Peut-on s'en prémunir ?
Oui, même si le terrain génétique est déterminant. Comme l'écrit le Dr Etienne Bidat sur son site allergies.net : "Longtemps, on a cru qu'en évitant une sensibilisation à un allergène, on éviterait le développement des manifestations allergiques. En fait, ce n'est pas si simple. Si l'exposition précoce aux acariens entraîne l'apparition de tests positifs à cet allergène, elle n'entraîne pas pour autant un risque supérieur d'asthme. En revanche, chez un enfant déjà allergique, plus il est exposé à l'allergène auquel il est sensibilisé, plus il va présenter des signes de sa maladie".
En pratique, pour diminuer les risques, il faut appliquer chez soi quelques mesures élémentaires (réduction de la pollution intérieure), et faire preuve de bon sens : éviter les parfumsd’intérieur, les huiles essentielles, la nourriture industrielle et les hydrolysats de blé ou le soja ajouté aux jambons industriels.
Aucun régime à suivre au cours
de la grossesse
La prévention doit également débuter pendant la grossesse avec l’arrêt du tabagisme d’abord, celui de la mère mais aussi de son entourage. En revanche, contrairement à ce qui a longtemps été préconisé aucun régime particulier n’est à suivre au cours de la grossesse et de l’allaitement : éviter les aliments très allergisants (lait, oeufs, arachide) n’a pas, en effet, apporté les bénéfices attendus.
Selon des mécanismes encore inexpliqués, les contacts avec les animaux et la consommation de lait cru seraient des facteurs préventifs. Un projet européen en cours, Pasture (2), semble confirmer cet effet protecteur. Alors, tous à la ferme ?
Peut-on guérir ?
Oui. Mais il n’existe pas de traitement unique. Quel que soit l’allergène, l’éviction s’impose toujours. Si cela apparaît impossible ou insuffisant, des traitements dits symptomatiques (antihistaminiques, corticoïdes, bronchodilatateurs…) soulagent — sans guérir — dans environ 80% des cas en réduisant les signes comme l’écoulement nasal, les yeux qui pleurent…
Dans certains cas d’allergies respiratoires, seule la désensibilisation permet un traitement curatif et définitif. 100 000 cures sont ainsi réalisées en moyenne en France chaque année. Néanmoins, "tous les allergiques ne relèvent pas d’une désensibilisation et l’efficacité sera plus élevée si la personne n’est sensibilisée qu’à un ou deux allergènes", précise le Dr Haddad. Mais ce traitement est long, contraignant, et doit être suivi avec régularité pour avoir des chances de succès.
Les taux d’efficacité varient de 100% pour le venin de guêpe à moins de 50% pour les poils de chat. Pour les pollens et acariens, le succès est de 70 à 80%. Quel que soit le mode d’administration (piqûres sous-cutanées, gouttes, comprimés à faire fondre sous la langue), les traitements durent de un à trois ans. Les comprimés sont pris en charge à 15 % par la Sécurité sociale, pour le reste, tout dépend des mutuelles.
Des études sont en cours pour savoir si la désensibilisation aux pollens pourrait prévenir l’asthme. Résultats en 2015. Quant aux allergies alimentaires, aucun traitement de désensibilisation n’est disponible. Seule solution : l’éviction de l’aliment et la lecture attentive des étiquettes. Mais une piste prometteuse s’ouvre avec les patchs.
Par Sylvie Riou-Milliot
Article extrait d'un dossier sur les allergies publié dans Sciences et avenir N°807.