Après avoir perdu l'usage de son œil lors des échauffourées qui ont éclaté place d'Italie le 16 novembre, Manuel a porté plainte. (Image d’illustration) 1:20
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Maximilien Carlier, édité par Romain David , modifié à
Manuel a reçu une grenade lacrymogène en plein visage, durant les échauffourées qui ont éclaté place d'Italie à Paris, le 16 novembre, lors du rassemblement marquant le premier anniversaire du mouvement des "gilets jaunes". Mais il ira de nouveau manifester à Valenciennes, samedi.
TÉMOIGNAGE

Manuel, manifestant gilet jaune éborgné le 16 novembre à Paris par un projectile, participera samedi a une marche contre les violences policières, organisée à Valenciennes en son soutien. Ce nordiste de 41 ans, accompagné de sa conjointe, a reçu le week-end dernier une grenade lacrymogène en plein visage, alors qu’il se trouvait Place d’Italie pour le premier anniversaire du mouvement né sur les ronds-points. Depuis, il a perdu l'usage de son œil.

Malgré la coque qui recouvre sa blessure, l’hématome reste encore visible et s’étend jusqu’à son nez. Une semaine après l’accident, Manuel ne cache pas son amertume : "Je me sens détruit… perdre mon œil alors que je travaille dans l’automobile, je pense que je n’aurai plus de travail", explique-t-il au micro d’Europe 1.

"On est arrivé sur Paris, et c’était un guet-apens. On s’est retrouvé au milieu d’un piège, d’un piège à rat", dénonce Manuel, qui assure avoir toujours manifesté pacifiquement. Les images de la place d'Italie à Paris, lieu d'affrontements entre "gilets jaunes" et policiers pendant plusieurs heures samedi dernier, ont marqué cet "acte 53" de la mobilisation à la chasuble fluo. "Maintenant, ma vie est au point mort. C’est injuste, je ne méritais pas ça", déplore notre manifestant.

"Nous avons porté plainte, et on ira jusqu’au bout"

À ses côtés, sa compagne Séverine, employée en milieu hospitalier, tente de le réconforter, lui donne la main, l’embrase, mais se montre aussi très en colère. "Nous avons porté plainte, et on ira jusqu’au bout. On ne lâchera pas le Préfet de police. Il est hors de question qu’à cause de lui la vie de mon homme soit gâchée, et que cela reste impuni", lance-t-elle. 

Un juge d’instruction a été chargé de l’enquête. Mais la victime à dors et déjà refusé d’être entendu par l’IGPN, la police des polices, dénonçant par l’intermédiaire de son avocat, "la partialité de l'IGPN qui étouffe les affaires de violences policières".