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« Ce que la tête n’a pas retenu, le corps l’a fait » : dans l’affaire du chirurgien pédophile, le vertige des victimes

Trois personnes ont témoigné devant la presse, des années après avoir été opérées par le chirurgien pédophile suspecté de près de 200 agressions sexuelles ou viols.

Par  et

Publié le 27 novembre 2019 à 13h22, modifié le 27 novembre 2019 à 13h41

Temps de Lecture 3 min.

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L’avocate de plusieurs plaignants Francesca Satta, entourée de M. et Mme Vinet, grands-parents d’une potentielle victime du chirurgien, à Paris, le 26 novembre.

En voyant des gendarmes garés devant chez elle, Marie s’inquiète : qu’est-ce qu’elle a pu faire pour mériter une telle visite ? Elle s’étonne quand les enquêteurs lui annoncent qu’elle aurait été victime de pédophilie. Elle s’entend leur demander : « J’ai été attouchée ? » « Non, madame, violée. » Le mot la frappe de plein fouet. « Je n’arrivais pas à me l’attribuer. C’est comme le cancer, ça n’arrive qu’aux autres. » Marie, 33 ans, mère de famille et vendeuse, a beau chercher : sa mémoire est vide. Et vient le plus dur : « Comment j’ai pu oublier ça ? »

C’est sur ce vertige, précisément, que repose aujourd’hui en partie l’affaire Joël Le Scouarnec. Ce chirurgien avait une première fois été mis en examen en 2017, dénoncé par sa petite voisine de 6 ans. Quatre enfants – dont deux nièces – sont concernés dans ce volet du dossier. « Ici, on parle bien de faits », dit Thibaut Kurzawa, l’avocat de M. Le Scouarnec, faits qui seront d’ailleurs jugés devant les assises de Saintes (Charente-Maritime) en mars 2020.

Mais l’affaire a pris une dimension nouvelle avec la découverte, en 2017, des carnets intimes du médecin, 69 ans aujourd’hui, dans sa maison de Jonzac (Charente-Maritime), débouchant sur une seconde enquête. Dans ces écrits, il détaille par le menu des abus sexuels sur de jeunes patients dans les hôpitaux où il a exercé entre 1992 et 2017. Depuis, 184 d’entre eux ont porté plainte pour viols et agressions sexuelles, selon le parquet de La Rochelle.

Des « fantasmes »

« Il ne conteste pas être l’auteur de ces écrits, reprend Me Kurzawa. Sa déviance sexuelle envers les mineurs, il l’assume à 300 %. Il reconnaît un comportement déplacé, délictuel envers des patients, mais pas de pénétration sexuelle. Sa position actuelle est de dire que ses écrits sont des fantasmes. » Alors que ce second volet est encore au stade de l’enquête préliminaire, une joute se tenait non devant la justice, mais devant les médias.

Mardi 26 novembre, Francesca Satta, avocate d’une dizaine d’ex-petits malades (dont cinq portent plainte), a organisé une conférence de presse, à Paris. Fantasmes pour le médecin, réalité pour les anciens patients, mais avec des mémoires fragiles et surplombées par un interminable silence : tout paraît en place pour que la machine judiciaire s’égare.

Les enquêteurs lui expliquent que son nom, son prénom, son adresse figurent pourtant dans « les carnets noirs » du chirurgien

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