Parodie de l'affiche du film J'accuse de Polanski Dreyfus Jewpop

Les 15 "Dreyfus" auxquels vous avez échappé

18 minutes de lecture
N’étant pas du genre à éviter un débat d’actualité ou à me dérober devant une bonne dispute, je décide, tel un couple macroniste se jetant dans la mêlée pour arracher le dernier chapon truffé du marché bio, de donner mon avis sur le sujet du moment. Je ressens de toute part le cri sourd qui émane des réseaux. L’opinion m’appelle et réclame mon avis. Qui suis-je pour ne pas répondre ? Voilà.

Alors on me dit : « Rémi que faut-il penser du « J’accuse » de Roman Polanski ? Faut-il le voir au risque d’être traité de violeur ou ne pas le voir au risque d’être regardé comme un fasciste ? On dit que ce Polanski a pris de grandes libertés… euh, entre autre avec certains éléments historiques. Alors, faut-il jeter le Rosemary’s Baby avec l’eau du bain ? Éclaire-nous Rémi. » N’ayant pas vu le film, je peux tenter malgré tout d’ordonner les idées des uns et des autres en reformulant ainsi la question. Et si la chose était moins de savoir ce que l’on peut penser du film que de connaître les films sur Dreyfus auxquels on a échappé ? Imaginons plutôt.

Parodie de l'affiche du film J'accuse de Polanski Dreyfus Jewpop

DREYFUS UNCHAINED

Réalisation : Quentin Tarantino
Dreyfus : Brad Pitt
Synopsis : Dreyfus a appris le kung-fu et l’usage des poisons chelous à l’île du Diable et revient défoncer de la hiérarchie militaire façon Charles Bronson sous amphètes… « My Man Zola les bons tuyaux » est là pour lui fournir des armes incroyables comme dans un vieux James Bond. La scène finale est spectaculaire, avec Dreyfus qui passe toute l’École militaire au lance-flammes sur une musique de Abba. Déjà culte !

DREYFUS DE BERGERAC

Réalisation : Josée Dayan
Dreyfus : Gérard Depardieu
Synopsis : Le capitaine Dreyfus est faussement accusé alors qu’il est en train de dévorer une bonne poularde au restaurant. Jeté dans un cachot, il passe le temps en dévorant le pain noir de toute la prison. Pendant son jugement il dévore de rage tout un code civil. Déchu de ses titres on lui fait manger ses galons dans la cour des Invalides. Arrivé en Guyane le capitaine Dreyfus s’acclimate à la nourriture locale. Scène finale : il dévore un crocodile rôti. (Un deuxième film est à suivre car la vengeance est un plat qui se mange froid.)

FAIS PAS TA NIAISEUSE D.

Réalisation : Xavier Dolan
Dreyfus : Jean-Marc Grand-Castor
Synopsis : Le bateau qui amène le capitaine Dreyfus en Guyane est dérouté vers Montréal et le soldat déchu découvre la vie interlope du quartier du port. Un jour qu’il partage une bonne poutine avec un ami, il se lance dans une grande tirade sur sa mère. « Caliss de Criss’ c’est t’y des manières de cancaner sur son boy lààà… » Un intense moment d’émotion dont nos certitudes ne sortiront pas indemnes. Le film d’un génie prodige et précoce. Durée 5 heures.

BIENVENUE CHEZ LES CRÉOLES

Réalisation : Dany Boon
Dreyfus : Kad Merad
Synopsis : À la suite d’une restructuration non souhaitée, le capitaine Dreyfus est muté en Guyane. Quand il arrive il pleut et sa Citroën Saxo s’embourbe dans une mangrove. Ahaha. Un Guyanais sympathique l’héberge chez lui et lui fera découvrir les traditions bien typiques de la jungle. Le brave guyanais a un accent très rigolo. Hohoho. Et il mange des trucs qui sentent des pieds. Hihihi. Au final une bien belle région pleine de copains. Ahaha. À noter la participation exceptionnelle de Christiane Taubira dans le rôle d’une postière de la jungle. À mourir de rire.

LA CAPITAINE DREYFUS.E ET LE JARDINIER

Réalisation : Pascale Ferran
Dreyfuse : Léa Seydoux
Synopsis : Déroutant les critiques phallocrates, la réalisatrice choisit d’inverser la perspective et de s’intéresser à la femme du capitaine. Celle-ci, enfin délivrée de la tutelle de son militaire de mari, redécouvre l’amour avec un jardinier. Mais un jour c’est le drame. Alors qu’elle fait tranquillement l’amour dans une flaque, une terrible nouvelle arrive : son tortionnaire de mari est innocenté et il revient. Comment survivre à ce malheur et obtenir enfin le droit de vote ? Un film comme un cri.

