Dans le Lot, la colère d'une habitante : «Ils ont tué un cerf dans mon jardin, ce monde est fou !»

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  • Odile Calvet désigne ici, dans sa propriété, l’endroit très précis où gisait le cerf abattu.
    Odile Calvet désigne ici, dans sa propriété, l’endroit très précis où gisait le cerf abattu. DDM, Jean-Luc Garcia
Publié le , mis à jour

l'essentiel Une habitante d’Espère a déposé plainte contre l’association de chasse de sa commune après avoir assisté à la mort d’un cerf dans son propre jardin. Une balle a sifflé tout près de la maison de cette assistante familiale qui s’occupe de plusieurs enfants, dont un petit de 4 ans. Récit. 

Il y a des couplets qui résonnent aussi fort que des coups de poing dans certaines chansons, comme « Tirez sur la bête libre, tirez à volonté ». C’est en résumé ce que déplore et dénonce sans détour Odile Calvet, une habitante d’Espère dans le Lot. Elle vit rue du Souleilhou, dans le vieux bourg de la commune.

Elle ne mâche en effet pas ses mots face à une situation pour laquelle sa colère est vive contre des chasseurs lotois. « Mais où va-t-on ? Ils ont tué un cerf dans mon jardin clôturé à 20 mètres de ma terrasse. Ce monde est fou ! Je ne vais pas en rester là, c’est aberrant ! » lance-t-elle en relayant son signal d’alarme sur les réseaux sociaux.

« Elle s’est également tournée vers la justice dans l’objectif de porter l’affaire devant le tribunal correctionnel de Cahors. Ma plainte a d’abord été refusée lundi où l’on m’a conseillé de m’adresser plutôt à l’Office national des forêts (ONF). Je suis retournée le lendemain au commissariat de Cahors en compagnie de Sabine Siccardi, présidente de l’association lotoise L’Espoir des 4 pattes qui me soutient dans mes démarches. Cette fois ma plainte a bien été enregistrée. J’ai même fourni des photos sur lesquelles on distingue les chasseurs sur mon terrain et devant ma maison » déclare-t-elle soulagée qu’une procédure puisse enfin être engagée.

Entre peur et stupeur

Odile Calvet revient aujourd’hui sur les faits à l’origine de sa peur, puis de sa plainte : « Tout s’est passé samedi, en début d’après-midi. J’ai entendu une déflagration. Je suis alors sortie dans mon jardin et j’ai vu un cerf qui agonisait au sol. Les chasseurs sont apparus avec deux chiens. L’un de ces hommes s’est empressé de me dire qu’ils avaient tiré à plus de 150 mètres de la maison. C’est faux ! Un cerf blessé à la cuisse, comme celui-ci, n’a pas pu s’enfuir jusqu’à ma maison et sauter par-dessus un muret. Il a été abattu dans mon jardin. Les photos démontrent beaucoup de choses. Elles montrent également que les chasseurs ont retiré cet animal de l’endroit où il gisait en le tirant et en abîmant ma clôture au passage. L’un de ces hommes m’a annoncé ensuite, par SMS, qu’il avait égorgé le cerf. Je prévoyais d’alerter les services vétérinaires pour abréger ses souffrances », relate-t-elle.

« Il est mort tout près de l’endroit où les enfants dont je m’occupe 7 jours sur 7 ont l’habitude de jouer. C’est à eux que j’ai pensés. Imaginez un instant si une balle avait atteint l’un des enfants », conclut-elle émue et décidée à aller au bout de la procédure lancée.

L'Espoir des 4 pattes se porte partie civile

Sabine Siccardi, présidente de l’association L’Espoir des 4 pattes, basée à Nuzéjouls et présente aux côtés d’Odile Calvet lors du dépôt de plainte, a décidé de se porter partie civile dans ce dossier. 

Sabine Siccardi, présidente de l'association L'Espoir des 4 pattes.
Sabine Siccardi, présidente de l'association L'Espoir des 4 pattes. Photo DR

« Les chasseurs n’ont pas le droit de tirer en direction des habitations. Il existe un plan et des lois précises qui régissent la chasse. Dans son état, le cerf ne pouvait pas sauter des clôtures et un muret. Les chasseurs sont revenus pour sortir l’animal de là. Ils ont enjambé les clôtures. Les photos prouvent bien tout cela. Ils sont conscients d’avoir commis plusieurs erreurs. Tout le monde s’expliquera sur cette affaire au tribunal », souligne-t-elle.

« La sécurité des populations et le respect de l'éthique » invoqués par les chasseurs

L'affaire est en train de prendre des proportions judiciaires et médiatiques que n’imaginaient pas les chasseurs concernés par ce dossier, ni l’habitante d’Espère qui a déposé la toute première plainte.

