Malte: le meurtre d'une journaliste ébranle le gouvernement, le Premier ministre poussé vers la sortie

L’investigation sur le meurtre de la journaliste Daphne Caruana ébranle le gouvernement.

M.U. (Avec AFP)
Malte: le meurtre d'une journaliste ébranle le gouvernement, le Premier ministre poussé vers la sortie
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L’investigation sur le meurtre de la journaliste Daphne Caruana ébranle le gouvernement. Alors que les manifestations se succèdent à Malte, le Premier ministre Joseph Muscat s’apprêterait à démissionner vendredi, selon le journal Times of Malta. À l’heure d’écrire ces lignes, aucune annonce officielle n’avait confirmé ces informations. Mais le chef du gouvernement fait l’objet de pressions de la société civile, étant accusé par la famille de la journaliste Daphne Caruana Galizia d’être intervenu dans l’enquête sur son assassinat en protégeant son chef de cabinet - qui a démissionné - et en refusant de gracier un homme d’affaires, en échange d’informations sur le meurtre.

"Nous demandons au Premier ministre de céder sa place à un adjoint ne présentant pas de conflit d’intérêts", a déclaré la famille de la journaliste d’investigation, tuée dans l’explosion de sa voiture piégée en 2017. Daphne Caruana Galizia avait découvert des documents attestant que des sociétés panaméennes appartenant à Konrad Mizzi, alors ministre de l’Énergie, et au chef de cabinet de M. Muscat, Keith Schembri, avaient reçu 2 millions d’euros d’une société de Dubaï pour des services inconnus.

Ce scandale a poussé trois hauts responsables à quitter leurs fonctions cette semaine : M. Schembri, M. Mizzi et le ministre de l’Économie, Chris Cardona, qui s’est "suspendu lui-même".

Le principal suspect en liberté

Dans la nuit de jeudi à vendredi, M. Muscat a annoncé, après un conseil des ministres agité qui a duré plus de six heures, le rejet d’une mesure d’immunité pour Yorgen Fenech, un homme d’affaires suspecté d’être impliqué dans le meurtre de Daphne Caruana Galizia, en échange d’informations. M. Fenech, copropriétaire du groupe Tumas, actif dans l’hôtellerie, l’automobile et l’énergie, est considéré par la famille de la journaliste comme l’un des commanditaires de l’assassinat. Selon un intermédiaire, chauffeur de taxi et usurier, gracié en échange d’informations, les trois meurtriers de Mme Caruana Galizia avaient reçu 150 000 euros pour la tuer. Mais M. Fenech a désigné M. Schembri comme le vrai "commanditaire" du meurtre, d’après des sources policières. Celui-ci a cependant été remis en liberté jeudi. De quoi attiser la colère des citoyens, qui ne cesse de grandir depuis l’arrestation spectaculaire de Fenech, le 20 novembre, alors qu’il fuyait l’archipel. Une manifestation, la sixième en deux semaines, s’est déroulée vendredi pour réclamer la démission de M. Muscat, alors que le pays sombre dans le chaos.

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