BEUH BLANC ROUGE

Réalisation : Matthieu Kassovitz
Dreyfus : Vincent Cassel
Synopsis : Le film commence sur l’île du Diable après la déportation du Capitaine Dreyfus. Celui-ci découvre une plante miraculeuse qui s’acclimate très bien au climat local. Il en plante tout un champ et baptise sa production « la skunk du diable »…
Note de la production : le tournage s’est arrêté au troisième jour car le réalisateur et l’acteur principal ont fumé tout le décor.

LA VÉRITÉ SUR « EUX »

Réalisation : Dieudonné Mbala Mbala
Dreyfus : « N’importe quel sale cafard fera l’affaire »
Synopsis : Le capitaine Dreyfus se frotte les mains sur le bateau qui l’amène en Guyane. Tout l’équipage appartient à sa communauté et l’occasion s’offre enfin à lui de rétablir la traite négrière. Faisant fortune avec le bois d’ébène d’Amazonie, il investit son or dans la finance internationale. Quelques années plus tard, ses descendants aux nez crochus fonderont la société Amazon (comme par hasard) et domineront le monde. Une production « Tu vois ce que je veux dire… »

J’ASSURE…. LA PARODIE XXX

Réalisation : Marc Dorcel
Dreyfus : Rocco Siffredi
Synopsis : Le capitaine Dreyfus est accusé par un mari jaloux qui le surprend en train d’aider innocemment sa femme à réparer un évier. Déporté sur « l’île des diablesses », il s’acclimate tant bien que mal aux pratiques locales. Après avoir comblé de toutes les façons des geôlières qui n’ont pas froid aux yeux sous ce climat tropical, il demande « On dit merci qui ? » avant d’être enfin relâché. Revenu en métropole il passe un CAP de plombier-chauffagiste et se lance alors dans la réparation en série de grosses chaudières.

LA JUNGLE DIVINE

Réalisation : Bruno Dumont
Dreyfus : Un acteur amateur de Roubaix
Synopsis : Dans sa cellule, le capitaine Dreyfus se prend d’amitié avec un lépreux dont il panse les plaies. La caméra s’attarde longuement sur les moignons. Arrivé dans la jungle, il se prend d’amitié pour le fils du gardien, un jeune métis simplet affublé d’un magnifique bec-de-lièvre, qu’il regarde tendrement manger de la purée de goyave. Très long plan séquence sur la bouche de l’enfant mangeant des goyaves. De retour à Paris, il trouve sa place parmi une bande d’amis blessés de guerre à la face, avec lesquels il joue à cache-cache. Tombé en extase devant le visage d’un syphilitique, il touche au caractère sacré de la jungle divine. Prévoir un sac.

SCÈNES DE LA VIE CARCÉRALE

Réalisation : Olivier Assayas
Dreyfus : Mathieu Amalric
Synopsis : Le film est un huis-clos qui se passe dans la cellule du Capitaine Dreyfus sur l’île du Diable. Dans l’obscurité, on entend le bruit incessant de gouttes d’eau qui chutent sur une tôle rouillée. Dreyfus retrace à haute voix les étapes de sa vie dans la pénombre torride de sa cage. Il rit, il hurle, il demande quand est-ce qu’on coupe ce plan séquence merde ça fait huit heures, il rit, il pleure. Il ne sait plus. Il se tourne vers son compagnon Papillon qui est allongé à côté de lui, pour découvrir que celui-ci est mort depuis le début du tournage. Alors il pleure, il hurle, il rit. Il ne sait plus.
Note : toute place pour ce magnifique hommage au cinéma d’Ingmar Bergman est vendue avec une boite de Tranxene et une plaquette d’Efferalgan.

DREYFUS DEMAIN

Réalisation : Cyril Dion
Dreyfus : Mélanie Laurent avec une moustache.
Synopsis : Quelle chouette découverte pour notre capitaine en arrivant sur l’île du Diable. Certes le bagne n’est pas connecté en wifi mais ce temps pour soi est aussi l’occasion de renouer avec les vraies valeurs. Concassage ludique de cailloux en pierre naturelle, travail sous le soleil à l’éco-potager durable et bio, balade coopérative pour aller puiser l’eau au « puisard des charognes », autant d’occasions de découvrir la biodiversité venimeuse de la forêt. Si l’on est mordu, l’infirmerie nous soigne avec des plantes locales. Les prisonniers ne sont que rarement guéris, mais ils meurent avec la satisfaction de savoir que leur corps sera intégralement composté. C’est avec des petites utopies comme celle-là (et les livres de Pierre Rabhi) qu’on va changer la société, se dit Dreyfus. Une bouffée d’espoir.

