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Après la destruction de livres à la fac de droit, deux librairies lilloises en difficultés

Des manifestants, qui se sont introduits à la faculté de droit, mardi, ont détruit une partie des livres que la Librairie Meura et L’Affranchie devaient proposer à la vente lors de la conférence de François Hollande. D’autres ont été volés par des étudiants qui souhaitaient assister à la conférence.

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Des livres déchirés, devant les yeux des étudiants et des libraires. L’image a choqué. Elle marquera longtemps la Librairie Meura et L’Affranchie. Au lendemain de la manifestation dans la faculté de droit, et de l’annulation de la conférence que François Hollande devait y donner, les gérantes de ces deux boutiques indépendantes lilloises, qui s’étaient associées pour y vendre les livres de l’ex-chef d’État, expriment leur désarroi.

« J’ai assisté à la destruction méthodique de tous les exemplaires disponibles, au piétinement et à la disparition de notre matériel, indique Lilya Aït Menguellet, gérante de la Librairie Meura, dans un message sur Facebook. Notre métier n’a pas de sens s’il ne permet pas la discussion des contraires et la formation d’esprits libres. »

6 300 € de préjudice

Elle y raconte la scène, après l’intrusion des manifestants dans l’amphithéâtre, vers 14 h 30. « Lorsque je me suis approchée des manifestants, dans l’espoir de sauver les trois cartons restants, rangés sous le stand, j’ai expliqué que ces livres étaient fournis par des libraires, qui plus est indépendants et petits. On m’a répondu avec un grand sourire et un haussement d’épaules : " Elle se fera rembourser !"  » Les cartons, eux, ont été aspergés de café.

« On pensait que cette opération nous aiderait à avoir des fonds, pour l’année à venir. Là, c’est tout l’inverse. Alors qu’on se bat pour survivre… »

Presque la totalité des 450 livres fournis par L’Affranchie ont été détruits par les manifestants, ou volés. « Nous n’avons qu’un survivant. Un seul. Et il est invendable en l’état. » La valeur du préjudice ? 6 300 €. Soazic Courbet, la gérante, précise que mardi, l’assurance « a refusé de prendre en charge » le dommage. L’université de Lille a toutefois annoncé qu’elle la soutiendra. Les Éditions Fayard ajoutent qu’elles « prolongent le délai de paiement de six mois », soit jusqu’à mai 2020. Et précisent que « tout est mis en oeuvre pour trouver une solution pour dédommager cette librairie. »

Fermeture temporaire

« J’ose espérer que les gens ne pensaient pas qu’ils nous mettaient en péril », soupire Soazic Courbet. « Nous, on pensait que cette opération nous aiderait à avoir des fonds, pour l’année à venir. Là, c’est tout l’inverse. »

Choquée, la gérante de la Librairie Meura n’a pas ouvert, ce mercredi après-midi. « Je ne pensais pas vivre en France en 2019 la destruction de livres. »

La Librairie Meura témoigne dans un message en vitrine de l’incident dont elle a été victime mardi, à la faculté de droit.
La Librairie Meura témoigne dans un message en vitrine de l’incident dont elle a été victime mardi, à la faculté de droit.

Plusieurs étudiants sont venus rendre des livres. D’autres ont lancé une cagnotte.

L’Université de Lille a porté plainte ce mercredi soir pour « dégradations ». Les librairies indiquent vouloir en faire de même.

Solidaires étudiant.e.s, qui « ne condamne pas cette action », affirme également son « soutien à cette librairie ».

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