La PDG de la RATP justifie son augmentation de salaire de 50 000 euros

La hausse de salaire de 12,5 % de Catherine Guillouard fait réagir les syndicats. La dirigeante assure que sa rémunération se situe au niveau de celle des autres patrons d’entreprises de transport.

 Paris, mars 2018. Catherine Guillouard, présidente de la RATP.
Paris, mars 2018. Catherine Guillouard, présidente de la RATP. LP/J.VA.

    Une augmentation de salaire à l'aube d'un grand mouvement social dans l'entreprise, cela risque de faire parler… La PDG de la RATP, Catherine Guillouard, a justifié jeudi son augmentation de salaire de 12,5 %, après avoir été interpellée par un syndicaliste lors de la visite d'un site de maintenance.

    « Est-ce que vous trouvez normal que le président de la RATP (63 000 salariés, 5,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires), dont la rémunération n'avait pas été revue depuis 2010, gagne moins que le patron de Keolis (NDLR : filiale de transports en commun de la SNCF) ? », s'est défendue Catherine Guillouard.

    Arrivée en 2017 à la tête de la RATP, à la suite d'Elisabeth Borne entrée au gouvernement, Catherine Guillouard a été reconduite cet été pour cinq ans. A cette occasion, l'Etat a augmenté de 50 000 euros son salaire fixe annuel, passé de 300 000 à 350 000 euros. En y ajoutant la rémunération variable d'un montant de 100 000 € maximum (liée à la performance de l'entreprise), le total passe de 400 000 à 450 000 euros – le plafond pour les entreprises publiques —, soit 12,5 % de hausse.

    Rémunération identique au patron de Keolis

    450 000 €, c'est ce que gagne le président du directoire de Keolis et de la SNCF, insiste-t-on à la RATP. « La rémunération de la PDG de la RATP est totalement publique et colle à ce qui se pratique dans les entreprises publiques d'une manière générale », a confirmé le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, venu à la rencontre des salariés alors que des négociations se préparent sur la réforme des retraites.

    Pendant sa visite du site de maintenance parisien des rames de métro, jeudi soir, Catherine Guillouard avait été interpellée par un délégué CGT, Frédéric Carru, sur cette hausse de salaire. « J'espère que pour nous aussi les négociations salariales seront à la mesure de votre augmentation », lui a-t-il lancé.

    Une rémunération pas revalorisée depuis 2010

    Interrogée, la RATP a souligné que la rémunération de la PDG n'avait pas été revalorisée depuis 2010 et ne connaîtra aucune évolution au cours des cinq prochaines années. L'entreprise a également souligné que, sur cette longue période 2010-2019, la hausse de salaire de la PDG est « similaire voire inférieure à l'augmentation moyenne des salaires à la RATP ».

    La rémunération moyenne du personnel en place a augmenté de 30,8 % entre 2010 et 2019, et l'évolution de la masse salariale par agent atteint 13,1 % sur la même période. « Et ces deux indicateurs continueront à évoluer de manière favorable entre 2019 et 2024 », assure-t-on à la RATP.

    Depuis la présentation au printemps d'un « plan de performance » qui prévoit la suppression d'environ un millier d'emplois - sans licenciement -, le climat social est tendu au sein de la Régie autonome des transports parisiens.

    La grogne a été attisée par le projet de réformes des retraites du gouvernement. Après une première grève très suivie le 13 septembre dernier, plusieurs syndicats de l'entreprise, opposés à cette réforme, ont décidé de lancer un mouvement de grève illimitée à partir du 5 décembre.