Au Nigéria, 259 personnes libérées d’une maison de correction islamique

Le propriétaire et huit autres personnes ont été arrêtés.

Des policiers nigérians le 24 février 2019. Photo d’illustration.

Des policiers nigérians le 24 février 2019. Photo d’illustration. YASUYOSHI CHIBA / AFP

La police nigériane a annoncé mardi 5 novembre avoir libéré 259 personnes d’une maison de correction islamique dans le sud-ouest du Nigeria, dans le cadre d’une série de raids similaires menés à travers le pays ces dernières semaines.

« Nous avons découvert lundi des hommes, des femmes et des enfants qui étaient retenus en otages dans un centre de détention illégal géré par une mosquée du quartier Ojoo, à Ibadan », a déclaré à l’AFP Fadeyi Olugbenga, le porte-parole de la police de l’Etat d’Oyo.

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La police est intervenue « rapidement » après avoir reçu des informations d’un garçon de 18 ans qui s’était échappé du centre, a-t-il précisé. Au total, « 259 personnes y étaient enfermées et imploraient de l’aide quand nous sommes arrivés », a ajouté le porte-parole, précisant que des enfants, des adolescents, des adultes et une femme avec un bébé se trouvaient parmi les victimes.

Des images diffusées par les médias locaux montraient des jeunes hommes et des garçons aux traits émaciés et aux corps squelettiques, assis à l’extérieur du bâtiment où ils étaient enfermés.

« Certains étaient là depuis des années et avaient des problèmes de santé, ils reçoivent actuellement des soins médicaux », a affirmé Fadeyi Olugbenga. « Ceux que nous avons interrogés ont raconté qu’ils étaient nourris une fois tous les 3 jours, parfois même moins ». Le propriétaire et huit autres personnes ont été arrêtés, mais « l’enquête est toujours en cours pour obtenir plus de détails », a-t-il ajouté.

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Une dizaine de raids similaires ont été menés dans des « maisons de corrections » religieuses au Nigeria depuis septembre. La police nigériane a libéré 15 personnes enchaînées dans un lieu de prière de Lagos lors d’un de ces raids. Au total, des centaines de personnes dont certains souffrant de maladies mentales ou d’addictions, ont ainsi été libérées et à chaque fois, ont révélé des conditions de détention atroces, faisant état de cas de torture et d’abus physiques ou sexuels.

Un « manque d’institutions de santé mentale »

Les centres de redressement privés - souvent informels - à caractère religieux sont très répandus dans le pays le plus peuplé d’Afrique, où la pauvreté est très élevée et où les services publics sont souvent absents.

Le président Muhammadu Buhari a condamné ce type d’institution en octobre, après une énième découverte similaire. « Aucun gouvernement démocratique responsable ne tolérerait l’existence de chambres de torture et de sévices physiques sur des détenus au nom de la réhabilitation », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Mais selon Hassan Idayat, directeur du Centre pour la démocratie et le développement, le gouvernement est en partie responsable de la prolifération des centres de redressement informels. « Ce phénomène est répandu à cause du manque d’institutions de santé mentale », a-t-elle expliqué à l’AFP. « Le gouvernement doit investir de toute urgence dans la santé mentale. »

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