Le parquet de Paris a annoncé mercredi 6 novembre avoir ouvert une enquête préliminaire après les déclarations de l’actrice Adèle Haenel, qui a raconté avoir été victime lorsqu’elle était adolescente d’« attouchements » et de « harcèlement » de la part du réalisateur Christophe Ruggia.

L’enquête, ouverte pour des chefs d’« agressions sexuelles » sur mineure de moins de 15 ans « par personne ayant autorité » et de « harcèlement sexuel », a été confiée à l’Office central de la répression de la violence faite aux personnes (OCRVP), a précisé le parquet.

L’actrice française de 30 ans, récompensée par deux César, a mis en cause le réalisateur Christophe Ruggia, avec qui elle a tourné à l’âge de 13 ans son premier film, Les Diables, dans une enquête publiée dimanche par Mediapart puis dans une interview filmée le lendemain.

Dans l’enquête de Mediapart, Adèle Haenel a dénoncé « l’emprise » que Christophe Ruggia aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film, puis un « harcèlement sexuel permanent », des « attouchements » répétés et des « baisers forcés dans le cou », alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans.

Adèle Haenel regrette le « peu » de condamnations prononcées dans ce type d’affaire

La comédienne n’a pas souhaité porter plainte, regrettant le « peu » de condamnations prononcées dans ce type d’affaire. « Je n’ai jamais pensé à la justice car il y a une violence systémique qui est faite aux femmes dans le système judiciaire. C’est aussi de ça dont il faut parler. (…) Je crois en la justice mais elle doit se remettre en question pour être représentative de la société », a-t-elle expliqué.

Malgré l’absence de plainte, le parquet de Paris avait la possibilité de s’auto-saisir de l’affaire dans le cadre d’une « enquête d’initiative ».

Interrogée mercredi matin sur l’affaire, la garde des sceaux Nicole Belloubet a estimé qu’Adèle Haenel « devrait saisir la justice ». « Elle a tort de penser que la justice ne peut pas répondre à ce type de situations », a affirmé la ministre sur France Inter, tout en saluant le caractère « très courageux » de sa démarche.

Christophe Ruggia : « Je lui demande de me pardonner »

Par l’intermédiaire de ses avocats, Christophe Ruggia, 54 ans, a « réfuté catégoriquement » avoir « exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement » sur l’actrice ; avant de concéder à Mediapart avoir « commis l’erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite ». Il présente aussi ses excuses à l’actrice. « À l’époque, je n’avais pas vu que mon adulation et les espoirs que je plaçais en elle avaient pu lui apparaître, compte tenu de son jeune âge, comme pénibles à certains moments. Si c’est le cas et si elle le peut je lui demande de me pardonner. »

La Société des réalisateurs de films (SRF), association professionnelle comptant quelque 300 adhérents, a cependant annoncé lundi avoir radié le réalisateur de ses membres.