Publié le 07 avril 2014 à 12h25, modifié le 07 avril 2014 à 15h23
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« Les chiffres sont ahurissants », a prévenu V. S. Sampath, le directeur de la commission électorale indienne lors d'une conférence de presse en mars. Les trente-sept jours que durera le scrutin vont mobiliser 11 millions de personnes, dont des instituteurs et les forces de l'ordre, dans plus de 930 000 bureaux de vote.
Les machines à voter électroniques vont être acheminées à dos d'âne, par bateau et par hélicoptère dans les contrées les plus reculées. Le vote aura lieu « à une altitude comprise entre le niveau de la mer et 4 800 mètres, et à une température comprise entre -10 °C et +48 °C », a ajouté HS Brahma, l'un des responsables de la commission électorale. Pour exemple, en 2009, il avait fallu quatre jours de marche pour apporter le matériel électoral aux 37 électeurs qui habitaient dans une région isolée aux confins du Cachemire. Les résultats avaient ensuite été communiqués par téléphone satellite.
Ces élections, qui s'étalent sur cinq semaines, seront également les plus longues au monde. Des salles sécurisées seront aménagées pour abriter les machines de votes électroniques, en attendant le dépouillement du 16 mai. Chaque salle forte ne pourra comporter qu'une seule porte d'entrée, gardée par la police, devant laquelle seront installées des tentes où les représentants de chaque parti pourront surveiller les allées et venues. Le scrutin sera également placé sous la protection de l'armée, notamment dans les zones contrôlées par la rébellion naxalite.
L'autre mission, sans doute la plus délicate, de la commission électorale consiste à contrôler les frais de campagne. En principe, ceux-ci ne peuvent pas dépasser 7 millions de roupies, soit 85 000 euros. Ils sont en réalité bien supérieurs et l'argent ne sert pas qu'à acheter des tracts ou des affiches de campagne. Les candidats distribuent généreusement des chèvres, parfois des médicaments et beaucoup d'alcool, en toute illégalité.
Cette année, la commission électorale va donc contrôler la production, le stockage et la distribution d'alcool pendant la durée des élections. Elle veillera également à enrayer l'épidémie des « informations payées ». Au Maharashtra, des journalistes s'étaient par exemple déplacés en compagnie d'agents commerciaux pour couvrir les meetings électoraux. L'un pour poser les questions au candidat et l'autre pour empocher l'argent contre la diffusion ou la publication de l'interview. En février, une chaîne de télévision a révélé que des Instituts de sondage acceptaient de modifier leurs estimations de vote contre rémunération.
Une grande partie de l'argent dépensé pendant la campagne échappe à la comptabilité officielle et circule en liquide ou sous forme de lingots d'or dans le pays. La commission électorale a formé des brigades mobiles chargées de fouiller les véhicules pouvant cacher de l'argent. Elle a aussi prévenu que les « VIP » seraient fouillés aux aéroports. Comme l'expliquent Rajeev Gowda et Eswaran Sridharan dans un article publié par la revue Election Law Journal, « les candidats les plus riches ont de meilleures chance de remporter les élections ». Certains partis politiques préfèrent nommer des candidats capables d'investir des sommes importantes dans leur campagne, favorisant par là même les « entrepreneurs politiques », à savoir des hommes d'affaires qui décident d'investir de l'argent en politique pour défendre leurs propres intérêts ou en retirer des profits sous forme de pots-de-vin s'ils sont élus.