Une Américaine de 66 ans a vu avec stupeur des vers de plus d’un centimètre sortir peu à peu de son œil, plusieurs semaines après avoir fait un jogging au milieu d'une nuée de mouches. C’est le second cas humain connu d’infection au Thelazia gulosa, après celui d'une patiente de 26 ans en 2016 qui avait retiré pas moins de 14 vers de son œil.


au sommaire


    Maddie (prénom modifié), une américaine de 68 ans originaire du Nebraska, a l'habitude de passer ses hivershivers à Carmel Valley, une région viticole de Californie, où le climatclimat est plus doux. En février 2018, alors que la fringante sexagénaire sort pour un jogging dans le parc national régional à proximité, elle traverse un nuagenuage de petites mouches. Le parc se trouve en effet dans une zone d'élevage bovins et de chevaux qui attirent pas des nuées d'insectesinsectes dans le coin. Par réflexe, Maddie écrase les mouches sur son visage et se souvient même « en avoir recraché ».

    Un ver rond transparent de 1,3 cm qui sort de l’œil gauche

    L'incident aurait pu rester anodin. Mais début mars, la sexagénaire ressent une irritation dans son œil droit. En essayant de le rincer avec de l'eau du robinet, elle voit avec effarement un ver rond transparenttransparent de 1,3 cm environ sortir tout frétillant de l'œil. Et les surprises ne s'arrêtent pas là : en examinant de près son œil, elle remarque un deuxième ver logé dans le coin du globe oculaireglobe oculaire qu'elle parvient à retirer. Très inquiète, Maddie se rend dès le lendemain chez un ophtalmologueophtalmologue. Ce dernier retire un troisième ver de l'œil et lui conseille de le rincer avec de l'eau distilléeeau distillée afin d'éliminer tout autre nématodenématode. Un antibiotique sous forme de pommade (tobramycine) lui est également prescrit afin d'éviter une infection bactérienne. Mi-mars, Maddie est de retour chez elle dans le Nebraska. Elle ressent alors à nouveau une irritation dans l'œil avec une « sensation de corps étranger ». Elle retourne consulter un opthalmologue qui diagnostique une légère conjonctivite giganto-papillaire. Mais le cauchemar se poursuit : quelques jours après seulement, c'est un quatrième ver gluant qu'elle retire de son œil. Ce sera heureusement le dernier, et Maddie s'en sortira sans autre séquelle.

    Le ver <em>T.gulosa</em> (en haut à gauche) et les ovaires contenant les œufs que la femelle peut pondre dans l’œil. À droite, les cavités anales et buccales. © Richard S. Bradbury et al., <em>Clinical Infectious Diseases</em>, 2019
    Le ver T.gulosa (en haut à gauche) et les ovaires contenant les œufs que la femelle peut pondre dans l’œil. À droite, les cavités anales et buccales. © Richard S. Bradbury et al., Clinical Infectious Diseases, 2019

    Quatorze vers Thelazia retirés de l’œil d’une patiente en 2016

    Le cas de Maddie est décrit par une équipe de médecins dans la revue d'octobre 2019 du Clinical Infectious Diseases. Car les vers retirés de l'œil de la patiente, dont le spécimen ôté chez l'ophtalmologue de Carmel Valley avait été conservé, appartiennent à une espèceespèce très rare chez l'Homme, nommée Thelazia gulosa. Dix cas d'infections au Thelazia ont été rapportés chez des humains aux États-Unis, la plupart du fait de Thelazia californiensis. Le cas de Maddie est seulement le second connu de T. gulosa chez l'humain. En 2016, une patiente de 26 ans s'était vu retirer pas moins de 14 vers de son œil gauche. L'espèce, endémiqueendémique en Europe, en Asie et en Australie, est connue pour s'attaquer aux troupeaux de vachesvaches et se propage via les mouches Musca autumnalis. « On ignore pourquoi le ver infecte maintenant aussi les humains », s'interrogent les chercheurs. Mais ce deuxième cas en l'espace de moins d'un an fait craindre l'émergenceémergence d'une nouvelle zoonose, qu'ils appellent à surveiller de près, notamment en analysant les vers trouvés chez les ruminants domestiques et sauvages.

    Retirer les vers le plus rapidement possible

    Pas de panique toutefois : les cas d'infection humaine au Thelazia demeurent extrêmement rares. Prise à temps, la parasitose reste sans conséquence. Toutefois, si le ver n'est pas retiré à temps (dans le mois suivant la contamination), il migre dans la cornée et peut provoquer une kératite et une perte visuelle allant jusqu'à la cécité totale. Par précaution, évitez les abords de fermes la prochaine fois que vous sortez faire un jogging...