Un très léger mieux pour la qualité de l'air en France
Les dépassements de seuils n'ont pas augmenté en 2018. Mais ils demeurent « récurrents » dans les grandes agglomérations, signale le dernier bilan du ministère de la Transition écologique publié ce mercredi. Les alertes à l'ozone, exacerbées par les canicules, se sont multipliées.
Par Joël Cossardeaux
A quelques entorses près, la tendance à l'amélioration de la qualité de l'air observée depuis 2000 par le ministère de la Transition écologique s'est confirmée l'an dernier. C'est ce que fait ressortir le dernier bilan établi par le Commissariat général du développement durable (CGDD), publié ce mercredi. En 2018 comme en 2017, cinq polluants sur les douze soumis à la réglementation européenne ont dépassé les normes. Il s'agit principalement des particules en grande partie émises par les nitrates dans l'agriculture (les PM 10), du dioxyde d'azote (le NO2) rejeté par le chauffage et le trafic automobile et de l'ozone (le 03) lié aux pics de chaleur particulièrement intenses qui ont sévi dans les villes l'an dernier.
Ces excès « sont moins nombreux que par le passé », commentent les auteurs du bilan mais ils sont « récurrents ». Surtout s'agissant de la pollution à l'ozone. Les bornes fixées par Bruxelles ont été dépassées par 40 agglomérations à la suite de trois grands épisodes de pollution d'ampleur nationale, fin juin, fin juillet et début août 2018, exacerbés par des « conditions climatiques extrêmes » qu'ont été les canicules.
Des particules fines divisées par deux depuis 2000
Ces agglomérations sont douze de plus qu'en 2017. « Les plus touchées sont celles de moyenne et de petite taille (moins de 50.000 habitants) », pointe l'étude. A la différence des rejets de dioxyde d'azote et de particules qui affectent surtout les grandes zones urbaines. Respectivement onze et trois agglomérations ont contrevenu au droit communautaire. C'est un petit peu mieux qu'en 2017. On est désormais loin du pire « score » observé en 2003, quand 37 agglomérations dépassaient les seuils admis.
Les cas encore abusifs « se situent dans la grande moitié nord de la France métropolitaine », observent les experts du CGDD. En son sein, la région parisienne est toujours la seule à cumuler les dépassements de seuils de ces trois polluants.
Particules fines
Sur le front des autres substances nuisibles à la santé humaine, l'amélioration observée ces dernières années se maintient. Ainsi, les émissions de particules fines (PM 2,5), dues au chauffage et aux véhicules diesel, sont restées partout dans les clous l'an dernier, comme c'est le cas depuis 2015. En volume, ces rejets accusent une baisse très nette dans le temps : - 53 % entre 2000 et 2018, selon l'étude.
Il ne s'agit pas d'un cas isolé. En près de vingt ans, les émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont fondu de 79 % et celles d'oxydes d'azote de plus de moitié (54 %). Quant aux PM 10, leurs rejets ont diminué de 44 %.
Ces chiffres amènent le CGDD à considérer que « la qualité de l'air s'est globalement améliorée sur la période 2000-2018 ». Cette embellie, mise au compte d'« actions impulsées tant à l'échelle nationale qu'au niveau local » (plans de protection de l'air, vignettes Crit'Air), risque d'être beaucoup moins flagrante l'an prochain. L'immense panache qui s'est répandu sur une partie du nord de la France, après l'incendie de l'usine Lubrizol en septembre dernier , devrait laisser des traces dans le bilan 2019 sur la qualité de l'air.
La France dans l'oeil de la justice européenne
La France a beau dire qu'elle fait des efforts pour améliorer la qualité de l'air, cela n'impressionne pas Bruxelles qui perd patience. Dans un jugement rendu fin octobre, la Cour de justice de l'Union européenne a estimé que Paris avait dépassé de manière « systématique et persistante », le seuil de dioxyde d'azote (NO2) depuis 2010. Au vu du dernier rapport sur la qualité de l'air publié par le ministère de la Transition écologique, 11 agglomérations ont encore franchi les bornes en 2018.
Joël Cossardeaux