En réaction au constat des scientifiques selon lequel fumer était cancérigène, l’industrie du tabac a popularisé, dans les années 1950, la cigarette à filtre. “Fatale illusion”, titre Der Spiegel : non seulement le filtre ne retient pas les substances toxiques de la cigarette, mais en plus il pollue gravement l’environnement.

Interdire les filtres

“Les filtres de cigarette sont un instrument de marketing sans aucune utilité pour la santé”, affirme Thomas Novotny, de l’université d’État de San Diego dans un récent article paru dans le British Medical Journal. L’épidémiologiste en prône donc l’interdiction, et ce d’autant plus que, selon les services de la santé publique des États-Unis, les filtres deviennent de plus en plus dangereux.

À ce danger pour la santé des hommes s’ajoute le fait que les deux tiers des plus de 4 000 milliards de mégots jetés chaque année atterrissent, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans les rues et autres espaces publics.

Durcir les amendes

Face à cette plaie, de nombreuses villes durcissent les sanctions financières, relate le magazine allemand : qui jette son mégot par terre à Cologne, Hambourg ou Munich paie depuis septembre entre 50 et 55 euros, et plus de 100 euros à Stuttgart. À Bruxelles, il paiera 200 euros à partir de janvier, pour ne pas parler de Lisbonne, où l’amende peut grimper jusqu’à 250 euros – ce qui reste deux fois moins cher qu’à Calgary, au Canada.

À San Francisco, où les mégots représentent un quart des déchets balayés dans les rues, la ville prélève une taxe de 60 cents par paquet de cigarettes vendu pour en assurer l’élimination – ce qui lui permet d’engranger plusieurs millions de dollars par an. Mais le cas reste isolé, souligne Der Spiegel : le reste du monde ne parvient à responsabiliser ni les fabricants ni les consommateurs : l’Union européenne, par exemple, a certes décidé de limiter les couverts et autres pailles en plastique dès 2021, mais “les filtres de cigarette en sont exclus, alors qu’ils ne sont d’aucune utilité”.

À moins que, comme le fait la société américaine TerraCycle, ils trouvent enfin un intérêt : recyclés en plastique dur, ils peuvent “se transformer en palettes à usage industriel – ou en cendriers”, relate Der Spiegel.