A la veille du discours de politique générale de Manuel Valls, mardi 8 avril, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, veut rester vigilant sur le « changement de scénario » qui suivra, après la déroute des élections municipales. A l'instar des quelque cent députés frondeurs, dont certains ont été reçus dimanche soir par le nouveau premier ministre, M. Bartolone appelle à un « nouveau contrat » avec le Parlement et à un changement d'orientation sur la politique européenne.
Manuel Valls doit faire sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, mardi 8 avril. Que doit contenir son discours ?
Claude Bartolone : Il doit d'abord expliquer ce qu'on nous a reproché pendant ces élections municipales : de ne pas être professionnels, les nombreux couacs gouvernementaux, de ne pas savoir ce que nous voulions, d'avoir augmenté les impôts sans démontrer les premiers résultats. Au-delà de ce constat, je souhaite que le Parlement soit au coeur de la deuxième phase du quinquennat.
Le premier ministre doit montrer l'attention qu'il veut lui porter, ce qui veut dire consulter avant de dialoguer, et penser sans cesse à rassembler. Au-delà de la composition de son gouvernement, il doit expliciter les priorités sur lesquelles il veut travailler. Nous devons collectivement mieux définir le cap du redressement du pays et préciser le socle social qui garantit la justice.
Quels sont ces thèmes ?
En premier lieu, l'Europe. Avant de savoir ce que nous pouvons dépenser, il faut absolument que le gouvernement puisse discuter avec les députés de ce que nous allons lui réclamer. D'abord notre trajectoire budgétaire : nous ne demandons pas un sursis, nous demandons du réalisme. Il ne s'agit pas de ne pas se moderniser ou de ne pas assainir, mais les conditions de la remise en place ne doivent pas tuer l'objectif. Nous ne pouvons sacrifier la France à l'Europe libérale.
Ensuite, je veux que le premier ministre sanctuarise un bloc de solidarité. Quels que soient les efforts indispensables pour reconstruire l'appareil industriel, ils ne se feront pas en menaçant notre modèle social et républicain. Des signes doivent être adressés aux plus humbles en matière d'emploi, de justice sociale ou de pouvoir d'achat. Enfin, je veux qu'il puisse avancer sur la question de la transition énergétique pour poser les jalons d'un véritable projet social-écologique. Il doit imprimer son style, indiquer des grandes orientations, mais pas pour solde de tout compte. C'est le début d'une nouvelle manière de fonctionner avec l'Assemblée nationale, et bien entendu le pays.
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