Accueil France

Cancers : la double peine des patients les plus pauvres

Les personnes les plus pauvres restent les moins armées pour combattre le cancer : elles sont plus nombreuses à devoir faire des avances de frais, à n’avoir pas de complémentaire santé, à devoir déménager temporairement pour se rapprocher de l’hôpital.

Temps de lecture: 3 min

C’est ce que souligne le 8e rapport de l’Observatoire sociétal de la Ligue contre le cancer, consacré au vécu des malades lors du «  parcours de soins » (suspicion du cancer, annonce du diagnostic, traitements…), dévoilé mercredi à l’occasion d’une journée organisée à Paris par la Ligue sur le bilan de dix ans de cet observatoire.

Se battre contre la maladie et la pauvreté

«  La paupérisation à laquelle aboutit le cancer est un phénomène qui n’a pas disparu (perte d’emploi, aidant obligé de moins travailler…) et c’est une difficulté supplémentaire pour qui n’a pas un matelas suffisant » pour faire face à ce parcours de plusieurs années, dit le Pr Axel Kahn, président de la Ligue. Plus de 3 millions de personnes vivent aujourd’hui en France avec un cancer, selon le ministère de la Santé. La Ligue consacre chaque année 5 millions d’euros pour l’aide sociale de 12 000 familles.

Avancer des frais

Le vécu du parcours de soins est étroitement lié à la situation sociale des patients : ceux qui ont les revenus les plus faibles (moins de 1 500 euros par mois) cumulent les difficultés, selon l’enquête auprès de 2 649 personnes atteintes de cancers ou en rémission, entre août 2015 et octobre 2018. Les personnes les plus pauvres doivent souvent avancer des frais, notamment pour les examens diagnostiques, en attendant la prise en charge à 100 % de l’ALD (affection de longue durée).

Elles sont aussi davantage contraintes de déménager de façon temporaire pour se rapprocher de l’hôpital. Parmi ceux qui ont moins de 1 500 euros de revenus, 12 % ont dû faire des avances de frais. Pour les revenus supérieurs, ils ne sont que 7 % dans ce cas. De même, 10 % n’ont pas de complémentaire santé contre 2 % parmi ceux qui disposent de plus de 1 500 euros.

« Les 18 euros quotidiens m’ont mise sur la paille »

«  Les 3 semaines d’hospitalisation, et surtout les 18 euros quotidiens, m’ont mise sur la paille », témoigne une patiente dans ce rapport. La communication avec les soignants s’avère également moins bonne : 15 % n’ont pas eu de réponse satisfaisante à leurs questions au moment de l’annonce contre 8 % chez les plus aisés. Les échanges avec les soignants sur l’après-cancer sont également moins fréquents (53 % contre 66 %). En outre, 31 % des participants ayant les plus faibles revenus mensuels ont abandonné certaines démarches administratives fastidieuses, renonçant à certains de leurs droits.

Un service spécial

Globalement, sur la prise en charge du cancer, il y a certes eu des progrès ces dernières années (diminution de certains reste à charge, soutien psychologique aux proches et aidants…). Pourtant l’application en pratique du droit à l’oubli qui donne la possibilité d’obtenir un prêt bancaire une fois guéri pèche encore. À tel point que la Ligue a un service spécial pour aider les personnes qui se sont heurtées à un refus, déplore le Pr Kahn.

Lire aussi

A lire aussi

Voir plus d'articles