Marlène Schiappa : "Il faut cesser de considérer les violences conjugales comme des affaires privées"

Marlène Schiappa, invitée du Téléphone Sonne de France Inter.  ©Radio France - Capture d'écran France Inter
Marlène Schiappa, invitée du Téléphone Sonne de France Inter. ©Radio France - Capture d'écran France Inter
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Marlène Schiappa, invitée du Téléphone Sonne de France Inter. ©Radio France - Capture d'écran France Inter
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Au lendemain de la clôture du Grenelle des violences faites aux femmes, Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations est l'invitée du grand entretien à 8h20.

Avec
  • Marlène Schiappa Secrétaire d'état chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la vie associative

Le second Grenelle des violences conjugales s s'est terminé hier, le 25 novembre 2019. Le Premier ministre a confirmé une trentaine de mesures qui avaient été évoquées en septembre, lors du premier Grenelle des violences faites aux femmes. Alors que l'AFP recense au moins 117 féminicides depuis le début de l'année, à quel moment ces mesures porteront-elles leurs fruits ? "Le sujet est trop sérieux pour que l'on puisse vous promettre 'Là, à cette date, il n'y aura plus de féminicides', reconnaît Marlène Schiappa. "Tout ce que je peux promettre, c'est de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger les femmes".

Sur la levée du secret médical

Le gouvernement veut pouvoir lever le secret médical "pour faire en sorte que lorsqu'un soignant prend conscience d'un danger de mort imminente, il puisse alerter sans risquer une sanction de l'Ordre des médecins", explique la secrétaire d'État qui doit justement rencontrer le président de l'Ordre des médecins ce mardi. 

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"Je comprends que l'on dise 'si on lève le secret médical, les femmes n'auront plus confiance en leur médecin'. Mais lorsqu'une femme est en danger et qu'un tueur l'attend chez elle, je crois que c'est une responsabilité citoyenne de faire en sorte que cette femme ne soit pas tuée."

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Sur le budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes

"On peut toujours mettre plus d'argent", concède Marlène Schiappa face aux associations qui estiment le budget trop faible. "Je comprends que ce soit un débat qui dégage beaucoup de colère. Mais le budget est de 1,116 milliards d'euros pour 2020. Ce n'est pas moi qui le dis, mais la direction du budget de l'État. Et Bercy n'est pas réputée pour être particulièrement féministe, ni pour lâcher de l'argent comme ça !"

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Sur les bracelets anti-rapprochement

Selon la secrétaire d'État, cinq millions d'euros seront engagés pour la création et la mise en oeuvre de ces bracelets (appels d'offre, etc.) et 1,8 millions d'euros par an seront consacrés au fonctionnement de ce dispositif censé éloigner le conjoint violent. 

Sur les modalités de divorce 

Une auditrice pose la question à Marlène Schiappa de la pension alimentaire, que certaines femmes victimes sont condamnées à verser à leur ex-conjoint violent s'il gagne moins qu'elles. "C'est terrible. J'ai moi-même rencontré une femme dans cette situation. Je trouve ça tout à fait scandaleux", réagit la secrétaire d'État. "Nous allons travailler sur une loi en janvier", assure-t-elle.

Sur le changement de mentalité dans la société française

"Avant le Grenelle, seuls 8 % des Français connaissaient le 3919 [le numéro d'écoute et d'aide pour les femmes battues, ndlr]. Aujourd'hui, 59 % des Français le connaissent", explique Marlène Schiappa. "La société commence à peine maintenant à prendre la mesure de l’ampleur des violences conjugales, à cesser de considérer que ce sont des faits privés, une fatalité, et que ça ne nous regarde pas."

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Au Québec, avertit une auditrice, une tierce personne peut porter plainte à la place des victimes. À quand cette mesure en France ? Actuellement, on ne peut pas porter plainte pour autrui mais "on peut faire des signalements à la police. Quand on entend un cambriolage chez ses voisins, on compose le 17. Je voudrais que l'on fasse pareil lorsqu'on est témoin de violences conjugales."

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Sur l'affaire Adèle Haenel et les "tribunaux médiatiques"

Début novembre, l'actrice Adèle Haenel accusait sur Mediapart le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" lorsqu'elle était adolescente. Sur France Inter, la ministre de la Justice Nicole Belloubet lui conseillait, quelques jours après, de "saisir la justice". Ce que n'envisage pas l'actrice. L'avis de Marlène Schiappa : "En tant que femme, je comprends Adèle Haenel qui rejette la justice. Nicole Belloubet est ministre de la Justice : elle est dans son rôle de dire qu'elle aurait dû porter plainte."

"À l'heure actuelle, je constate que seulement 1 % des violeurs sont en prison. Donc je ne serai jamais dans l'injonction vis-à-vis des victimes, en leur disant 'portez plainte'."

Certains dénoncent toutefois un "tribunal médiatique" et le non-respect de la présomption d'innocence. Où placer le curseur ? "Il faut que la présomption d'innocence existe toujours", estime Marlène Schiappa. "T_witter n'est pas un tribunal. Je crois qu'il ne faut pas forcément relayer les noms tant qu'il n'y a pas eu de procès, mais je pense aussi qu'il faut croire les femmes._"

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Sur les municipales 

Marlène Schiappa sera-t-elle, comme le disent certaines rumeurs, candidate à la mairie du XIVème ? "Honnêtement, je ne sais pas encore. Ces derniers mois, j'étais vraiment concentrée sur le Grenelle des violences conjugales." La secrétaire reconnaît toutefois : "Ce n'est pas acté, mais il y a beaucoup d'endroits très intéressants en France. Le Mans, la Corse, Paris..."

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