Serrure connectée, solvabilité du locataire… ces start-up révolutionnent l’immobilier

À l’occasion du salon Rent, qui réunissait les professionnels du secteur à Paris les 6 et 7 novembre, gros plan sur trois start-up au cœur du changement.

 Audrey Delimauges, Olivier Bazin, Magali Noé et Xavier Neal ont fondé la start-up Youse capable de vérifier la solvabilité d’un locataire.
Audrey Delimauges, Olivier Bazin, Magali Noé et Xavier Neal ont fondé la start-up Youse capable de vérifier la solvabilité d’un locataire. Youse

    Renforcer la confiance entre bailleurs et locataires, installer des serrures sécurisées ou anticiper finement les tendances du marché de l'immobilier…

    Ces trois jeunes entreprises ont développé des solutions innovantes qu'elles ont présentées au salon Rent, qui se tenait à Paris du 6 au 7 novembre.

    Caution : Youse met bailleurs et locataires d'accord

    Délicate et incontournable, la question de la caution peut freiner, voire faire capoter un projet de location immobilière. Selon l'étude SeLoger (réalisée en octobre 2019 auprès de 1681 propriétaires-bailleurs et 3219 locataires du parc privé du réseau SeLoger) présentée lors d'une table ronde en partenariat avec Le Parisien au salon Rent sur le thème « Comment l'innovation peut faciliter l'accès à la location? », l'attente majeure des bailleurs réside dans les outils d'aide pour choisir le bon locataire.

    Plus précisément, 41 % attendent des fonctionnalités permettant de vérifier leur solvabilité. Selon la même étude, 42 % des locataires s'affirment, eux, freinés dans leur projet à cause de l'absence de garant.

    Le service proposé par Youse répond aux deux attentes à la fois. En 24 heures maximum, la start-up s'engage à « checker » les possibilités bancaires du demandeur par rapport au logement visé. La validation effectuée, Youse, filiale de CNP Assurances, agit au même titre qu'un garant physique auprès du propriétaire ou de l'agence immobilière pour toutes les démarches, signature du bail comprise. Elle reversera par la suite les loyers aux propriétaires à date fixe, voire prendra en charge les impayés en cas de problème.

    « Ce n'est pas parce que vous n'avez pas de CDI, pas de garant, ou que vous ne gagnez pas 3 fois le montant du loyer que vous n'avez pas le droit d'avoir un logement ! » scande le slogan de Youse. Le nouveau venu a déjà « checké » 20 000 dossiers de demandeurs en un an. De l'aveu même de ses dirigeants, il reste à convaincre complètement les bailleurs d'adhérer à ce nouvel usage pour transformer l'essai.

    Data et algorithmes prévoient l'avenir du marché

    Les algorithmes permettent de projeter l’impact d’évolutions urbaines sur les prix de l’immobilier. PriceHubble
    Les algorithmes permettent de projeter l’impact d’évolutions urbaines sur les prix de l’immobilier. PriceHubble Youse

    Transactions, estimations, prix au mètre carré, projets de construction… PriceHubble l'a bien compris, ces données sont au centre du secteur immobilier. Les trois fondateurs de cette start-up suisse – deux Allemands et un Suisse – vendent depuis trois ans une solution technologique, à base de big data et d'intelligence artificielle, pour étudier le marché immobilier.

    Leurs clients – plus d'une centaine – sont les grands réseaux d'agences, les banques, les courtiers, mais aussi les fonds d'investissement, les promoteurs ou les bailleurs sociaux.

    « Nos algorithmes permettent, par exemple, de projeter l'impact d'évolutions urbaines sur les prix de l'immobilier », explique Loeiz Bourdic, directeur France. Les data scientists et ingénieurs « ultra tech » (80 % des effectifs de l'entreprise de 55 personnes) conçoivent des algorithmes capables de compiler à la fois des données immobilières (critères des annonces de vente, transactions…) et urbaines (projets d'écoles, transports, Grand Paris…)

    Un travail simplifié puisque Bercy rend accessible à tous depuis avril toutes les transactions immobilières enregistrées par les notaires.

    « Notre pari est d'être utilisable partout », explique le dirigeant de 32 ans. Pour l'instant, l'entreprise, qui ne cherche pas encore la rentabilité, couvre la France, l'Autriche, l'Allemagne et le Japon. Deux autres pays le seront en 2020. C'est sous la forme d'une interface ou de cartes de prix que PriceHubble vend sa solution sous forme d'abonnements.

    La lumière du smartphone en guise de clés

    Après avoir sélectionné sa clé numérique puis flashé la serrure, la porte s’ouvre./HAVR
    Après avoir sélectionné sa clé numérique puis flashé la serrure, la porte s’ouvre./HAVR Youse

    La technologie brevetée de la start-up francilienne Havr fondée il y a deux ans par Simon Laurent et Alexandre Ballet, alors étudiants de l'université technologique de Compiègne (Oise) est unique au monde.

    Sa serrure connectée BrightLock, plusieurs fois primée, permet, grâce au li-fi (light fidelity), une communication sans fil basée sur la lumière, d'ouvrir une porte avec le flash de son smartphone plutôt qu'avec des ondes Bluetooth ou wi-fi. C'est plus rapide et plus sécurisé, car plus à l'abri des interférences.

    Rien de compliqué pour l'installation, promet l'entreprise, il suffit de retirer le cylindre de son ancienne serrure et de le remplacer par le nouveau. C'est ensuite avec l'application Havr et après y avoir sélectionné sa clé numérique puis flashé la serrure que la porte s'ouvre. Les intérêts sont multiples : éviter les vols de clés, la multiplication des doubles, personnaliser et contrôler les accès.

    Les particuliers devront attendre un ou deux ans avant d'installer ces serrures, car la société de 20 personnes se concentre pour l'instant sur les entreprises et compte huit gros clients. La SNCF, BNP Real Estate et Enedis, par exemple, sont intéressées pour des flottes de serrures dans leurs locaux techniques afin de mieux savoir qui y accède.

    Le réseau Orpi envisage aussi d'en installer sur ses biens en vente afin d'éviter aux agents immobiliers de transporter plusieurs trousseaux de clés.

    « La commercialisation a démarré il y a 4 mois et on est en pleine phase de développement », explique Florian Thiriet, coordinateur des ventes. Depuis la création, Havr a levé 3 millions d'euros.