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Les footballeuses espagnoles en grève pour obtenir un salaire minimum

Aucune des huit rencontres de première division n’a été disputée ce week-end. Plusieurs pays ont déjà pris des mesures pour réduire les écarts de rémunération entre les équipes féminines et masculines.

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Publié le 19 novembre 2019 à 17h50, modifié le 19 novembre 2019 à 19h41

Temps de Lecture 3 min.

La gardienne espagnole Ainhoa Tirapu, à Ottawa (Canada), le 17 juin 2015.

« Nous devons chercher un avenir meilleur au football féminin », plaidait fin octobre auprès du quotidien El Pais l’internationale espagnole Ainhoa Tirapu. Comme 93 % des 188 joueuses des 16 clubs de la première division ibère (« Primera division »), la gardienne de l’Athletic Bilbao s’était prononcée en faveur d’un mouvement de grève illimité. Ainsi, le week-end dernier, aucune des huit rencontres de la 9e journée de Primera n’a été disputée.

Les syndicats et les clubs de la Ligue sont convenus, lundi 18 novembre, de reprendre leurs négociations. Celles-ci, qui durent depuis plus d’un an, bloquent sur le volet financier. Les footballeuses demandent un salaire minimum de 16 000 euros annuel, avec des contrats à temps partiel à trois quarts-temps minimum (ce qui reviendrait à un salaire minimum de 12 000 euros par an).

Les clubs, eux, proposaient jusqu’ici des contrats à mi-temps, n’offrant ainsi que des salaires annuels à 8 000 euros. Les équipes les plus modestes n’ont pas les moyens de répondre aux requêtes des joueuses, avançait l’Association des clubs de football féminin (ACFF). Une position que l’ACFF pourrait revoir à en croire, lundi, le syndicat des footballeurs espagnols (« Asociacion de futbolistas españoles », AFE).

« Pas juste une question d’argent »

« Nous avons dû prendre des mesures plus radicales, mais les négociations n’ont pas suffi (…). Nous ne pouvons plus être inactives et ne pas lutter pour nos droits », arguait, avant la grève, Ainhoa Tirapu. D’autant que le contexte est favorable aux footballeuses, dont la discipline jouit d’une plus grande visibilité dans le sillage du Mondial de cet été en France.

L’un des enjeux sous-jacents est celui de la professionnalisation du secteur. Ainsi, parmi les revendications des footballeuses de la Primera figure la mise en place d’une convention collective qui encadrerait leurs conditions de travail, avec des horaires dignes, la possibilité de concilier vie professionnelle et vie de famille et de prendre des vacances.

« Nous sommes des footballeuses à plein temps. Quand on dîne, quand on se déplace, quand on va aux événements du club… Certaines jouent depuis de nombreuses années et n’ont quasiment pas été payées. Ce n’est pas juste une question d’argent », insistait Ainhoa Tirapu.

La Ligue anglaise est la pionnière européenne dans ce domaine. La saison 2018-2019 a été, pour la première fois, intégralement constituée de onze équipes professionnelles. Et si les débuts sont balbutiants, ce cercle vertueux se ressent dans les gradins, où le nombre de spectateurs est en hausse.

En France, aucune joueuse n’est « pro » d’un point de vue juridique. Les footballeuses dépendent de la Fédération française de football et non de la Ligue de football professionnelle et signent des « contrats fédéraux », qui sont en réalité les mêmes que ceux des amateurs.

« Le bien-être de l’équipe »

Les questions de la considération et de la reconnaissance agitent régulièrement le milieu féminin du ballon rond. En 2016, les Nigérianes, victorieuses en Coupe d’Afrique des nations, avaient organisé un sit-in dans leur hôtel de la capitale, Abuja, menaçant même de ne pas rendre le trophée à la Fédération si leurs primes de victoire n’étaient pas versées par les instances. Les Super Falcons venaient alors de ravir leur huitième sacre continental. « Ce combat porte sur le bien-être de l’équipe. Sur la façon dont l’équipe a été gérée au fil des ans. Nous sommes des championnes. Nous nous sommes battues pour la nation », expliquait alors à la BBC l’attaquante Asisat Oshoala.

Les vingt-huit joueuses de l’équipe des Etats-Unis ont, elles, déposé au mois de mars une plainte devant un tribunal de Los Angeles (Californie) pour dénoncer la différence de traitement avec leurs homologues masculins. « La discrimination affecte non seulement leurs salaires, mais également leur lieu de jeu et leur fréquence, la manière dont elles s’entraînent, les traitements médicaux et les entraînements, et même la façon dont elles se rendent aux matchs », expliquait le New York Times.

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En France aussi, des joueuses se sont mobilisées. En février 2018, les Guingampaises avaient lancé un mouvement de grève inédit dans l’histoire du championnat de France féminin pour dénoncer le manque de moyens et de considération de la part du club en comparaison avec les hommes d’En avant Guingamp. Et les féminines de décrire les heures passées dans le bus pour une rencontre à Marseille, les repas qu’elles devaient se préparer elles-mêmes ou encore les problèmes de terrain pour l’entraînement à défaut d’en avoir un attitré…

Certains pays ont déjà pris des mesures pour réduire les écarts de rémunération entre les équipes féminines et masculines. Depuis fin 2017, les deux sélections norvégiennes touchent le même salaire. C’est aussi le cas en Nouvelle-Zélande et, depuis le 6 novembre, en Australie où les Socceroos et les Matildas bénéficient désormais du même traitement – déplacements en classe affaires inclus.

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