C’est une figure de la cause des femmes et des droits humains qui vient d’être tuée, à Mogadiscio. Mercredi 20 novembre, la militante canado-somalienne Almaas Elman a été touchée mortellement par balle alors qu’elle s’apprêtait à prendre un vol pour Nairobi où elle séjournait.

► Quelles sont les circonstances de sa mort ?

C’est au volant de sa voiture, dans un quartier hypersécurisé de la capitale somalienne, que la jeune femme a reçu cette balle : sa mort a été constatée dans l’ambulance qui la conduisait à l’hôpital. Le chef de la police, le général Zakia Hussein, a indiqué que, pour l’heure, l’enquête avait déterminé la cause de sa mort. Les circonstances restent floues. A-t-elle été atteinte par une balle perdue ou a-t-elle été visée sciemment ? On sait en particulier que les Chebabs, qui ont infiltré la capitale somalienne, conduisent des attaques ciblées.

Assis à son côté dans la voiture, le cameraman freelance Said Fadhaye, a évoqué, lui une attaque conduite par plusieurs personnes, sans donner plus de précision sur son compte Facebook. Almaas Elman a trouvé la mort dans la zone la plus sécurisée de Somalie, où l’on trouve les ambassades, les agences de l’ONU, une importante base de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom) et la délégation de l’Union européenne.

► Une famille au service de la paix.

Ses parents ont fondé en 1990 le Elman Peace Center pour promouvoir la paix en Somalie. Quand la guerre éclate dans ce pays, la mère d’Almaas Elman, Fartuun Adan, quitte le pays avec ses trois filles pour gagner le Canada et y demander l’asile. Le père, l’homme d’affaires Elman Ali Ahmed, est resté en Somalie pour défendre et promouvoir les droits humains. En 1996, il est assassiné.

C’est en 2016 que Fartuun Adan revient en Somalie pour poursuivre l’engagement de son époux. En 2010, elle est rejointe par l’une de ses filles, Ilwad Elman. Les deux femmes relancent les activités du Elman Peace Center, et notamment les programmes de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Toute la famille est engagée dans la reconstruction du pays. En octobre, Ilwad Elman, la sœur d’Almaas, a été pressentie pour l’obtention du prix Nobel de la paix.

Almaas Elman leur apportait son aide. Elle encourageait les enfants et les jeunes adultes à abandonner les armes pour retourner à l’école. Dans son dernier tweet, le 19 novembre, elle écrivait avec humour qu’un jour de voyage à Mogadiscio n’était jamais trop long. Elle était enceinte quand elle a été tuée.

Sur son compte Twitter, Ilwad Elman, dans un message sobre sur encart noir, a appelé chacun à se joindre en prières ou en pensées à la cérémonie pour sa sœur, prévue ce vendredi 22 novembre à Mogadiscio.