Un an après leur première mobilisation, les Gilets jaunes lancent un nouvel appel à manifester sur les Champs-Élysées, samedi 16 novembre, alors que tout rassemblement y est interdit depuis la mi-mars, à la suite du saccage de la célèbre avenue. Grand débat national, convention citoyenne sur le climat, conseil de défense écologique, taxe redistributive… Novethic fait le point sur ce qu’a entraîné ce mouvement inédit.

Pour la première fois depuis sa création en 2014, la taxe carbone n’a pas été augmentée en 2019. Elle ne le sera pas non plus en 2020. La décision, prise par le gouvernement après la mobilisation des Gilets Jaunes il y a un an, a été actée dans le projet de loi de Finances pour 2020. La taxe carbone reste donc établie à 44,60 euros, alors qu’elle devait atteindre 56 euros en 2020 et 100 euros en 2030.
Pour le Conseil des prélèvements obligatoires, cette taxe est pourtant indispensable pour tenir les engagements climatiques de la France. Si elle reste au niveau actuel, les émissions de CO2 du pays ne baisseraient que de 25 % en 2030 par rapport à 2015, contre une baisse de 40 % promise dans la loi de Transition énergétique. Mais à l’heure où les Gilets jaunes annoncent une reprise de leur mobilisation, difficile de reprendre le cap haussier…
1,5 million de Français mobilisés par le Grand débat
Jusqu’en 2018 pourtant, la hausse de la taxe était passé plutôt inaperçue. Mais à la fin de l’année dernière, celle-ci coïncide avec la hausse du prix du brut, mettant le feu aux poudres et des milliers de Français dans la rue. C’est ainsi qu’est né le mouvement des Gilets Jaunes. Le 17 novembre 2018, 282 000 personnes vêtues d’un gilet fluorescent, occupent des ronds-points et bloquaient des routes. Quelques jours plus tard, début décembre, le gouvernement annonce le gel de la taxe ainsi qu’une série de mesures sociales. Mi-janvier, il lance le Grand débat national.
Celui-ci a mobilisé 1,5 million de Français et donné naissance à deux nouvelles instances. D’une part, le Conseil de défense écologique qui a permis au gouvernement d’annoncer l’abandon de deux projets largement contestés par les écologistes, celui de la Montagne d’Or en Guyane, et du méga-complexe commercial Europacity en banlieue parisienne. Et d’autre part, la Convention citoyenne pour le climat qui réunit 150 Français tirés au sort et dont la troisième session s’ouvre ce vendredi en présence de Nicolas Hulot.  
La taxe carbone semble quant à elle devenue taboue. Elle est en tout cas toujours rejetée par une majorité de Français, mais aussi par une partie des membres de la Convention citoyenne, qui ont dénoncé une instrumentalisation du débat lors de la dernière session d’octobre, invectivant des intervenants venus s’exprimer sur le sujet. 
Une redistribution des recettes pour une taxe plus juste
"La taxe carbone reste un outil important dans la lutte contre le changement climatique, mais dans sa forme actuelle, elle est injuste", note Meike Fink, du Réseau action climat. Actuellement, les 10 % des Français les plus pauvres payent proportionnellement 2,7 fois plus de taxe carbone que les 10 % les plus riches car ils n’ont pas les moyens de changer de voiture ou de rénover leur logement.
Avec Oxfam et le Secours catholique, le collectif a mis en place un calculateur pour simuler les effets d’une redistribution progressive de ses recettes en fonction du revenu, via un crédit d’impôt ou un chèque. Par exemple, un foyer de quatre personnes, gagnant 17 000 euros par an, vivant dans une maison de 80 m2 chauffée au gaz et possédant une voiture diesel, devra supporter environ 200 euros par an de taxe carbone. Grâce au système de redistribution, il pourra bénéficier de 410 euros en retour. Un foyer vivant dans les mêmes conditions, mais avec des revenus plus élevés, ne toucherait rien.
Priscillia Ludosky, l’une des figures de proue des Gilets jaunes, soutient cette initiative. Elle s’apprête par ailleurs à lancer son "lobby citoyen", au niveau national et local, "pour faire réagir les élus et leur faire comprendre que les citoyens ont leur mot à dire". Auteur du manifeste "La ligne jaune", François Boulo a quant à lui lancé une plateforme qui vise à mettre sur pied le premier "référendum d’initiative citoyenne" numérique. D’autres leaders du mouvement, comme Ingrid Levavasseur ou Benjamin Cauchy, seront candidats aux municipales, malgré l’échec des listes "jaunes" aux européennes.
Concepcion Alvarez @conce1

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