On a vu tant de débats dans cet hémicycle. On a entendu tant de saillies, de huées, de bons mots et de colères théâtrales de députés non alignés. On a écouté parler de tant de sujets, d’immigration, de bioéthique… Et, il faut bien l’avouer, on s’est parfois assoupis en écoutant la réponse d’un ministre ou la question d’un membre de la majorité. Bref, le Palais-Bourbon est un endroit familier, que l’on soit journaliste politique habitué à la salle des quatre colonnes ou un téléspectateur assidu aux mardis après-midi sur LCP.

Militaires allemands dans l’hémicycle

Pour tout le monde donc, la première image de ce documentaire méticuleux, signé par le réalisateur Xavier-Marie Bonnot et diffusé sur la chaîne parlementaire, sera un grand choc. Le son d’abord, ce « Sieg Heil, Sieg Heil » (« salut à la victoire »), répété. Et puis ces militaires allemands, le bras tendu, installés dans l’hémicycle.

C’est la première fois que les archives des « années noires » (1940-1944) du Palais-Bourbon sont ainsi montrées. La première fois que l’on voit le perchoir recouvert d’un drap décoré d’une immense croix gammée. « C’est la France violée », formulera un historien interrogé.

C’est précisément ce que l’on ressent à la vue de ces militaires, désormais assis, écoutant religieusement un discours radiophonique d’Adolf Hitler, dont le buste trône en lieu et place du président de l’Assemblée. Le Führer éructe contre les « parlementaires sans scrupule » de la IIIe République, réfugiés à Tours puis à Bordeaux avant l’arrivée des Allemands à Paris. Le Palais sera ensuite occupé par différents services allemands, dont certains s’occupent de « la question juive ». L’Assemblée servira également de décor à un film, le premier de son histoire (Les Forces occultes, contre les juifs et les francs-maçons) et aussi à des procès de résistants. Glaçant.