Dans le gymnase du lycée du comté de Muhlenberg, dans le Kentucky, parents et élèves se pressaient un samedi de septembre pour participer à une tombola. Les prix à gagner ? “Des fusils semi-automatiques, des armes de poing, des armes avec chargeur de grande capacité et des fusils à pompe”, rapporte le Washington Post.
La tombola était organisée par les Amis de la NRA, un programme lié à la Fondation NRA. Cette dernière a été créée par l’organisation pro armes pour soutenir le tir sportif et des programmes éducatifs sur les armes. Selon le quotidien américain, l’argent collecté par les 13 000 bénévoles des Amis de la NRA, soit près de 33 millions de dollars en 2018, est “la principale source de revenus pour la Fondation NRA”.
815 millions de dollars collectés depuis 1992
Ce n’était pas la première fois que le lycée du comté de Muhlenberg accueillait ce type de tombola. En 2017 et 2018, “de vraies armes avaient été exposées le long des gradins en bois du gymnase”, indique le Washington Post. Mais cette année, les Amis de la NRA n’ont montré que des photographies des lots à gagner, “cédant face aux objections de parents”. En janvier 2018, une fusillade avait fait deux morts et une dizaine de blessés dans un autre lycée du Kentucky.
“On voit se développer des poches de résistance contre les événements organisés par les Amis de la NRA à travers tout le pays”, souligne le quotidien américain, notamment “dans des régions meurtries par des tueries de masse ou favorables depuis longtemps au contrôle des armes”.
Des événements, l’organisation dit en avoir tenu 1 100 en 2018, dont une “petite partie dans des écoles”, et avoir collecté 815 millions de dollars pour la Fondation NRA depuis 1992. Une aubaine pour les finances défaillantes de la NRA, souligne le Washington Post : “Au cours des trois dernières années, comme les dépenses de la NRA ont dépassé ses recettes, elle a reçu des millions de dollars de la fondation.”
Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueurs de tous bords politiques.
Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l’indépendance du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisition par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.
En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-Graham a été racheté par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologies. Les développeurs et datascientifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalistes ; les titres sont souvent plus accrocheurs et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importantes qui ont permis l’embauche de 140 journalistes, après des années de licenciements. Mais les recettes restent insuffisantes et l’avenir suscite toujours des inquiétudes.
Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internautes de l’étranger. Il a expérimenté ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalisme immersif.