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L‘Afrique de l'Ouest tente d'enrayer la fièvre Ebola

Un centre de quarantaine a été mis en place par Médecins sans frontières à Guéckédou, lundi, dans le sud de la Guinée. SEYLLOU/AFP

INFOGRAPHIE - Les pays frontaliers de la Guinée mettent en place des plans de protection contre ce virus mortel dans plus d'un cas sur deux.

La mobilisation contre l'épidémie de fièvre Ebola qui s'est déclarée dans quelques pays d'Afrique de l'Ouest - Guinée, Liberia et Sierra Leone - continue de prendre de l'ampleur. Au vu de l'extension des foyers d'infection, certains pays - Sénégal, Mali, Maroc - se préparent déjà à la lutte contre l'arrivée du virus. À titre préventif, l'Arabie saoudite a suspendu l'octroi de visas pour les pèlerins de La Mecque venus de Guinée ou du Liberia.

La surveillance dans les aéroports est renforcée. Selon Médecins sans frontières (MSF), l'une des organisations humanitaires les plus actives sur le terrain, «nous faisons face à une épidémie d'une ampleur inédite dans la répartition des cas à travers le pays». L'AFP rapportait mardi 131 cas de contaminations dont 82 décès en Guinée. C'est déjà l'épidémie d'Ebola la plus meurtrière depuis sept ans.

Le fait que des malades aient été signalés à Conakry, capitale de la Guinée (environ 2 millions d'habitants), est particulièrement inquiétant. Car dans cette ville vit un cinquième des Guinéens, ce qui fait monter, d'après les spécialistes, d'un cran le risque que l'épidémie échappe au contrôle.

La fièvre hémorragique Ebola se caractérise le plus souvent par une apparition brutale de la fièvre, une faiblesse intense, des myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhée, d'une éruption cutanée, d'une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d'hémorragies internes et externes. Le virus ne se transmet pas dans l'air, comme une grippe, mais par contact direct (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions de personnes infectées, vivantes ou mortes, ou indirect par l'intermédiaire d'environnements contaminés par ce type de liquides.

Depuis 1976, année de la première détection de l'Ebola (nom de la rivière de l'ancien Zaïre près de laquelle a eu lieu cette découverte), l'Afrique a été victime d'une vingtaine de crises épidémiques, avec une interruption mystérieuse entre 1979 et 1994. Cinq espèces de ces filovirus sont connues, dont quatre sont pathogènes pour l'homme, l'espèce dite «Zaïre» étant la plus dangereuse car mortelle dans trois quarts des cas. Celle-ci aurait fait plus de 1 500 victimes depuis 1976.

C'est le 21 mars dernier que l'Institut Pasteur a confirmé la présence de cette souche de virus en Guinée. «C'est effectivement dans nos laboratoires qu'a été caractérisée cette souche, explique Sylvain Baize, responsable du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de Lyon, rattaché à à l'unité de biologie des infections virales émergentes de l'Institut Pasteur. L'émergence de cette souche à 2 000 kilomètres de son apparition est assez mystérieuse.» Le fait que le réservoir naturel de ce virus soit sans doute la chauve-souris pourrait expliquer cette dissémination, via d'autres animaux et la viande de brousse.

S'il n'y a pas encore de vaccin ou de traitement contre ces virus, ils ne résistent pas sur les objets ou les animaux à la désinfection et à une protection physique intégrale: gants, masque et combinaison hermétique permettent de s'en prémunir. «Le personnel médical est en première ligne dans ce combat, insiste Sylvain Baize. Des précautions drastiques s'imposent envers les malades suspectés d'Ebola. Mais les malades sont vite alités, donc ils ne peuvent pas contaminer d'autres personnes que leur entourage proche. Il faut donc être très attentif aux possibles foyers secondaires de propagation de l'épidémie.»

Un autre des problèmes dans la lutte contre la dissémination du virus est le rituel funéraire en vigueur dans ces régions où il faut toucher les défunts, qui restent contaminants. «L'OMS a fait venir des ethnologues pour expliquer le problème aux populations et tenter de changer leurs habitudes, souligne Sylvain Baize. D'autant que dans ces trois pays [Guinée, Sierra Leone, Liberia] les frontières ne sont pas vraiment fermées, et que des familles se trouvent dispersées dans les trois pays et ne se retrouvent qu'en des moments familiaux comme les funérailles.» Même si l'épidémie n'est pas encore hors contrôle, la mobilisation en hommes et en matériel doit rester importante.


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