LES BAGNARDS

Réalisation : Fabien Onteniente
Dreyfus : Kev Adams
Synopsis : Renvoyé du lycée à 40 ans et laissé dans la dèche par son daron le général, Kev Dreyfus se fait marrave dans un plan foireux. Victime d’une poucave bien planquée, il est envoyé dans un CEF en Guyane, Martinique j’sais pas là. Avec ses nouveaux soc’ de zonzon il va mettre la misère aux gardiens qui cassent bien les couilles leurs mères. En mode ballek, ils retournent le truc et se font virer direct. Tkt à la fin, il les calme en mode ouais vous faites moins les chauds là l’armée et tout. Un plaidoyer pour l’inventivité des jeunes et le renouveau de la langue française. Kev Adams ne change pas. Lol.

DREYFUS DES COLLINES

Réalisation : Robert Guédiguian
Dreyfus : Gérard Meylan
Synopsis : Dans un bar de l’Estaque, tout le monde attend les lettres de Alfredeuh, le minot des collines qui a eu des misères avé ces bô messieurs de Paris. On l’a envoyé sur un îlet encore plus loin que le Friouleuh. Pécaïre, lui qui aimait tant chasser la galinette sur le Garlaban avé Mado (Ariane Ascaride), une adolescente bien fraîcheuh. Mais c’est bieng la politique tiens ! C’est toujours en haut qu’on écrase les pauvres bougres et c’est toujours les mêmeuh qui se gaveuh pendant que nous on peine à acheter les glaçons pour l’anisette. La lettre arrive enfin et bonne nouvelle : Alfredeuh a réussi à apprendre les boules aux indigènes. Avé des noix de cocos peuchère ! Ah Mado, ne pleure pas fatch de cong… Entrée gratuite sur présentation d’une carte F.O.

LES DOUZE TRAVAUX (d’intérêt général) D’ALFRED

Réalisation : Alain Chabat
Dreyfus : Jamel Debbouze
Synopsis : Parce qu’il n’a pas réussi à faire ses lacets à temps pour la revue militaire, le capitaine Dreyfus est envoyé en TIG à l’île du Sheitan sur la base nautique de Trappes. Il devra réaliser douze travaux impossibles comme traverser son quartier d’enfance avec l’équipe de Canal + ou bien chouffer à l’ancienne dans sa nouvelle chemise de chez Dior. Au maître-nageur (Elie Semoun) qui lui demande s’il veut un coup de main, il répond « vous ne voulez pas un whisky d’abord ? ». Voyant que la blague recyclée fait un bide, il revend son stock de vannes à la société « Gad Elmaleh recyclage » et s’en va pépouze faire du jet ski avec le roi du Maroc. En avant-première aux « Marrakech du rire ».

TOUT SUR ALFRED

Réalisation : Pedro Almodovar
Dreyfus : Antonio Banderas
Synopsis : Le bel Alfred est dégradé dans son uniforme rouge. On piétine ses galons qui brillent en claquant des talons très fort et en frappant les mains en rythme à côté des oreilles. Au loin, une femme fait une crise de nerfs en découpant un jambon Serrano devant un feu d’artifice. Déporté dans un bateau jaune à la voile bleue, il arrive dans la jungle et dans une prison où on lui donne un uniforme violet en haut et blanc immaculé en bas. La chemisette est étroite et Dreyfus a chaud. La sueur coule sur ses poils et l’on aperçoit à travers l’échancrure son étoile d’or qui luit sur sa poitrine puissante et moutonneuse. Caliente. Dans la prison, on prépare une comédie musicale. On crie et l’on parle fort. Dans un coin, l’infirmière du camp recueille les confidences. Elle va en apprendre des secrets. Tout sur Alfred. Des images éblouissantes et des couleurs qui réchauffent.Venez à la projection avec vos lunettes de soleil.

Au final, la conclusion s’impose. Il faut absolument aller voir le « J’accuse » de Roman Polanski… ou pas. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’on aurait pu voir (ou pas) bien pire.

Rémi Ferrand

Texte publié sur la page Facebook de l’auteur, reproduit avec son aimable autorisation.

© visuel :  DR

Article publié le 25 novembre 2019, tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Rémi Ferrand / Jewpop

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