Laïcité : Jacob demande à Macron une nouvelle commission Stasi

Selon nos informations, le président de LR va envoyer une lettre au chef de l’Etat prônant une commission sur la place du religieux dans l’espace public. Un des rares sujets sur lesquels la droite se sent à l’aise.

 Christian Jacob, le nouveau président de LR, avec le maire de Troyes François Baroin. Ce dernier défend l’idée d’une nouvelle commission Stasi.
Christian Jacob, le nouveau président de LR, avec le maire de Troyes François Baroin. Ce dernier défend l’idée d’une nouvelle commission Stasi. SIPA/Olivier Coret

    Alors qu' Emmanuel Macron ne veut pas céder « à la précipitation » sur les questions de laïcité, Les Républicains ont décidé de faire monter la pression sur ce sujet, l'un des rares qui fassent quasi-consensus dans les rangs de la droite. Selon nos informations, le nouveau président du parti Christian Jacob va envoyer une lettre, mardi 5 novembre, au président de la République pour lui demander de mettre en place une nouvelle commission Stasi, sur le modèle de celle, mise en place par Jacques Chirac, qui avait abouti à la loi interdisant les signes religieux à l'école en 2004.

    « Il est essentiel que, collectivement et dans un esprit de concorde, nous entamions une réflexion approfondie sur la mise en œuvre du principe de laïcité de la société française », écrit ainsi Jacob.

    Objectif : phosphorer sur la laïcité, là où son application a pu être sujette à controverse au cours des dernières années, comme dans les piscines ou à l'occasion des sorties scolaires. C'est au cours d'un comité stratégique le 29 octobre que l'idée a émergé. Elle a notamment été défendue par François Baroin, déjà en première ligne lors de l'adoption de la loi de 2004.

    Le maire de Troyes (Aube), qui vient de réintégrer les instances dirigeantes de LR, et qui est en pleine promotion de son livre « Une histoire sentimentale » (Albin Michel), a déjà eu l'occasion d'évoquer l'idée dans le Journal du Dimanche. « Le Président devrait s'inspirer très rapidement de ce qu'avait à l'époque fait Jacques Chirac pour éviter un débat qui peut déraper et être mal vécu par les musulmans, dont l'immense majorité pratiquent leur culte en toute sérénité », a-t-il expliqué. Selon lui, « une commission de ce type (Stasi, NDLR) pourrait aujourd'hui travailler sur une définition des secteurs sur lesquels s'exerce un service public, les sorties scolaires, mais pas seulement : les équipements sportifs, les piscines, etc. »

    Un talon d'Achille du macronisme

    La droite ne fait pas mystère de vouloir « cranter » sur la laïcité, observant que La République en marche (LREM) est fragmentée sur le sujet. Chez Les Républicains, qui viennent justement de remuscler le volet laïcité de leur « charte des valeurs », on rappelle que la loi de 2004 comme celle de 2010 sur l'interdiction de la burqa dans l'espace public avaient été portées par une majorité de droite. « L'acte I de la reconstruction de la droite a été les territoires. L'acte II sera la laïcité », veut croire Guillaume Peltier. Le nouveau numéro deux de LR en vient même, dans son livre « Milieu de cordée » (Plon), à prôner l'extension des « règles de laïcité à toutes les entreprises privées ».

    Pour Les Républicains, le sujet a non seulement l'avantage de toucher ce qui est perçu comme un talon d'Achille du macronisme, et de la gauche, très divisée, mais aussi de ne pas le laisser au seul Rassemblement national (RN), accusé de verser dans la surenchère identitaire.

    « Cette question commande une forme de solennité », décrypte une huile LR. D'où le choix un peu pompeux d'une lettre adressée au président de la République ainsi que la préconisation d'en passer par une nouvelle commission Stasi. « Elle a permis l'écoute apaisée sans renoncer à des décisions audacieuses. Nous ne souhaitons ni légiférer dans l'urgence ni faire la politique de l'autruche », explique un cadre pour qui l'initiative « crée de la cohérence entre nous et Baroin ». Du management presque autant que de la politique.