R comme Robert Guédiguian : "Je suis un fou de l’humanité"

Portrait de Robert Guédiguian devant la Cinémathèque de Toulouse, le 20 juillet 2016 ©AFP - Eric Cabanis
Portrait de Robert Guédiguian devant la Cinémathèque de Toulouse, le 20 juillet 2016 ©AFP - Eric Cabanis
Portrait de Robert Guédiguian devant la Cinémathèque de Toulouse, le 20 juillet 2016 ©AFP - Eric Cabanis
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Née à contretemps, l'oeuvre de Robert Guédiguian est aujourd'hui plus que jamais à l'heure juste. Rencontre avec un cinéaste qui, depuis 40 ans, dialectise et articule dans ses films, de façon collective et politique, le monde tel qu'il est, et devrait être.

Avec

Depuis près de 40 ans et en 21 films, le cinéma de Robert Guédiguian représente une tension, entre le monde tel qu’il est, et tel qu’il pourrait être, entre désespérance et nécessité de continuer à se battre, collectivement, pour inventer autre chose. Tendue tout autant entre raison et émotion, interpellation du spectateur et appel à sa conscience, cela fait donc quatre décennies que l'oeuvre de Robert Guédiguian nous accompagne, nous aide à vivre et à appréhender le monde, depuis ce point de vue, ce « lieu du possible » qu’est l’Estaque, son port d’attache, dont il a fait un des points nodaux du cinéma contemporain. 

Je continue à regarder le monde du point de vue de l’Estaque, de la petite fenêtre où je suis né. Je m’y efforce et j’ai essayé d’être fidèle de ce point de vue. Je croyais que pour raconter quelque chose, il fallait quand même s’en éloigner. Je continue de le croire. Il faut pouvoir partir pour se remémorer ce qu’on a vu et pouvoir le raconter. Le travail de la mémoire est très proche du travail de la fiction. Robert Guédiguian

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Revoir l'œuvre de Robert Guédiguian, de Dernier été en 1981 où l'on voit la naissance de l'acteur Gérard Meylan, à Gloria Mundi en 2019_,_ en passant par Marius et Jeannette en 1997 qui marque sa rencontre avec le grand public, c’est l’expérience unique, poétique et bouleversante, de voir vieillir à l’écran des figures et des corps, de celles et ceux, moins d’une famille, que d’une troupe, qu’il s’est constituée dès le départ et que ni lui ni nous n’avons jamais quittées. 

Il y a quelque chose chez moi de vouloir maintenir un groupe, un collectif en état de marche. En l’occurrence c’est une troupe comme au théâtre. Dans un contexte familial, et amical, les acteurs n’ont pas la moindre hésitation à lâcher prise. Ils n’ont aucune mauvaise pensée. Il y a une telle confiance, que tout le monde se sent dans une liberté totale, jusqu’à se laisser aller à faire des documentaires sur les acteurs avec qui je travaille, à l’intérieur des fictions qu’ils incarnent. Je capte leur état d’acteur dans le personnage. Robert Guédiguian

A voix nue
29 min

La sortie en salles de son dernier film, peut-être le plus noir, Gloria Mundi, constat terrible et tragique d’une classe populaire atomisée, où l’idéologie et le discours des dominants se sont infiltrés au tréfonds des âmes et provoquent la lutte de tous contre tous, conséquence ultime de la mort des idéaux, l’édition aussi d’un coffret DVD rassemblant l’intégralité de ses films en copies restaurées nous donne l’occasion de recevoir dans Plan Large, Robert Guédiguian.

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En fin d'émission, la chronique de Mathieu Macheret sur le cinéaste autrichien Georg Wilhem Pabst, qui a conquis ses lauriers dans la période du cinéma muet allemand, découvreur, avec Loulou et La Rue sans joie, de Louise Brooks et de Greta Garbo. Mais Pabst a vite vu sa réputation ternie non seulement par ses pérégrinations pas toujours heureuses entre l'Angleterre, la France et les États-Unis, mais surtout par sa compromission avec le cinéma nazi au début des années 1940. Inégal, un rien oublié aujourd’hui, Pabst connaît un retour en grâce ces temps-ci, avec deux rétrospectives, à la Cinémathèque française, et en salles mais aussi en coffret DVD de 12 films en version restaurées (édité chez Tamasa), qui illustrent donc cette trajectoire sinueuse, foisonnante, parfois contradictoire, qui reflète néanmoins les accidents de son siècle.

Les recommandations de Plan Large 

Le Festival Un week-end à l’est, consacre sa 4ème édition à Belgrade, avec 8 séances de films serbes, de 1980 à nos jours, dont deux documentaires de la grande Mila Turajlić, et une rencontre, animée par la directrice de France Culture Sandrine Treiner, le dimanche 1er décembre à 19h au Théâtre de la Ville – Espace Cardin à Paris, avec Oleg Sentsov, le cinéaste ukrainien dont nous vous avons beaucoup parlé ici, récemment libéré des geôles russes. 

Coffret DVD en 9 films, du cinéaste Youssef Chahine, 1954-1979 : la complainte égyptienne, est édité chez Tamasa. Réécoutez le documentaire Une Vie, une Oeuvre : Youssef Chahine, un ami égyptien.  

Ressorties en salles : cap à l’Est avec la réédition du très culte L’Incinérateur de cadavres, du Tchécoslovaque Juraj Herz, qui fait un tabac en salles ; et quatre films de la période tchécoslovaque de Milos Forman : L’Audition, L’As de pique, Les Amours d’une blonde et Au feu, les pompiers. 

Les extraits de films

  • Dernier été, de Robert Guédiguian (1981)
  • Ki Lo Sa ?, de Robert Guédiguian (1985)
  • Marius et Jeannette, de Robert Guédiguian (1997)
  • Le Voyage en Arménie, de Robert Guédiguian (2006)
  • L'Armée du crime, de Robert Guédiguian (2009)
  • Gloria Mundi, de Robert Guédiguian (2019)
  • A l'attaque !, de Robert Guédiguian (2000)
  • L'Opéra de Quat'Sous, de Georg Wilhem Pabst (1931)
  • La Tragédie de la mine, de Georg Wilhem Pabst (1931)
  • Le Journal d'une fille perdue, de Georg Wilhem Pabst (1929)
La Grande table (1ère partie)
28 min

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