
“Faut-il cesser d’exposer Gauguin ?” s’interroge le New York Times alors que l’exposition “Gauguin Portraits” proposée par la National Gallery à Londres déclenche une nouvelle polémique sur la vie de l’artiste.
En 1891, le peintre embarque pour Tahiti en quête d’inspiration. Lors de son séjour là-bas il a créé ses œuvres les plus connues, mais c’est aussi là-bas qu’il a eu des comportements et des propos vivement critiqués. Il est connu pour avoir entretenu des relations avec de jeunes vahinés mais aussi tenu des propos sur la colonisation. “À notre époque de sensibilisation accrue aux questions de races, de sexe et de colonialisme, les musées doivent réévaluer son héritage”, commente le quotidien new-yorkais.
Une exposition engagée
Les commissaires de l’exposition londonienne ont misé sur une grande transparence face à ces débats, affichant clairement sur les murs :
[L’artiste] a souvent eu des relations sexuelles avec de très jeunes filles, ‘épousant’ deux d’entre elles et ayant des enfants d’elles. Nul doute que Gauguin a tiré parti de sa position d’Occidental privilégié pour profiter de toutes les libertés sexuelles dont il disposait.”
Fruit d’une collaboration avec le Musée des Beaux-Arts du Canada, l’exposition avait déjà soulevé de telles questions lors de son ouverture à Ottawa en mai. Entre autres, le fait que Gauguin désigne les Polynésiens comme des “sauvages” ou “barbares” dans ses titres avait posé problème. “Neuf cartels ont dû être changés pour éviter l’emploi de termes irrespectueux des différences culturelles”, rapporte le New York Times.
Christopher Riopelle, co-commissaire de l’exposition à la National Gallery, explique : “Il ne suffit plus de dire : ‘Bah, c’était l’époque qui voulait ça.’”
“Révéler toutes ses zones d’ombre”
Mais cette position ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels des musées. Comme le souligne le New York Times, certains prônent la séparation de l’homme et de l’artiste, estimant que ces polémiques pourraient priver le XXIe siècle de grandes œuvres d’art.
Pour d’autres, au contraire, “le comportement de l’homme était si odieux qu’il a fait de l’ombre à l’œuvre”. Selon Line Clausen Pedersen, conservatrice danoise et commissaire de plusieurs expositions Gauguin, c’est précisément pour éviter que l’héritage artistique de Gauguin ne soit “déshonoré par ses mariages avec des mineures” que les expositions se doivent de reconnaître et mettre à nu ces épisodes de sa vie. Elle ajoute :
Tout ce qu’il reste à dire sur Gauguin, c’est qu’il faut révéler toutes ses zones d’ombre.”

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Avec 1 700 journalistes, une trentaine de bureaux à l’étranger, plus de 130 prix Pulitzer et plus de 10 millions d’abonnés au total, The New York Times est le quotidien de référence aux États-Unis, dans lequel on peut lire “all the news that’s fit to print” (“toute l’information digne d’être publiée”).
Dans son édition dominicale, on trouve notamment The New York Times Book Review, un supplément livres qui fait autorité, et l’inégalé New York Times Magazine. La famille Ochs-Sulzberger, qui, en 1896, a pris la direction de ce journal créé en 1851, est toujours à la tête du quotidien de centre gauche.
Quant à l’édition web, qui revendique à elle seule plus de 9 millions d’abonnés fin 2023, elle propose tout ce que l’on peut attendre d’un service en ligne, avec en plus des dizaines de rubriques spécifiques. Les archives regroupent des articles parus depuis 1851, consultables en ligne à partir de 1981.