La première oui doit-on en effet écrire désormais, puisqu’elle a été suivie d’une autre démarche auprès des autorités. De la part des chasseurs cette fois.

Ce vendredi, Jean-Louis Delfau, président de l’Association de chasse communale agréée d’Espère (ACCA), s’est à son tour déplacé au commissariat de Cahors très remonté contre des internautes qui ont proféré « des menaces à l’encontre des chasseurs » précise-t-il.

Pour étayer ses propos, il comptait montrer aux policiers un message sans équivoque. « Quelqu’un a écrit (il ne s’agit pas d’Odile Calvet ) : Le mieux c’est de prendre des permis de chasse nous aussi. Si eux arrivent à l’avoir, nous aussi. Et puis on leur tire dessus. Ce type de menace est inacceptable » s’insurge Jean-Louis Delfau aux côtés d’Eric Dudicourt, président de la société de chasse de Mercuès, qui l’accompagnait. Le dossier s’envenime.

Sur les faits proprement dits, c’est-à-dire l’action de chasse très controversée de samedi, les deux hommes apportent leur version sans réfuter le terme d’incident, qu’ils emploient d’ailleurs pour évoquer la situation tendue avec Odile Calvet.

« Le jour de cet incident, nous avons organisé une battue sur la commune d’Espère où ce cervidé a été tiré. Il a d’abord été blessé par une balle au poumon et une autre à la cuisse. Suite à cela, nous avons effectué ce que nous appelons une recherche au sang, avec les chiens, pour retrouver l’animal blessé. Il commençait à foncer dans les grillages et donc à être dangereux pour les habitants. Une autre balle a été tirée pour l’achever » précise Jean-Louis Delfau.

La question clé : où a été tirée la dernière balle ?

« Nous avons agi pour la sécurité des populations et dans le respect de l’éthique de la chasse, afin de ne pas laisser souffrir l’animal. Je respecte les gens qui n’aiment pas la chasse, mais ils doivent s’interroger sur ce qu’il se serait passé si le cerf s’était introduit dans une propriété » insiste-t-il.

Justement, la dernière balle a-t-elle été tirée lorsque l’animal était dans le jardin d’Odile Calvet qui a craint pour les enfants qu’elle a sous sa responsabilité. C’est la question clé de ce dossier. « La deuxième balle a été tirée au-dessus des maisons. Nous ne savons pas ce que cette dame appelle son jardin. Il y a le terrain, sa maison, sa clôture et le bois au-dessus. Est-ce que ce terrain lui appartient ? Je l’ignore. Mais il est évident que l’animal est allé mourir au rez de chez elle » répond Jean-Louis Delfau.

Le regard du cerf mourant reste gravé dans la mémoire d’Odile Calvet. Les chasseurs avouent « comprendre son émotion. » Lorsque nous avons achevé ce cerf, il était déjà atteint par deux balles. Nous n’avons pas fait cela de gaîté de cœur. J’ai averti le maire d’Espère sur-le-champ et produit un rapport sur cet incident à l’intention de la Fédération de chasse du Lot et de la DDT (Direction départementale du territoire) » détaille le président de l’ACCA d’Espère.

L’affaire, très sensible, est désormais entre les mains de la justice. C’est elle qui tranchera.

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Les commentaires (132)
75000Paris Il y a 4 années Le 03/12/2019 à 23:37

les chasseurs et les juges du tribunal son complice il faut a tout prix etre severe avec les chasseurs qu ils font justice et du zel chez les gens

Natura2000 Il y a 4 années Le 05/12/2019 à 13:52

Votre pseudo transpire la connaissance du milieu cynégétique lol. Oui moi aussi je peux tomber dans les clichés :)

Natura2000 Il y a 4 années Le 03/12/2019 à 00:02

Patafiole : Avant de vous signaler en abus auprès de l'administrateur du forum, je vous rappelle juste que dans ce que vous écrivez il n'y a aucune légitime défense. Tirer comme vous voulez le faire sur des personnes est passible de la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat (et non meurtre) ne serais ce que par le fait que vous vous soyez exprimé sur ce forum en mentionnant votre intention de tuer les chasseurs.

Natura2000 Il y a 4 années Le 02/12/2019 à 23:56

Patafiole : Avant de vous signaler en abus auprès de l'administrateur du forum, je vous rappelle juste que dans ce que vous écrivez il n'y a aucune légitime défense. Tirer comme vous voulez le faire sur des personnes est passible de la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat (et non meurtre) ne serais ce que par le fait que vous vous soyez exprimé sur ce forum en mentionnant votre intention de tuer les chasseurs.