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Ces femmes qui œuvrent au rayonnement scientifique de l’Afrique

En Afrique, la science au féminin (1). Alors que les étudiantes sont encore minoritaires sur les bancs des universités du continent, « Le Monde Afrique » dresse huit portraits de chercheuses qui montrent la voie à suivre.

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Publié le 18 novembre 2019 à 19h00, modifié le 18 novembre 2019 à 20h22

Temps de Lecture 3 min.

Des étudiants en médecine dentaire à l’université Al-Fatah de Tripoli, en Libye, en juin 2011.

Evidemment, l’Afrique est encore loin… Avec 35 chercheurs par million d’habitants, contre près de 2 500 en Europe et plus de 4 000 aux Etats-Unis (selon la Banque africaine de développement), le continent reste une terre de sciences en devenir. Pariant sur les universités et le retour de diasporas formées ailleurs, les 54 pays se battent pourtant pour se faire une place sur la scène mondiale de la connaissance et de l’innovation. Si aujourd’hui seuls 2,6 % des chercheurs de la planète travaillent entre Alger et Le Cap (selon l’Unesco), demain pourrait être différent au vu des quelque 200 000 étudiants africains qui préparent actuellement un doctorat (dont 160 000 dans des établissements africains et 25 000 en Europe).

Une donnée qui fait dire à Larissa Kojoué, chercheuse au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM), à Bordeaux, et observatrice de l’émergence de la recherche africaine, que « la courbe est ascendante, certes », mais que « cela tient plus à des dynamiques individuelles que collectives ». Pour celle qui a dirigé l’ouvrage collectif Tu seras docteur.e. mon enfant (éd. L’Harmattan), une petite révolution copernicienne reste à opérer. « Tant qu’on ne résoudra pas la question de la formation à la recherche qui est celle des conditions d’accès au doctorat, la recherche en Afrique gardera cette piètre mine. Parce que ces conditions sont précaires, tout ce qui permet de faire émerger, animer et développer des recherches innovantes manque. J’entends ici laboratoires de recherche, revues scientifiques, séminaires, colloques », explique-t-elle au Monde Afrique, avant d’ajouter : « Nos universités, en particulier celles d’Afrique centrale, sont en chantier alors qu’il y a longtemps qu’elles devraient être matures. »

L’université, levier de développement

En fait, le chantier est triple. Il se joue sur l’augmentation des capacités d’accueil, l’amélioration de la préparation à la recherche et l’équipement des laboratoires. Pour le premier point, l’histoire est en marche, si l’on en croit les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « En 1970, il y avait moins de 400 000 étudiants de l’enseignement supérieur dans la zone subsaharienne, alors que désormais, les universités n’en accueillent pas loin de 10 millions. Et la scolarisation dans l’enseignement tertiaire progresse de plus de 4 % l’an, contre une moyenne mondiale à 2,8 % », pointe l’organisation dans sa Revue de l’enseignement supérieur.

Dans certains pays comme le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Congo et l’Ouganda, les effectifs des établissements d’enseignement supérieur privés ont même triplé, voire quadruplé, au cours de la dernière décennie, observe de son côté le rapport 2018 de la Banque mondiale intitulé « Enseignement supérieur et équité en Afrique subsaharienne : élargir l’opportunité au-delà de l’élite ». Reste que ces établissements sont encore trop souvent des lieux d’enseignement avant d’être des pôles de recherche. Et sans doute faudra-t-il encore un peu de temps pour que se fasse cette transformation, en parallèle à la montée des sciences dures qui nécessitent des laboratoires et un équipement plus onéreux qu’un laboratoire de sciences humaines.

Peu à peu, pourtant, l’Afrique se convertit, prenant conscience que dans des économies de la connaissance, le carburant de l’innovation se trouve au cœur des sciences dures, donc de l’université, qui, au XXIe siècle, devient le premier levier de développement. D’ailleurs, si les pays n’avaient pas déjà une longue liste de priorités à gérer avec des budgets serrés, la science, la recherche et l’université seraient plus largement financées. Le dilemme est cruel pour ceux qui n’en sont pas encore à la scolarisation de 100 % des enfants en primaire (un des Objectifs du millénaire pour le développement) et qui, en même temps, rêvent de développer leur enseignement supérieur, poste très onéreux puisque la formation d’un diplômé à bac + 5 coûte aussi cher en Afrique subsaharienne que l’instruction de 14,5 élèves du primaire.

Seulement 72 filles pour 100 garçons

Alors évidemment, quand elles optent pour l’université, les familles sont invitées à mettre la main à la poche. D’autant que des établissements privés – passés de 30 à 1 000 en zone subsaharienne entre 1990 et le milieu des années 2010 – viennent compléter un paysage public saturé et offrir des places à ceux qui en ont les moyens. Ce qui met autant en sourdine le concept de « démocratisation » de l’éducation que la marche vers l’égalité des sexes. Car quand des parents ne peuvent payer le supérieur qu’à un seul enfant, c’est rarement une fille qui en bénéficie. Le déséquilibre reste tel que pour 100 garçons inscrits dans les universités subsahariennes, il n’y a toujours que 72 filles.

Mais ce déséquilibre numérique n’empêche pas les parcours de réussite pour les femmes. Alors que vient de s’achever la Semaine internationale de la science et de la paix, Le Monde Afrique dresse le portrait de huit femmes scientifiques remarquables de 30 à 68 ans. Des figures qui pourraient susciter des vocations de pharmaciennes, physiciennes ou médecins auprès des jeunes Africaines pour qui la science reste encore trop souvent une affaire d’hommes.

Sommaire de la série « En Afrique, la science au féminin »
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