais, n’est pas réglé sur sa première tentative depuis la ligne médiane (33e). Si Mermoz réussit son entrée en jeu et déchire à son tour le rideau défensif, les Varois ne parviennent pas à transformer ces prises de la ligne d’avantage et ces temps forts, victimes d’une recette qui a fait le bonheur du XV du Trèfle dans le dernier Tournoi. « Ils ralentissent bien les ballons, on n’a pas de bons rucks…« , résume Sébastien Tillous-Borde au micro de France 2. Immuable credo des irlandais, qui permet au Leinster de tenir le tenant du titre en échec à la pause (6-6).
La parade, c’est un jeune pilier de 24 ans, Xavier Chiocci, qui la trouve avec ce «contest’» au sol dès la reprise pour permettre à Giteau de redonner l’avantage aux locaux (9-6, 43e). C’est lui encore, Toulonnais de naissance, qui après que Bastareaud, Carl Hayman et Jocelino Suta ont été bloqués sur la ligne d’en-but, inscrit en force le premier essai du match (16-6, 47e). Mayol respire un peu mieux. Encore faut-il tenir cet avantage en se montrant digne notamment de ce statut d’équipe européenne la plus disciplinée et en ne commettant pas cette faute, signée Chiocci, dont profite Gopperth (16-9, 55e).
O’Driscoll, et avec le jeu de mouvement du Leinster, est invisible, mais les Dublinois ne sont pas morts. Jusqu’à ce contre de Juan Martin Fernandez-Lobbe et ce départ en dribbling de l’indispensable homme à tout faire Steffon Armitage au bout duquel l’Australien Drew Mitchell plante l’essai du KO (23-9, 63e). La pénalité longue distance que passe dans la foulée Delon Armitage scelle la qualification toulonnaise (26-9, 67e) que ni le sursaut d’orgueil des visiteurs sur un ultime groupé pénétrant, conclu par Jordi Murphy (26-14, 71e), ni le carton jaune de Florian Fresia (74e) ne viendront menacer. A Giteau le dernier mot (29-14, 79e). La «balade» irlandaise de Toulon se poursuivra en demi-finales face au Munster. Rendez-vous est pris au stade Vélodrome de Marseille fin avril.