Syrie : les journalistes menacés de mort par les djihadistes d’Idlib

Un officier du groupe djihadiste Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS), qui contrôle la région d’Idlib en Syrie, a menacé de mort les journalistes alors que des centaines de personnes manifestent depuis plusieurs jours contre le mouvement. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ces intimidations continues contre les journalistes.

Dans un enregistrement sonore diffusé sur les réseaux sociaux, un individu qui se présente comme un membre de l’organisation djihadiste Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS), qui contrôle la région d‘Idlib - dans le nord syrien, a menacé de mort tous ceux qui critiquent son organisation. Les journalistes ont été particulièrement visés : “Je jure par Dieu que je ne laisserai pas un seul journaliste sur le sol de la Syrie”, a-t-il martelé.

Ces menaces interviennent alors que des centaines de manifestants s’opposent depuis plusieurs jours au contrôle de la zone par HTS et l’administration du Gouvernement de salut syrien. 

Nous condamnons les menaces continues des djihadistes de Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS) envers les journalistes qui ne font que leur travail en rapportant le mécontentement des habitants de la région d’Idlib, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). Cette déclaration montre le caractère assumé, délibéré et systématique des attaques contre les médias dans cette zone.” 

Par ailleurs, deux photojournalistes, Omar Haj Kadour, qui travaille pour l’AFP, et Ibrahim Khatib, photographe pour la BBC et l’agence de presse turque Anadolu, ont été violemment battus par des djihadistes HTS. Le premier témoigne sur son compte Facebook des agressions de journalistes par des membres de HTS alors qu’ils couvraient des manifestations dans une ville de la même province, Kafr Takharim. Les djihadistes ont tenté de l’arrêter pour l’empêcher de filmer. Devant l’opposition des manifestants, ils l’ont alors violemment battu et saisi son matériel. Par la suite, il s’est vu restituer sa caméra, après médiation des habitants.

Deux journalistes citoyens ont également été arrêtés par HTS le 22 août dernier dans la région d’Idlib : Mohammad Daboul, qui travaillait pour l’agence de presse locale Idlib Media Center, a été libéré une semaine plus tard, et Fateh Raslan, correspondant pour le site en ligne Step Feed News, a finalement été libéré le 8 octobre en échange de ne plus travailler pour son média, jugé “opposé à la révolution” par HTS.

La Syrie occupe la 174e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 15.11.2019