A Berlin et Dublin, comme à Paris, les agriculteurs en colère bloquent les centres-villes

VIDÉO. L’objectif de la mobilisation paysanne qui a lieu en France ce mercredi : faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution. Une grogne paysanne qui trouve son écho à en Allemagne et en Irlande.

Sur l’A10, des agriculteurs en colère convergent vers Paris pour une journée de manifestation nationale, mercredi 27 novembre 2019.

Sur l’A10, des agriculteurs en colère convergent vers Paris pour une journée de manifestation nationale, mercredi 27 novembre 2019. 

Au volant de leur tracteurs, des centaines d’agriculteurs ont convergé ce mercredi 27 novembre au matin vers Paris, occasionnant des ralentissements. En milieu de matinée, environ 200 agriculteurs bloquaient les Champs-Elysées, de l’autre côté de la place de l’Etoile, déversant du foin devant le restaurant Le Fouquet’s. L’objectif de cette manifestation d’envergure nationale ? Faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution, à l’appel des syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs.

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Au total, plus de 1 000 tracteurs venus de six régions entourant la capitale devaient se diriger vers le périphérique puis se rassembler sur l’avenue Foch, quartier cossu dans l’ouest de la capitale. Les forces de l’ordre ont installé des barrières près de l’Arc de Triomphe, pour empêcher les tracteurs d’aller plus loin dans Paris.

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Même colère paysanne à Berlin et Dublin

Cette grogne trouve un écho au niveau européen : mardi, les paysans allemands manifestaient à Berlin contre la politique environnementale, tandis que pour la deuxième journée consécutive, les tracteurs bloquaient ce mercredi la ville de Dublin. Parmi les revendications des agriculteurs irlandais figure au premier chef une action sur le prix du bœuf.

En France, les agriculteurs visent à exprimer leur désarroi face aux difficultés économiques qui s’accumulent, et à la défiance d’une partie des citoyens.

« Notre principale revendication porte sur la compétitivité des exploitations agricoles et donc sur la construction du prix de nos produits, alors que débutent les discussions commerciales avec les centrales d’achat de la grande distribution », a déclaré Guillaume Tailland, le directeur de la FDSEA de la Loire, présent sur le blocage de Givors, près de Lyon.

Soutien de Didier Guillaume

« Je soutiens la colère des agriculteurs et cette manifestation, il y en a assez de ce dénigrement », a assuré le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, mercredi matin au micro d’Europe 1.

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Mathieu Garnotel, qui exploite 130 hectares dans la Marne, est venu avec une vingtaine d’autres agriculteurs rejoindre les convois parisiens, mercredi matin à Coutevroult, près du péage sur l’A4.

« Actuellement dans la Marne, un exploitant sur trois est à zéro ou en déficit, et l’année précédente nos revenus avaient baissé de 75% par rapport à la moyenne 2010-2014, à cause de la chute des prix, de la suppression des quotas [sucriers, NDLR] et de l’augmentation des charges (matériel et intrants plus chers, augmentation de la redevance pour pollution diffuse et de la taxe sur l’azote), on est pris dans un effet ciseau », explique-t-il.

« Là, il faut que ça paye »

La Loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.

Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.

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« Cette loi n’a pas assez porté ses fruits parce que la meilleure répartition de la valeur n’a pas eu lieu », a reconnu le ministre de l’Agriculture.

« Nous sommes à mi-parcours de cette expérimentation. La loi prend réellement effet maintenant. L’année dernière c’était l’année zéro, les négociations commerciales avaient eu lieu sans que la loi porte ses fruits. Mais aujourd’hui, c’est le début de nouvelles discussions, et là, il faut que ça paye », a-t-il ajouté.

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