Partager
Société

A Milan, l'exposition choc d'un hôpital pour dénoncer les violences faites aux femmes

réagir
Le docteur Maria Grazia Vantadori pointe du doigt une radio qui montre la lame d'un couteau qsui a pénétré le corps d'une femme, à l'hôpital San Carlo à Milan le 22 novembre 2019
Le docteur Maria Grazia Vantadori pointe du doigt une radio qui montre la lame d'un couteau qsui a pénétré le corps d'une femme, à l'hôpital San Carlo à Milan le 22 novembre 2019
AFP - MIGUEL MEDINA

Sur la radiographie en noir et blanc, la lame du poignard se détache nettement sur la cage thoracique... C'est l'une des images fortes de l'exposition qu'un hôpital milanais consacre aux violences faites aux femmes.

Dans le hall de l'hôpital San Carlo, une douzaine de clichés sont présentés: radiographies d'un nez et d'un poignet cassés, d'un doigt déboîté, d'un tibia et d'une côte fracturés...

Organisée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes, lundi, l'exposition, à la fois pudique et violente, dénonce les sévices domestiques endurés par des victimes qui ont passé la porte de l'établissement, cherchant de l'aide.

C'est la chirurgienne Maria Grazia Vantadori qui a eu l'idée de présenter ainsi une réalité qu'elle a vécue au cours de près de trois décennies de pratique.

Des visiteuses de l'exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019  (AFP - MIGUEL MEDINA)
Des visiteuses de l'exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019 (AFP - MIGUEL MEDINA)

Bien que des femmes arrivent aux urgences ensanglantées, parfois coupées ou le visage brûlé à l'acide, la praticienne de 59 ans a opté pour les images plus "stériles" des rayons X, estimant qu'elles sont encore plus fortes.

"Je voulais apporter mon expérience dans ce domaine mais je ne voulais pas que ce soit sanglant, juste montrer quelque chose de vrai, de réel", a déclaré Mme Vantadori à l'AFP.

"L'avantage des rayons X, c'est qu'avec eux nous sommes plus ou moins tous les mêmes. Nos os sont identiques et chacune d'elles peut être n'importe quelle femme", explique-t-elle.

Au cours de sa carrière, le médecin dit avoir vu "des centaines et des centaines" de lésions de tous types sur les femmes, parfois gravissimes.

Des visiteurs de l'exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019  (AFP - MIGUEL MEDINA)
Des visiteurs de l'exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019 (AFP - MIGUEL MEDINA)

Elle raconte aussi que, même face à l'évidence, ces martyrs du quotidien refusent souvent d'avouer que leur bourreau n'est autre que leur compagnon, leur fiancé ou leur mari, par honte ou par peur de perdre leurs enfants.

En Italie, 142 femmes ont été tuées par la violence domestique en 2018, un chiffre en hausse de 0,7% par rapport à l'année précédente, selon l'institut de recherche italien Eures.

Ces cinq dernières années, 538.000 femmes ont été victimes d'abus physiques ou sexuels de la part de leur partenaire, selon l'Institut italien de la statistique (Istat).

- "43 coups de poing" -

La chirurgienne Maria Grazia Vantadori lors d'une exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019  (AFP - MIGUEL MEDINA)
La chirurgienne Maria Grazia Vantadori lors d'une exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019 (AFP - MIGUEL MEDINA)

L'une d'elles, dont le témoignage est présenté à Milan, a raconté comment son partenaire lui a fracassé le visage contre le mur de la cuisine et l'a frappée à coups de poing à 43 reprises. "J'ai compté les coups pour essayer d'oublier la douleur, sinon je serais morte", confie-t-elle.

L'une des images les plus fortes montre un couteau de boucher enfoncé dans une cage thoracique, celle d'une femme qui "a miraculeusement vécu", explique Mme Vantadori.

Pour tenter de mettre fin à la spirale de la violence, l'hôpital San Carlo offre une aide complète aux victimes, via un centre qui propose un soutien psychologique et des services sociaux, notamment une aide juridique.

Un médecin montre les os fracturés sur une radiographie lors d'une exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019  (AFP - MIGUEL MEDINA)
Un médecin montre les os fracturés sur une radiographie lors d'une exposition sur les violences faites aux femmes à l'hôpital San Carlo de Milan, le 22 novembre 2019 (AFP - MIGUEL MEDINA)

Le plus important "c'est que les femmes sachent que de telles structures existent", explique sa directrice Pavahne Hassebi. Selon l'Istat, il y avait 253 établissements comme celui-là en 2017 dans la péninsule.

Bien que la prise de conscience ait augmenté au cours des dernières décennies, le phénomène persiste et n'a aucun lien avec la couleur de peau ou le milieu social, explique Maria Grazia Vantadori.

L'indignation contre la violence sur les femmes s'est accrue à la suite du mouvement #MeToo. En Europe, elle a été plus visible en France où le fléau a été déclaré "grande cause nationale" en 2018. L'AFP a estimé à au moins 115 le nombre de féminicides commis en France depuis le début de 2019. Ils étaient 121 en 2018.

Samedi, des milliers de personnes ont manifesté à Rome contre la violence envers les femmes. Beaucoup portaient des pancartes réclamant justice pour Daniela Carrasco, dite "La Mimo", l'artiste de rue chilienne morte en octobre à Santiago dans des circonstances mystérieuses qui font l'objet d'une enquête judiciaire.

L'ONU a estimé qu'en 2017, 87.000 femmes ont été tuées dans le monde, dont plus de la moitié par leur conjoint, leur partenaire ou dans leur propre famille.

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications