Salaires hommes-femmes : le compte n'y est pas

A l'occasion de l'Equal Pay Day, le ministère des Droits des femmes lance ce matin une application pour aider les Françaises à gagner la bataille de l'égalité salariale.

Salaires hommes-femmes : le compte n'y est pas

    C'est l'une des rares dates symboliques du calendrier qui est censée remonter le temps chaque année... Mais qui stagne au début du printemps. Autant dire qu'en ce 7 avril, les Françaises ne vont pas déboucher le champagne pour célébrer leur Equal Pay Day : il s'agit du jour symbolique où elles ont enfin engrangé le salaire que les hommes ont gagné au 31 décembre dernier. Quatre mois de différence, 68 jours travaillés supplémentaires, en moyenne, pour parvenir à gagner autant. Désespérant ? Peut-être pas. D'abord parce que l'Equal Pay Day international, lui, aura lieu dans près de trois semaines : le 25 avril. Ensuite parce que les indicateurs de l'égalité professionnelle en France semblent clignoter en faveur d'un léger mieux. « L'an prochain, la date aura basculé en mars », veut croire Christiane Robichon, la présidente de l'association Business and Professional Women qui organise cette journée en France depuis 2009.

    Les chiffres publiés ce matin par le ministère du Travail, que nous avons pu obtenir en exclusivité et qui serviront à fixer l'Equal Pay Day de l'an prochain, semblent lui donner raison : on est enfin passé sous la barre des 20 % d'écart de salaire... Même s'il reste des domaines, comme l'assurance ou la banque notamment, où il vaut encore clairement mieux être un homme (voir infographie). Mais comment tirer ce jour symbolique vers février, janvier et pourquoi pas même au 31 décembre ? Pour Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes qui a beaucoup secoué les entreprises ces deux dernières années (y compris en les tapant aux porte-monnaie), il est désormais temps de s'attaquer à une racine méconnue de l'inégalité professionnelle : les barrières que les femmes érigent... elles-mêmes. Ces « je n'ose pas demander une augmentation », « je ne sais pas m'imposer », « la compétition, ce n'est pas pour moi » qui expliqueraient jusqu'à 4 points de différence dans les salaires. A problématique aussi profonde, réponse carrément originale : la ministre lance aujourd'hui la première application pour mobiles et smartphones afin de coacher les femmes au travail. Une sorte de « serious game » (jeu qui permet de se former en s'amusant) que nous avons découvert en avant-première.

    Cela n'empêchera sans doute jamais les salariées de voir filer sous leur nez des promotions pendant leur congé de maternité, mais gâce aux quiz sous la forme de vrai-faux et des conseils prodigués en vidéo, elles oseront peut-être taper du poing sur la table à leur retour. A ce jour, beaucoup ont renoncé. « Pensez-vous que la famille est plus importante que la vie professionnelle pour une femme ? » a demandé l'Insee aux Français. Les hommes sont 66 % à répondre oui. Chez les femmes, c'est quasiment le raz-de-marée : elles sont 78 % à acquiescer.

    Notre question du jour : Parité homme-femme : constatez-vous des améliorations ?

    L'édito du Parisien: «Inégalités salariales hommes-femmes: il y a encore du travail !»