Un train en jouet

Plus écolo que l'avion, le train de nuit fait son comeback en Europe

© Darren Bockman via Unsplash

Venue de Suède, la « honte de prendre l'avion » envahit l'Europe. Et le train de nuit a tout à y gagner.

On croyait qu’il avait disparu, pourtant un peu partout en Europe, le train de nuit fait de la résistance. Un article de Wired UK s’est penché sur cette résurrection du slow travel.

En 2016, le gouvernement français annonçait la fin des trains de nuit sur son territoire. Seules deux lignes étaient autorisées à continuer à sillonner le pays sous les étoiles. Une décision qui suivait celle du reste de l’Europe. L’Allemagne avait supprimé sa City Night Line entre Berlin et Paris depuis 2014. Et l’Espagne avait dit adieu au Barcelone-Paris nocturne depuis 2013 pendant que l’Italie réduisait ses services de nuit. À l’époque, ça ne faisait aucun doute, Easyjet avait gagné la partie. Le low cost avait enterré le slow travel.

La demande pour les trains de nuit s’envole

Trois ans plus tard, tout a changé. Greta Thunberg et le flygskam sont passés par là et l’avion commence à avoir du plomb dans l’aile. À la fin de l’été 2019, Guillaume Pepy, PDG de la SNCF parlait même d’un « effet flygskam » . En septembre 2019, les vols intérieurs en métropole ont chuté de 1%.

Dans les pays voisins, le chemin de fer aussi prend son envol et on assiste à la renaissance des lignes nocturnes. L’opérateur autrichien ÖBB qui avait racheté les lignes de la Deutsche Bahn affirme avoir doublé ses ventes de billets nocturnes ces dernières années. En Suisse, le trafic de nuit a augmenté de 25% depuis début 2019.

Les avantages d’un mode de transport oublié

Oui, le train de nuit renaît de ses cendres. Mais pour autant, le trafic aérien est loin d’avoir dit son dernier mot. D’après l’indicateur mensuel du trafic aérien commercial, les vols dans l’UE ont augmenté de 3% en septembre 2019 par rapport à 2018.

Pourtant d’après ses défenseurs, le train de nuit possède de nombreux avantages, et pas seulement pour l’environnement. D’après Mark Smith du site The Man in Seat 61, les passagers choisissent le train de nuit pour réduire leur empreinte carbone mais aussi pour éviter le passage par l’aéroport. Les pro-trains de nuit invoquent même un bénéfice économique : une nuit d’hôtel en moins et une arrivée en centre-ville sans débourser 40€ pour un taxi.

Côté bilan carbone, le train affiche des performances bien plus green que l’avion. La journaliste Nicole Kobie note que les émissions de CO2 sont liées à l’énergie utilisée pour alimenter les chemins de fer. L’énergie 100% éolienne aux Pays-Bas et le nucléaire en France permettent de réduire considérablement les émissions de C02. Mais même alimenté avec du gasoil, un trajet en train produit 84% de carbone en moins que son équivalent par les airs.

Qu’est-ce qui a tué le train de nuit ?

Malgré le manque de confort de certaines couchettes, le bilan du train de nuit reste positif. Et l’engouement récent montre que les trajets nocturnes sont viables économiquement. Alors pourquoi avaient-ils quasiment disparu ? En Allemagne et au Royaume-Uni, on pointe du doigt la privatisation, partielle ou totale, des chemins de fer. En ce qui concerne la France, pour Mark Smith, c’est politique. Il affirme à Wired UK que l’on a décidé que les trains de nuit ne fonctionneraient pas, donc ils ne fonctionnent pas.

Un avis partagé par Pascal Dauboin, du collectif Oui au Train de Nuit, qui accuse les rapports sur les performances des trains de nuit d’être opaques. Il reproche notamment à la SNCF de ne pas avoir inclus les coûts environnementaux à ses analyses financières.

La renaissance des trains de nuit en Europe n’annonce pas seulement une nouvelle tendance d’éco-voyage. Elle prouve surtout qu’on a tout intérêt à enfin intégrer les coûts écologiques et sociaux à nos bilans financiers.

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