Wanted : l'aéronautique recherche des volontaires pour partir sur la Lune (ou presque)

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Wanted : l'aéronautique recherche des volontaires pour partir sur la Lune (ou presque)

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Un un appel à candidatures est lancé pour recruter deux personnes (un titulaire et un suppléant) afin de participer pendant près d'un an à une mission (presque) lunaire.
Un un appel à candidatures est lancé pour recruter deux personnes (un titulaire et un suppléant) afin de participer pendant près d'un an à une mission (presque) lunaire.
© Getty - Markus Gann / EyeEm

L'institut supérieur de l'aéronautique recherche des volontaires pour participer à une simulation de mission lunaire. En restant confinés pendant huit mois dans un habitat situé en banlieue de Moscou, les six personnes feront avancer les connaissances sur les futures missions spatiales de longue durée.

À l'image de la petite annonce passée par Ernest Shackleton en 1914 pour constituer son équipage à bord du voilier polaire l'Endurance, les responsables du programme Sirius auraient pu écrire "Recherche femmes et hommes pour voyage immobile. Bas salaire. Longs mois d'isolement. Aucun danger. Retour garanti. Honneur et reconnaissance en cas de succès."

Des conditions de vie "comme dans l'ISS"

En collaboration avec l'Institut des Problèmes Biomédicaux de Moscou (l'IPBM) et le CNES, l'ISAE-SUPAERO lance un appel à candidatures pour recruter deux personnes (un titulaire et un suppléant) afin de participer pendant près d'un an à une mission (presque) lunaire. La personne choisie viendra compléter un équipage mixte et franco-russe de 5 personnes au total.  

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L'objectif : simuler un voyage vers la Lune, une mission en orbite autour du satellite, un alunissage, des explorations puis un retour sur Terre. Huit mois pendant lesquels les volontaires recrutés seront confinés dans des modules installés dans la banlieue de Moscou : "Ce sont des modules cylindriques comme dans l'ISS, la station spatiale internationale", explique Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheuse à l'ISAE-SUPAERO, chargée du recrutement des volontaires. 

Comme à bord de l'ISS, les modules seront séparés entre les cabines et les espaces communs (laboratoire, salle de sport, salle à manger). "Ensuite, il y a un sas qui s'ouvrira au moment de l'arrivée vers la Lune, puis un autre sas à l'alunissage pour simuler un sol lunaire avec la poussière, les rochers et un ciel artificiel", décrit la scientifique. Côté confort, les conditions sont spartiates : "pas de fenêtres, pas de hublots, lumière artificielle pendant les huit mois de la mission".

L'ISS, photographiée en juin 2019
L'ISS, photographiée en juin 2019
© Maxppp - Media Drum World

Des volontaires constamment surveillés

Le but de l'expérience ? "On s'intéresse à l’impact du confinement et de l’isolation sur les performances des équipages. Sur une mission telle que celle-là, il y a des activités "critiques" qui demandent beaucoup de concentration, de précision et de rapidité", explique Stéphanie Lizy-Destrez. "On cherche à savoir si ces compétences évoluent dans le temps : est-ce qu’on est plus performant au début de la mission, parce qu’on est enthousiaste ? Au milieu, parce qu’on a de l’entraînement, ou à la fin parce qu’on est pressé de rentrer ?"

Pour cela, les cobayes seront constamment sous surveillance. Pendant toute la durée de l'expérience, l'équipe de recherche collectera des données à la fois physiologiques (rythme cardiaque, mouvement des yeux), psychologiques (questionnaires d'humeur et de ressenti), et technologiques (nombre d'erreurs dans les tâches confiées, rapidité d'exécution). "Ils porteront sur eux des équipements de mesure sans jamais les enlever, un peu comme une montre connectée. Même lorsqu'ils dormiront, on surveillera leur sommeil."

Des critères de sélection drastiques

Si ces conditions de vie ne vous rebutent pas, il reste néanmoins quelques cases à cocher avant de pouvoir postuler au job de vos rêves (bon courage) : 

  • avoir entre 28 et 55 ans,
  • avoir une bonne connaissance de la langue et de la culture russe et française,
  • être capable de conduire les expériences demandées,
  • être diplômé en sciences aérospatiales.

"On s'adresse à une petite population", reconnaît Stéphanie Lizy-Destrez, mais "ce sont les critères typiques des sélections d'équipages d'astronautes et de cosmonautes". Enfin, il reste un obstacle de taille : pouvoir se libérer pendant 11 mois : outre les huit mois de mission, compter deux mois avant pour l'entraînement, et un mois après pour les analyses. 

Quand à la question de la rémunération, elle est encore "en discussion avec les laboratoires russes". Il est sûr que les volontaires seront "nourris et logés, pris en charge au niveau des assurances, etc.", précise Stéphanie Lizy-Destrez. Lors d'une expérience similaire pour une simulation martienne ( MARS 500), le français Romain Charles avait été pris en charge par l'Agence Spatiale Européenne. La compensation correspondait à son salaire d'ingénieur de l'époque. "Elle était la même pour tous les membres de la mission" précise t-il. "L'avantage c'est qu'on n'y touche pas pendant 8 mois". Sauf si l'on a un foyer à charge évidemment. 

Les candidatures peuvent être déposées jusqu'au 9 décembre.

Pour tous renseignements : https://sirius.isae.fr

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