Depuis leur expulsion, ce couple et ses enfants vivent dans les bois de Savigny-sur-Orge

Une famille historique de la commune, dont les enfants sont scolarisés ou travaillent à Savigny, se trouve en situation d’urgence. Un élu d’opposition compte alerter ce jeudi le conseil municipal sur la situation.

 Savigny-sur-Orge, ce mardi 26 novembre 2019. Marie-Josée et Michel vivent sous cette tente avec une partie de leurs enfants depuis l’expulsion de leur logement en 2017.
Savigny-sur-Orge, ce mardi 26 novembre 2019. Marie-Josée et Michel vivent sous cette tente avec une partie de leurs enfants depuis l’expulsion de leur logement en 2017. LP/Bartolomé Simon

    Ses chapeaux à plume sont fait-maison. « J'en ai ramassé quelques-unes dans les bois, puis les ai collées entre elles avec de la glu, explique Michel. Il faut bien s'occuper. » Depuis ce maudit mois d'avril 2017, où sa famille a été expulsée de leur logement de Savigny-sur-Orge (Essonne), Michel vit dans les bois. À ses côtés, sa femme, Marie-Josée, et quatre de leurs six enfants.

    Ils ont donc élu domicile dans un recoin du Parc des Châteaux, à deux pas de l'Orge. « En zone inondable », précise Michel. Ce mardi matin, il faut parcourir un chemin boueux pour parvenir à leur antre. Soit une bâche assez large, fixée par des cordelettes et des bâtons, sous laquelle dort le couple. « Deux de nos enfants, âgés de 20 et 24 ans, dorment dans la tente d'à côté, et nos deux derniers (NDLR : âgés de 8 et 13 ans) sont hébergés de temps à autre chez une amie », poursuit Michel.

    Assis dans leur salon improvisé, Michel et Marie-Josée retracent l'engrenage fatal qui a changé leur vie. Arrivés à Savigny en 1996, ils emménagent dans un petit studio. Ils connaissent diverses adresses, dans la cité de Grand-Vaux, puis rue Parmentier. « Ce logement était insalubre : les prises gelaient l'hiver, les fenêtres étaient cassées… et on payait un loyer surévalué, développe Michel. C'était un marchand de sommeil. »

    Marie-Josée et Michel vivent sous ces tentes avec une partie de leurs enfants depuis l’expulsion de leur logement en 2017./LP/B.S
    Marie-Josée et Michel vivent sous ces tentes avec une partie de leurs enfants depuis l’expulsion de leur logement en 2017./LP/B.S LP/Bartolomé Simon

    Jusqu'à l'expulsion pour loyers impayés. Commence alors une longue errance dans différents parcs du département. « On est passés par celui du Port-aux-Cerises à Draveil, puis celui du Château, côté Morsang. On dort côté Savigny depuis sept mois », déroule Marie-Josée. Dans leur cahute, le sol est jonché de copeaux de bois, pour éviter la boue. Pablo, leur petit chien agité, est niché dans son fauteuil.

    « Pour faire nos besoins, on se rend parfois au Carrefour », confie Michel. Certains voisins leur apportent de la nourriture, des bâches ou de quoi s'habiller. « Quelqu'un nous apporte le café tous les matins », se réjouit-il. Un poêle à bois chauffe tant bien que mal la tente le soir. « La nuit, il fait 3 degrés, note Michel. Ce sont juste les premières fraîcheurs, le pire est à venir. »

    Un élu veut mettre un pavillon de la ville à disposition

    Aujourd'hui, le couple se sent abandonné par les autorités publiques. Et notamment la mairie de Savigny, où leurs enfants ont effectué toute leur scolarité. Ils sont actuellement suivis par la Maison des Solidarités de Juvisy et la Direction départementale de la cohésion sociale d'Evry-Courcouronnes.

    Bernard Blanchaud, élu d'opposition (Nouvel élan pour Savigny) et candidat aux futures élections municipales, souhaite mettre à disposition un pavillon tout juste acheté par la ville, situé rue de la Liberté. « Un bail précaire permettrait de loger cette famille pendant l'hiver », propose-t-il.

    Contactée, la mairie de Savigny indique qu'une telle réquisition nécessite « une qualification juridique » et ne peut se réaliser du jour au lendemain. « En cas de situation d'extrême urgence, comme des incendies ou des cataclysmes, nous disposons d'une convention avec des hôtels sociaux, précise la municipalité. Dès qu'il en a été informé en septembre, notre CCAS a prévenu la cellule départementale compétente en matière de travail social auprès des familles. Cette compétence n'est pas communale. »

    Il y a quelques semaines, les dettes de la famille ont été épongées. Mais sans revenus fixes, impossible d'obtenir un logement. « J'ai été déménageur, jardinier, mais je n'ai jamais eu de travail fixe », indique Michel. Idem pour Marie-Josée, qui n'a connu que « le conditionnement en usine ». « Vous me voyez demander un travail alors que je prends une douche par semaine ? » demande Michel.