Outre Moria sur l’île de Lesbos, d’autres camp migrants sont totalement saturés dans les îles grecques de la mer Égée. Le maire de Samos craint le pire pour son île où survivent péniblement 6 000 migrants dans un camp ne pouvant accueillir que 650 personnes.
Le maire de l'île grecque de Samos, Georgios Stantzos, crie à l’urgence. Dans un entretien accordé à l’AFP, mardi 12 novembre, l’édile nouvellement élu affirme craindre une "catastrophe humanitaire majeure", avec "des implications sanitaires et des problèmes de sécurité comme de possibles émeutes ou affrontements", si le camp surpeuplé de Vathy n'est pas "décongestionné" de toute urgence.
Plus de 6 000 migrants vivent actuellement dans des conditions sommaires sur la colline qui surplombe Vathy, le chef-lieu de cette île en mer Égée. Cette ville de 7 000 âmes compte ainsi presque autant de demandeurs d’asile que d’habitants, le ratio le plus élevé de Grèce, souligne le maire. À l’origine, le camp de Samos était conçu pour accueillir seulement 650 demandeurs d'asile.
"Les gens campent sur des ruisseaux asséchés, avec le risque d'inondations et de feux. Ils organisent leur propre logement, leurs sanitaires, leur alimentation en eau de manière complètement primitive", déclare Georgios Stantzos. "Nous essayons de rester calmes mais la situation n'est pas gérable, elle s'aggrave de jour en jour."
"Dans deux mois, on aura entre 10 000 à 15 000 personnes"
Afin de mieux appréhender la multiplication des arrivées en
provenance de la Turquie voisine, un nouveau camp de migrants doit être érigé
sur une colline éloignée à l'ouest de Vathy mais il ne sera pas fini avant
janvier. En outre, avant même son ouverture, ce camp, prévu pour un maximum de
1 200 personnes selon le maire, semble déjà insuffisant. Si tous ces projets
"ne sont pas mis à exécution, dans deux mois, on aura entre 10 000 à 15 000
personnes" à Samos, fustige encore Georgios Stantzos.
Preuve que la zone est au bord de l’implosion : en octobre, un incendie s'était déclaré dans le camp de Samos après une violente rixe entre groupes rivaux syriens et afghans. Les flammes avaient détruit une partie du camp.
"Nous avons dépassé la ligne rouge, poursuit le maire. N'importe quel incident fortuit peut avoir des conséquences terribles. Il y a des regroupements importants de jeunes sans aucun respect pour leurs propres coreligionnaires, qui se retrouvent seuls avec la population locale."
"La Grèce commence à fermer ses frontières"
Sur les cinq îles "hotspots" de la mer Égée (Lesbos,
Samos, Leros, Chios, Kos), où les migrants s'enregistrent à leur arrivée, plus
de 34 000 exilés s’entassent actuellement. Une situation proche de l’asphyxie alors
que ce territoire ne dispose que d’une capacité d’accueil théorique de 6 300
personnes.
Et des centaines d'exilés continuent d'affluer quotidiennement. Le ministère de la Protection du citoyen a annoncé que, ces quatre derniers mois, 40 000 personnes étaient arrivées en Grèce, qui est redevenue cette année la principale porte d'entrée des demandeurs d'asile en Europe.
"La plupart des pays européens ont fermé leurs frontières. Maintenant, le reste de la Grèce commence aussi à fermer ses frontières", regrette encore Georgios Stantzos. Et de plaider pour l'élargissement des compétences de l'agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex), afin qu'elle puisse travailler avec la police turque et empêcher les bateaux de migrants de quitter les côtes turques.
Relents xénophobes en Grèce continentale
Face à la situation dans les îles égéennes, le gouvernement
grec a commencé en octobre à transférer des centaines de demandeurs d'asile vers
des structures d’accueil sur le continent, avec l'objectif d'en relocaliser 20 000
d'ici à la fin 2019. Mais pour les migrants qui se trouvent dans ce cas de
figure, l’heure n’est pas au soulagement, alors que des manifestations à
caractère raciste et xénophobe se sont multipliées ces dernières semaines dans
le pays. Plusieurs villes, dont Yannitsa (nord), Nea Vrasna (nord) et Naoussa
(Péloponnèse), ont ainsi refusé d'accueillir davantage de migrants.
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Plus grave, une hausse des incidents visant les migrants au cours de leurs transferts en Grèce continentale a été observée par le réseau d'enregistrement des incidents de violence raciste (RVRN), qui rassemble une quarantaine d'ONG de défense des droits humains. Dimanche, un groupe nationaliste a organisé un barbecue avec porc et alcool devant un camp de réfugiés à Diavata, dans le nord du pays.