L'ONU Femmes demande à la France d'inscrire le féminicide dans le Code pénal

Pour l’association, les victimes ont été insuffisamment protégées par un arsenal juridique «inefficace».

 Les noms de femmes victimes de féminicides  avaient été accrochés en juin sur la grille du Pantheon, à Paris.
Les noms de femmes victimes de féminicides avaient été accrochés en juin sur la grille du Pantheon, à Paris. AFP/Teresa SUAREZ.

    L'association ONU Femmes France a appelé jeudi à « une mobilisation générale » contre les féminicides, en lançant notamment une campagne pour faire reconnaître ce terme dans le droit français et ainsi mieux « protéger les victimes ». En 2018, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Un chiffre qui risque encore d'être atteint voire dépassé cette année.

    « Si la société prend conscience de l'ampleur de ce phénomène, force est de constater que les victimes ont été insuffisamment protégées par un arsenal juridique jugé inefficace », estime dans un communiqué l'émanation française de l'agence des Nations Unies pour l'égalité des sexes. Elle demande donc la « reconnaissance spécifique du féminicide dans le droit pénal français ».

    « Chacun. e d'entre nous peut connaître dans son entourage une femme menacée. Il est inhumain qu'à notre époque, des femmes risquent leur vie parce qu'elles sont femmes », a souligné Céline Mas, présidente d'ONU Femmes France. Selon elle, « faire reconnaître le féminicide dans la loi est une étape absolument fondamentale dans la quête de justice ».

    La campagne #LeFéminicideDansLaLoi est lancée en partenariat avec un collectif d'associations, dont le Conseil international des femmes françaises, le Forum femmes Méditerranée, la Fédération nationale Solidarités Femmes, ou encore la Fondation des femmes. Elle débutera le 25 novembre à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Un colloque sera organisé ce jour-là avec le barreau de Paris.

    Reconnu en 1992 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le mot féminicide est de plus en plus employé en France pour désigner les meurtres de femmes par leurs conjoints ou ex-conjoints.

    Il fait aussi débat, notamment entre les associations féministes, qui demandent sa reconnaissance pénale, et des juristes qui l'estiment inutile, le fait de tuer son conjoint étant déjà une circonstance aggravante et passible de la réclusion criminelle à perpétuité.