Brésil : le militant indigène Paulo Paulino Guajajara, défenseur de la forêt, assassiné

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Brésil : le militant indigène Paulo Paulino Guajajara, défenseur de la forêt, assassiné

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Paulo Paulino faisait partie d’un groupe nommé les « Gardiens de la forêt » pour défendre les territoires indigènes menacés par l’exploitation illégale du bois
Paulo Paulino faisait partie d’un groupe nommé les « Gardiens de la forêt » pour défendre les territoires indigènes menacés par l’exploitation illégale du bois
© AFP - HO / SURVIVAL INTERNATIONAL

Le drame s’est produit vendredi dans la région amazonienne d’Arariboia, dans l’Etat du Maranhão, l’un des plus touchés par les feux et l’exploitation forestière illégale. Ce défenseur de la forêt s’opposait à l’exploitation illégale du bois et à l’expansion agricole.

Au Brésil, les organisations indiennes déplorent l’assassinat vendredi 1er novembre du militant Paulo Paulino Guajajara, froidement tué par des trafiquants de bois. Ce père de famille, connu également sous le nom de Kwahu Tenetehar, était l’un des responsables de l’ONG Gardiens de la forêt, une organisation créée par les Indiens contre les coupes illégales de bois et l'expansion agricole.

Le cinquième "gardien de la forêt" assassiné en trois ans

Surnommé "le loup", Paulo Paulino Guajajara avait 26 ans et il est le cinquième "gardien de la forêt" assassiné en trois ans. Cette organisation défend un territoire de 413 000 hectares sur lequel vivent près de 6 000 indiens Guajajara dans l’état du Maranhao, au nord-est du Brésil. Les Indiens Guajajara ont décidé en 2016 de lutter eux-mêmes contre les coupes illégales pratiquées par les trafiquants de bois, sans plus attendre l’action de la police. Ils patrouillent sans cesse sur leur territoire et quand ils découvrent un chantier dans la forêt, ils détruisent campement et matériel et remettent les trafiquants à la police. Leur action a été saluée par nombre d’organisations écologistes et a bien freiné le trafic illégal de bois dans la région. 

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"Les responsables de ce crime seront poursuivis devant la justice"

Paulo Paulino Guajajara n’a cependant pas été tué lors d’une action des Gardiens de la forêt. Selon les premiers éléments de l’enquête, on lui a plutôt tendu un piège pour l’assassiner froidement d’une balle dans la tête. Et tenter ainsi de stopper l’action de l’organisation. Dans un communiqué, l’Association des peuples autochtones du Brésil (APIB), qui fédère les intérêts des populations indigènes, précise que Paulo Paulino a été tué d’une balle dans la tête, et qu’un autre membre des Gardiens de la forêt, Laercio Guajajara, a été blessé dans l’attaque. Les deux hommes "s’étaient éloignés du village pour chercher de l’eau quand ils ont été encerclés par au moins cinq hommes armés", a tweeté le secrétariat aux droits de l’homme du gouvernement du Maranhao. Le ministre de la Justice a promis de poursuivre "les responsables de ce crime devant la justice".

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Grand Reportage
56 min

Régulièrement, les Gardiens de la forêt reçoivent des menaces de mort, et plusieurs ont été tués ces dernières années au cours d’opérations. "Nous avons informé plusieurs agences fédérales de ces menaces, mais rien n’a été fait", a déploré Sonia Bone, l’une des porte-paroles de la tribu des Guajajara, actuellement en Europe pour une campagne de défense de la cause indigène intitulée "Sang indigène : plus une goutte de plus". "Il est l’heure d’arrêter ce génocide institutionnalisé. Cessez d’autoriser de verser le sang de notre peuple", a-t-elle tweeté après l’annonce du meurtre. 

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Pour Greenpeace, "Paulino et Laércio sont les dernières victimes (en date) d'un Etat (le Brésil) qui se refuse à respecter ce que stipule la Constitution". Cette ONG dénonce "l'incapacité de l'Etat à accomplir son devoir de les protéger ainsi que tous les territoires indigènes du Brésil". 

Le président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro a de longue date préconisé l'exploitation commerciale de ces terres. Le 24 septembre dernier, pour sa première intervention à l'Assemblée générale des Nations unies, le dirigeant climatosceptique notoire affirmait notamment qu'"Il est faux de dire que l’Amazonie appartient au patrimoine de l’humanité, et c’est une erreur des scientifiques de dire que notre forêt est le poumon de la planète".

Avec la collaboration de Sébastien Lopoukhine et d'Eric Chaverou