Yvonne, épisode 1, "La fin des paysans"

Yvonne Abgrall, 95 ans, avec la coupe la récompensant pour l’excellence de son beurre fermier. ©Radio France - Charlotte Perry
Yvonne Abgrall, 95 ans, avec la coupe la récompensant pour l’excellence de son beurre fermier. ©Radio France - Charlotte Perry
Yvonne Abgrall, 95 ans, avec la coupe la récompensant pour l’excellence de son beurre fermier. ©Radio France - Charlotte Perry
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A 95 ans, Yvonne a toujours vécu là où elle est née, sur la ferme de ses parents, la dernière de ce coin du Pays d’Auge. Et au village, tout le monde connaît Yvonne car elle faisait le meilleur beurre de la région. Aujourd'hui, les chevaux remplacent les vaches dans les prés à mesure que le monde paysan disparaît.

Yvonne est née en 1924 à Ouilly le Vicomte. Ses parents, arrivés de Bretagne pour fuir la misère, n’ont "jamais vendu un litre de lait aux industriels" et se sont toujours bien gardés de faire des emprunts. Ils se sont fait une clientèle pendant la guerre, quand les gens des villes allaient à la campagne pour chercher de quoi manger. Une clientèle qui leur est restée fidèle car chez les Abrgrall, on élevait les truies naturellement et on faisait du beurre, réputé le meilleur de la région. Après la mort de ses parents, Yvonne, qui ne s’est jamais mariée, a continué à faire de l’agriculture naturelle, comme elle l’a toujours fait.

Yvonne Abgrall, chez elle, à Norolles.
Yvonne Abgrall, chez elle, à Norolles.
© Radio France - Charlotte Perry

En 1989, Yvonne a pris sa retraite. Elle est restée sur sa ferme, la dernière restée intacte avec les bâtiments entre Deauville et Lisieux. Au fur et à mesure des départs à la retraite, les autres fermes ont été vendues comme maisons d'habitation et les terres sont restées incultes. 

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Ils n'ont qu'à exterminer les 450 000 agriculteurs qui restent, comme ça on en parlera plus

La ferme d’Yvonne est la dernière de ce coin du Pays d’Auge
La ferme d’Yvonne est la dernière de ce coin du Pays d’Auge
© Radio France - Charlotte Perry

Yvonne en est persuadée, c’est la fin de l'agriculture française. Les normes européennes et les industriels auront bientôt raison des petits paysans, qui ne représentent plus que 2% de la population. Ce qui ne pèse pas lourd dans les urnes.

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