« J'ai eu la chance d'exercer d'importantes responsabilités. Si cette expérience peut être utile à l'avenir, d'une manière ou d'une autre, je ne me déroberai pas », affirmait Alain Juppé dans un entretien au Monde, il y a un an. Autrement dit, s'il a une opportunité de devenir président de la République, il la saisira. Depuis, le message n'a pas varié : l'ex-premier ministre se pose toujours en recours de l'UMP, sans s'être prononcé sur sa candidature pour 2017. Il « regarde l'évolution des choses » avant de se déterminer en fonction du « contexte politique ».
Une « évolution » s'est justement produite à droite à l'issue des municipales : le chiraquien monte en puissance depuis sa réélection triomphale à Bordeaux dès le premier tour avec près de 61 % des voix. Il se voit renforcé précisément au moment où des nuages judiciaires viennent assombrir le ciel de Nicolas Sarkozy qui reste le favori des militants. Traqué par les juges, l'ex-président est contraint de subir une série d'affaires (Buisson, écoutes) le concernant quand l'autre enregistre une hausse continue de sa popularité.
Massivement rejeté lors de son passage à Matignon de 1995 à 1997, l'ex-premier ministre est désormais considéré comme la personnalité préférée des Français. Celui que Chirac surnommait « le meilleur d'entre nous » apparaît donc plus que jamais en embuscade derrière Nicolas Sarkozy, avec les sondages comme arme de persuasion massive.
SEMER LE DOUTE
Vendredi 4 avril, petit événement : M. Juppé devance pour la première fois l'ex-président dans un sondage CSA pour Les Echos et Radio Classique mesurant leurs opinions favorables. Il porte sur le seul indicateur qui vaille au pays des présidentiables de l'UMP : les sympathisants de droite, ceux-là mêmes qui seront amenés à les départager lors de la primaire de 2016, ou en dehors, dans les enquêtes d'opinions. Les soutiens de M. Juppé espèrent que cette étude est la première d'une longue série qui présenterait in fine leur candidat comme le mieux placé pour faire gagner son camp en 2017. De quoi, selon eux, semer le doute sur les chances de victoire de M. Sarkozy et amener les électeurs de droite à se reporter sur l'alternative Juppé.
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